ain't never had a friend like me · w/flynn



 
-39%
Le deal à ne pas rater :
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
399 € 649 €
Voir le deal

Lyla Drysdale
anything you can do, I can do better
Lyla Drysdale
Date d'inscription : 11/04/2020
Messages : 326
avatar © : bruna marquezine · beckwith, tumblr
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : delilah, the genie of the lamp
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty


Sends shivers down my spine, body's aching all the time
Goodbye everybody, I've got to go
Gotta leave you all behind and face the truth
I don't want to die, I sometimes wish I'd never been born at all

@JULIAN CARLYLE · PRINCE FLYNN OF NIGHON


#wonderdjinn

Une visite inattendue que voilà, au moins pour le reste de la troupe qui se pressait autour d’un visage familier. Lyla ne s’était pas même levée pour Magda, trop concentrée qu’elle était à méditer sur tout ce qui se tramait autour d’eux et à l’absence d’avenir qui inquiétait. Aucun d’eux n’avait aperçu le maitre depuis ce qui sembla être une éternité, et apercevoir un visage du manoir de Flynn apporta au moins un baume, même si éphémère, sur toute l’angoisse que provoquait son silence. Oqitara tombait en ruines, pour ce que son géniteur se consolait de ce qu’elle savait être un chagrin dans le noir et le silence de ses quartiers, et si Lyla avait déployé des trésors d’ingéniosité pour colmater les fissures et peindre par-dessus les écailles, Oqitara se nourrissait de son maitre uniquement et sa magie n’était bonne qu’à mettre du sel sur ce fabuleux dessert. Magda raconta qu’elle n’osait plus pénétrer dans les quartiers de crainte de s’attirer le courroux du prince, alors elle était venue trouver Lyla au petit matin, les bras chargés d’un panier de fruits et d’intentions louables à l’égard de celui qu’elle avait vu grandir, quand bien même Flynn n’avait jamais fait grand cas de sa servante. Le reste de la troupe s’accorda avec elle sur la soupçonnée gravité de la situation, puisqu’ils s’attendaient tous à une célébration grandiose tant pour la fin du festival d’Oqitara que pour la chute du royaume des lumières. Magda raconta ensuite à Nigel, le diseur de bonne aventure, que Flynn restait à sa fenêtre. Qu’il ne touchait à aucune nourriture qu’elle apportait, ni ne daignait se retourner vers elle lorsqu’elle s’armait de courage et lui adressait quelques mots. Elle n’avait vu de lui que son dos, ce depuis voilà des semaines, et l’avait à peine entendu murmurer lorsque sa mère, la Reine, était venue lui rendre visite deux lunes plus tôt. Parfois il changeait de place et elle le trouvait derrière son bureau à prétendre une affaire urgente ; Lyla, loin d’être dupe, moqua dans son coin ce manque d’originalité. Elle le soupçonna d’avoir voulu dissimuler toute l’étendue de son chagrin à l’oeil pauvre des mortels et des magiciens ignares derrière une énième illusion. Ainsi l’on décida que le temps était venu. Oqitara trembla une dernière fois sous le poids de son départ et elle ordonna qu’on en quitte les murs immédiatement, au cas où ils ne supporteraient pas plus longtemps l’absence de Flynn, et son bricolage.

Effectivement. Magda poussa la porte pour elle et n’osa pas même laisser trainer un regard sur le grand homme qui se tenait à sa fenêtre. Elle s’en alla sur quelques murmures indistincts qui eurent au moins le mérite de faire sourciller une Lyla déterminée à ce que la mascarade tombe enfin. Flynn se tenait droit, les bras croisés le long de la colonne, le regard aussi aiguisé qu’une lame résolument rivé sur un extérieur qu’ils savaient tous fade, sans saveur, ni couleur. Un prince des grands jours auquel ils croyaient tous, mais dont Lyla n’aurait cure, pour ce qu’il s’agissait d’un faux et un de qualité pitoyable. Déjà, les défauts interpellaient.  Pas qu’elle ait beaucoup fréquenté les lieux, mais elle n’eut aucun mal à voir les livres mal rangés, les plantes fanées et connaissait assez Flynn pour être minutieux à ce point que même un lacet mal fait l’aurait d’ordinaire hautement perturbé.  Elle n’y avait rien de plus évocateur qu’une imperfection, même dérisoire, dans une illusion. Voilà le signe que Flynn lui-même ne survivait pas à sa propre magie, et en avait-il seulement la volonté ?    “ Ton lacet est défait, ”  commenta-t-elle, le ton aussi léger que le pas esquissé dans la direction de cet ersatz de Flynn, qui ressemblait à l’original, mais jamais assez pour troubler une magicienne des illusions comme elle.    “ Lève l’illusion,  ”  demanda-t-elle simplement, le ton badin et les yeux rivés sur les moulures du plafond où elle tenta de voir, là aussi, une frise mal exécutée. En l’absence de la moindre réaction, elle poussa un soupir à s’en fendre les poumons, d’ores et déjà irritée puisque certaine que Flynn ne céderait pas simplement aux sirènes de l’extérieur.    “ J’imagine qu’il me faut prendre ton silence comme indicateur de ta volonté de faire ça à la manière forte, mais je te laisse le choix de la manière douce si tu décides de te montrer sous ton véritable jour immédiatement,   ”  poursuivit-elle, pas plus certaine de l’efficacité de ses mots. Elle soupçonna que la manière forte serait l’unique manière efficace, mais lui laissa au moins l’opportunité de se dévoiler à elle et ainsi de sauter les étapes, briser le tabou d’emblée pour tenter de recoudre mieux les blessures à deux.  La manière forte consisterait à faire trembler l’illusion et peut-être même le manoir s’il le fallait, créer un charme contraire, ou montrer à Flynn ce qu’il refusait de voir, le transporter dans un monde qui saurait bousculer jusqu’à la moindre parcelle de lui.  S’il fallait, le transporter dans le mirage d’un Erendieren dans le sang et cendre pour obliger la douleur à sortir plutôt qu’à la planquer derrière la magie. Elle ne voulait pas en arriver là, par respect, mais en serait capable pour le bien d’un ami.    “ Montre toi, Flynn. Ce n’est que moi et je ne te jugerais pas de t’être laissé déborder par le manque cruel de ta princesse.  ”   Qui était-elle pour juger ? Elle, l’idiote amoureuse du prince le plus fourbe et avide de pouvoir de Nighon ? Elle, mieux que quiconque savait combien l’amour endommageait plus que n’importe quel arme, plus que toutes les formes de magie.  Elle avait accepté ses failles depuis fort longtemps, le tour du Prince Flynn était venu.
Revenir en haut Aller en bas
Julian Carlyle

Julian Carlyle
Date d'inscription : 05/04/2020
Messages : 360
avatar © : casey deidrick (© rosewins)
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : prince flynn of nighon
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Il lui semblait ne pas avoir vu la lumière depuis des siècles entiers. Oqitara tombait en ruine, à l’instar de son maître. Les fondations tremblaient, et certains quartiers n’étaient plus que poussière. Le temps s’était littéralement figé dans cette antre ordinairement si animé. Cette période aurait dû marquer le clou du spectacle, la fin de la saison accompagnée d’un festival sans égal. On applaudissait ses prestations et celles de sa troupe, mais les pavés des ruelles aujourd’hui étaient vides de monde. On pouvait entendre le vent souffler tout le chagrin qu’éprouvait ce prince devenu invisible. Des semaines qu’il était porté disparu aux yeux du monde, prétextant de lourdes responsabilités suite à la chute du royaume ennemi. L’illusion qu’il tenait à apporter à ceux qui avaient eu le courage de rester était bien maigre. Le manoir tenait encore debout, par miracle, compte tenu de son état lamentable. Les secousses s’intensifiaient un peu plus chaque jour, emportant avec elles un morceau de son oeuvre. Ces tremblements, en vérité, ne reflétaient que les crises dont il était devenu la victime. Des angoisses monstrueuses qui venaient enlacer son coeur en pleine agonie. Il hurlait à la mort sans que personne ne puisse l’entendre, criait son chagrin sans qu’aucune âme n’en ait conscience. Cette pièce, coeur du manoir dans lequel il s’était réfugié, portait le poids de sa douleur. Tout était devenu insignifiant, et fade, sans aucun goût si ce n’est celui de ses larmes qui venaient humidifier ses lèvres sèches. La chute d’Erendieren avait provoqué un sursaut inattendu au creux de sa poitrine, et la perte d’Aureen s’était dépeint comme un cancer incurable. Il ne luttait pas, mais tombait à genoux chaque fois qu’elle osait apparaître sous ses yeux rougis par l’épuisement et le désespoir. Cette illusion était la seule qui pouvait prétendre rester intacte, jusqu’au moindre détail, de la couleur de ses yeux à la douceur de ses cheveux. Mais chaque fois qu’il avançait une main pour la toucher, elle lui tournait le dos et se dérobait à lui pour s’évanouir sous ses doigts. La vie était devenu un cauchemar duquel il ne parvenait à se réveiller. L’alcool avait remplacé l’eau. La nourriture, il la délaissait au pied de sa porte. Il n’existait aucun désir qui puisse éveiller le cadavre qu’il était presque devenu. L’image projetée au bord de la fenêtre était un Flynn superbe, élégant et le maître qu’on connaissait. Une fois le voile levé en revanche, on découvrait le véritable prince au bord du précipice, à terre, épuisé et à peine en vie. Son souffle se perdait contre le miroir qu’il observait depuis maintenant plusieurs jours. Son reflet avait passé en boucle le plus bel instant de sa vie. Où elle dansait dans ses bras, une pluie de lanternes au dessus de leurs têtes. Des souvenirs qui se tarissaient peu à peu, rongés par les remords et le chagrin, pour finir par disparaitre. Voilà des heures maintenant qu’il se torturait à les faire réapparaître. En vain. Devant lui se tenait désormais son propre reflet : un prince déchiré dont le regard était ravagé par les regrets et la solitude. Il avait le souffle coupé, et s’étouffait dans un gémissement à s’en fendre l’âme, le visage honteux plongé dans les mains. Le mal était insupportable, mais c’est encore ce qui lui permettait de se sentir vivant. Ou presque. Dans un ultime effort pour se relever, Flynn poussa un hurlement à s’en déchirer la voix, une main explosant en mille morceaux le miroir qui se tenait face à lui. Le sang se répandit sur le parquet, le long de sa chemise immaculée, et il étouffa un rire fou en se laissant négligemment retomber le long du mur qui se tenait derrière lui. Oqitara trembla une nouvelle fois, et lui s’endormi au milieu de sa peine.


— Aureen. Il la corrigea promptement, dans un réflexe presque devenu automatique et brin agressif. Lyla s’était avancé au milieu de ce qu’il avait encore la force de laisser paraître. Un bureau. Des murs. Une fenêtre. Et une image qui n’était pas la sienne. Sans même se retourner vers elle, il continuait la fausse contemplation d’un monde voué à s’écrouler. Il soupçonnait ses bonnes intentions, mais ne pouvait se résoudre à lui apporter ce qu’elle était venue chercher. Et la simple évocation de son sujet de désolation le fit doucement frémir et lorsqu’il se résolu à tourner la tête, elle était là, sa princesse. Cachée des yeux de tous, mais pas des siens. Il inspira lourdement sans jamais cesser de l’observer.  — Elle s’appelait Aureen.  Sa voix, contrairement à son apparence, ne portait aucun masque. Le ton était grave, et imposait un silence glacial au sein de la pièce. Lyla, qu’il savait loin d’être dupe, ne se laissait évidemment pas prendre au jeu des mascarades. Elle était son égal, et de loin la seule qui pouvait prétendre recueillir son attention à l’heure actuelle. Mais du maître qu’elle était habituée à fréquenter, il n’en restait aujourd’hui qu’une pâle et maigre copie. Flynn referma les yeux, priant pour que sa douce illusion disparaisse, et étouffa un gémissement lorsque ce fût le cas. Une pointe de faiblesse qui fragilisait l’allure implacable du prince qu’il souhaitait montrer à son bras droit. Ses yeux, pour la première fois depuis ce qui semblait une éternité, se posèrent sur celle qui avait pénétré en ces lieux. Il l’observa, un long moment, la carrure droite mais le coeur résolument démoli.  Ses mains gardèrent leur place dans son dos, tandis qu’il longeait d’un pas lent et minutieux les quelques mètres qui les séparaient. Pour rien au monde il ne lèverait l’illusion, pourtant, son visage tressaillit un instant de sa proximité avec Lyla, et sa main s’avança pour venir se poser contre son épaule. Voilà des semaines qu’il n’avait plus senti le souffle de quelqu’un sur sa peau, qu’il n’avait plus touché qui que ce soit de vivant. Elle était là, et avait le mérite d’être bien réelle. Il perdait pied, doucement, faisant peu à peu tomber le masque qu’il s’était résolu à conserver quelques secondes plus tôt. La pièce tombait en ruines, et les morceaux de miroir brisés apparurent en même temps que les meubles démolis, les vitres ravagées, et le carnage de sa souffrance. Seul lui, son apparence, demeurait étrangement intacte pour l’heure. Sa main glissa de son épaule à sa joue qu’il caressa un court instant. — Les autres sont partis n’est-ce pas ? Qu’il souffla, un maigre sourire le long des lèvres. Il l'avait senti, évidemment. Tous avaient pris la fuite, sauf elle. Lyla et Flynn n’avaient jamais été amants. Et pourtant, aujourd’hui, elle demeurait sans doute l’être le plus cher qu’il puisse encore prétendre posséder. Ils étaient beaucoup plus que ça, et à ne pas en douter, elle demeurait la seule capable d’écraser sa magie en un claquement de doigts. Il avait mal, tellement mal qu’il aurait souhaité s’agenouiller devant elle pour qu’elle en apaise ses maux. Les blessures étaient amplement méritées, mais elles étaient si douloureuses qu’aucune illusion ne parvenaient à les masquer. Pas même le délicieux sourire qu’il lui servait aujourd’hui. — Laisse-moi, va les rejoindre.  L’ordre avait été donné et sonnait comme non négociable. Sa main retomba lentement le long de son corps, et il recula de plusieurs pas pour s’enfoncer de nouveau dans le paysage imaginaire qu’il avait bâti. Les bras écartés, comme pour l’annonce d’un événement exceptionnel, il annonça d’une voix particulièrement enjouée l’achèvement de son aventure : — C’est la fin d’Oqitara. Le spectacle est terminé.  Et dans un demi-tour accompagné d’une magistrale révérence et exécutée avec le peu de force qu’il avait conservé, il s’évanouit pour se parer d’un voile invisible. Seul restait au sol le haut de forme qu’il avait pour habitude de porter durant les beaux jours. Recroquevillé dans un coin de la pièce, spectateur de sa déchéance, le véritable Flynn chassait le seul petit brin d’espoir qu’il lui restait aujourd’hui. Palpitant à l’agonie, barbe de plusieurs jours, chemise maculée de son propre sang, et larmes au bord des yeux. C’était là, ce qu’il restait du sublime prince de coeur.
Revenir en haut Aller en bas
Lyla Drysdale
anything you can do, I can do better
Lyla Drysdale
Date d'inscription : 11/04/2020
Messages : 326
avatar © : bruna marquezine · beckwith, tumblr
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : delilah, the genie of the lamp
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Peu importe. Elle leva les yeux au ciel, pour tout ce que suscitait le prénom d’une défunte à son oreille peu concernée : dédain, froideur, indifférence. Elle trouva seulement prodigieux d’être corrigée sur un sujet aussi trivial, et surtout qu’il s’enhardisse à ce point sur une simple mention alors même qu’il avait toujours déclaré, ce sans la moindre pudeur, que sous la peau son coeur ne fonctionnait que pour le théâtre des manants qui aimaient à se presser entre les murs d’Oqitara. Qu’il ne se trouvait aucune femme qui puisse le capturer et le tenir au palpitant, lorsqu’il n’insinuait pas purement et simplement qu’il n’y avait aucun coeur à récolter dans sa carcasse. Lyla n’était pas dépourvue de coeur, moins encore de compassion, mais considérait que Flynn avait fait des choix, certes douteux, et recueillait aujourd’hui ce qu’il avait bêtement semé et que le droit de se lamenter en était un qui se méritait. Elle avait certes payé très - trop - cher le prix de l’amour, mais elle y avait au moins goûté. Elle avait vécu son histoire pleinement et passionnément, sans aucun compte à rendre ni aucune honte à avoir, et elle n’échangerait sa place pour rien a monde, quand bien même l’âme soeur s’en était allée. Là encore et malgré qu’elle puisse voir entre les brèches, Flynn se cachait de la vérité, honteux de même ressentir. Lassée de cet ersatz gominé-lustré de Flynn, Lyla poussa un soupir de dépit à constater que le masque tenait encore sur ses traits pendant que le reste s’émiettait grossièrement. La main sur l’épaule puis sur la joue récolta un grognement de chat sauvage, mais parce qu’il y avait d’autres problèmes à traiter, Lyla garda pour elle commentaires acerbes et regards noirs.    “ Non, ils célèbrent la victoire de Nighon et Nemeree à Ravafina, à défaut de pouvoir le faire à Oqitara.  Un coup de sifflet, et ils radineront tous. ”  Nigel était encore là faute d’un esprit festif. Il passait ses journées à méditer ou à chercher la compagnie de Lyla qui n’avait que faire de ses prédictions et le renvoyait systématiquement à sa troisième et dernière activité : une contemplation avide d’une Oqitara davantage en ruines à la minute. Elle aussi, était encore là. Si pas ici, alors où ? Le reste s’était dispersé aux quatre vents de Ravafina sur la promesse d’un retour aux premières nouvelles du Prince, si un jour le Prince en question décidait de troquer ce qu’ils croyaient être des affaires urgentes pour le haut de forme du Maestro qui lui allait mieux qu’à quiconque. L’ordre de le laisser à sa mélancolie lui inspira le plus grand mépris, et il ne fit aucun doute que la demande saurait se rappeler à lui au jour où elle aurait besoin d’une escapade ; ou seulement de moquer. Elle vit surtout l’urgence de, non plus l’aider, mais de l’extirper violemment de sa torpeur quoi qu’il en coûte s’ils voulaient un jour voir Oqitara se dresser de nouveau dans le paysage de Nighon. Sa clôture eut au moins le mérite de faire naitre sur sa commissure un rictus, pour l’accent tout à fait magistrale qu’il y mettait, pourtant elle fit disparaitre ce même rictus presque immédiatement afin de ne pas lui donner à croire qu’elle se pliait à sa volonté sans une bataille.    “ Tant qu’un maitre illusionniste est toujours debout, le spectacle n’est jamais terminé et je ne suis, vois-tu, pas décidée à me coucher aujourd’hui, ”  rétorqua-t-elle, sur le ton de ceux qui délivrent une indiscutable vérité en genèse d’une féérie à venir. Un mouvement ample de la main fit naitre un mannequin de couture dans l’angle de la pièce, habillé d’un costume noir à brocarts pourpres et ors, une paire de grandes bottes de cuir noir à sa base, et coiffé du chapeau-vestige. Elle fit glisser une main méticuleuse sur les coutures et s’occupa de déplisser le col, certaine que le costume retrouverait un jour les épaules de son illustre propriétaire. Pas aujourd’hui, certes, mais un jour. La manière forte, donc. Elle poussa un soupir, d’ores et déjà navrée du rôle qu’elle s’apprêtait à endosser et de la manière, mais il avait eu le choix et ne lui en laissant aucun autre. S’il lui fallait être le pied qui le pousserait dans le précipice avant d’être la main tendue, ainsi soit-il. Puisqu’il se planquait entre les angles et les silences, Lyla s’installa, bottes boueuses sur le bureau, une pomme d’un rouge éclatant dans la main.   “ Tout cela me semble un tantinet dramatique pour une princesse qui n’a jamais eu la moindre importance à tes yeux.  ”  Première aiguille plantée, celle de mesure. Plusieurs viendrait le titiller afin qu’elle puisse déterminer ce qu’il était capable d’encaisser et surtout à quel degré dans la pénombre se trouvait-il. Le but était de le faire exploser plutôt qu’imploser, de forcer sa main dans la sienne, sauver l’homme s’ils voulaient un jour revoir le magicien.   “ Tes mots, pas les miens. ”   Il n’y avait rien de plus douloureux que la vérité. Seconde épingle. Croquant dans sa pomme, elle sentit les murs trembler autour d’elle, et elle prit l’intervention comme un signe qu’il lui fallait continuer, quitte à reconstruire un manoir et un Flynn après ça.   “ Wow, ça doit vraiment t’atteindre, toute cette histoire. Même pas capable de faire tenir les murs de ta propre planque. Qui l’eut cru. ”  Le ton badin, le regard aussi. Elle haussa les épaules pour en rajouter à son rôle et à son entreprise, toujours à tâter le terrain du bout de ses aiguilles, à attendre que l’une d’entre elle le fasse ouvertement hurler. Et dans son malheur de l’avoir dans son entourage, Flynn devait se douter qu’elle ne brillait jamais plus que lorsque sa créativité était mise à l’épreuve.   “ Si tu commençais par enlever le masque que tu portes depuis, quoi ? Ta naissance ? Peut-être que tu respirerais mieux,  ”   suggéra-t-elle, sans trop de conviction.   “ Alors ta vie toute entière est un mensonge, de la poudre aux yeux, un rôle creux, et la seule personne qui t’ait fait te sentir véritablement vivant est morte sur l’idée que tu te moquais bien d’elle. Preuve en est que non. M’est avis que tu peux commencer par assumer de l’avoir un jour aimée, s’il te vient l’envie de t’en montrer digne et de lui rendre hommage. ”  Aiguille, aiguille, aiguille. Elle en parlait comme s’il ne s’agissait de rien alors qu’elle mentionnait le monde de Flynn en crachant presque dessus. Et cela ne signifiait rien pour elle, mais au-delà de son rôle à Oqitara, Flynn lui avait offert une seconde famille, une place, et elle lui devait d’au moins l’aider à se remettre debout et à vivre avec la plaie béante qui scindait son buste en deux.    “ Je dis ça, je dis rien. Tu peux aussi continuer à te comporter comme le moins que rien indigne de Aureen que tu as toujours été, et je peux démolir toutes tes défenses une par une jusqu’à ce qu’il ne reste que ta carcasse. ”  Son prénom résonna dans sa bouche comme une insulte. Si elle n’en parlait pas librement, elle avait au moins le mérite de n’avoir jamais rien caché de son amour pour Aladdin a qui osait poser la question et méritait une réponse. S’il y avait une bonne donneuse de leçon ici, s’agissait bien d’elle. La différence entre eux résidait dans le fait que Lyla assumait tout, Flynn, absolument rien. Aussi qu'elle était au sommet de sa force et lui au fond d'un précipice alors elle était plus que disposée à lui en faire voir de toutes les couleurs s'il optait pour la résistance. À terme, elle espéra qu'il savait, au fond, qu'elle faisait uniquement ça pour lui. La manière forte, toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Julian Carlyle

Julian Carlyle
Date d'inscription : 05/04/2020
Messages : 360
avatar © : casey deidrick (© rosewins)
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : prince flynn of nighon
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Le regard était glacial, rivé sur sa préférée, des larmes prêtes à se déverser le long des joues.   Son père l’aurait sans doute tué tant il était faible et indigne de son royaume. Flynn était pitoyable à ce point qu’il avait préféré devenir invisible aux yeux de la seule personne dont il tolérait la présence. Il était resté là, recroquevillé dans un coin de la pièce, ses bras entourant fermement les jambes qu’il avait replié. Cet homme, habituellement sous le feu des projecteurs se cachait aujourd’hui d’un monde devenu fade, sans intérêt notoire. Et cette douleur, omniprésente, qui s’appliquait à harceler son coeur et son âme de milliers de coups. Tout lui faisait penser à elle. Des fleurs qu’il avait laissé mourir à l’égard de sa princesse, aux lueurs faibles qui venaient parfois éclairer l’obscurité de son bureau. Aureen était partout. Il s’était abandonné à la tristesse sans même tenter de la combattre. Et à quoi bon. Parfois, il pouvait entendre l’écho des dernières paroles qu’il avait eu à son égard. Un bruit assourdissant à tel point qu’il était obligé de coller ses mains contre ses oreilles pour ne plus les entendre. Ô il avait été cruel, et prétendait mériter tout ce qu’il endurait aujourd’hui. Enfin, pour la première fois depuis bien longtemps, il assumait l’horreur de ses actes. — Arrête. Qu’il lança dans un souffle, le visage enfouit dans le creux de ses bras. Lyla maniait ses mots avec une aisance considérable, et prenait soin de choisir les bons. Ses paroles étaient insoutenables et faisaient mouche, mais avaient aussi le mérite d’attiser le feu qui brûlait en lui. Le ton était badin et les vérités atroces à soutenir. Elle aurait pu planter une lame dans sa poitrine à chaque phrase prononcée, la douleur aurait été la même. Il saignait, et portait un oeil accusateur en direction de celle qui l’avait toujours épaulé. L’entendre évoqué son prénom lui arracha un grognement furieux et suffit à embraser pour de bon ce qu’il lui restait de tolérance. Il réapparut aux yeux de celle qu’il fusillait du regard, les deux mains posées sur le bureau qu’elle avait pris soin d’occuper. Son poing rencontra le bois du meuble, et le reste du manoir se mit une nouvelle fois à trembler.  — Assez Lyla ! Il avait hurlé à s’en fendre les poumons, les yeux humides mais une animosité considérable à l’attention de sa seconde. Il ne l’avait jamais observée de cette manière. D’admiration, d’amour, d’amitié, mais jamais de colère. Le reste de ses actes fût uniquement guidé par une rage qu’il osait enfin dévoiler au grand jour. Une main chassa les bottes posées contre le bureau, et l’autre l’incita à se relever pour la bousculer jusqu’au mur craquelé derrière eux. Il était à bout de souffle, un bras sous sa gorge pour l’empêcher de riposter. Loin d’être dupe, Flynn était conscient de ne tenir debout que par miracle, et elle n’aurait mal à se défaire de son emprise. La violence, il ne la réservait d’habitude qu’à son frère ou sa soeur, jamais à celle qu’il considérait comme sa jumelle. — Je ne t’ai pas embarquée ici pour que tu viennes me dire ce que je dois faire. Tu n’étais rien, et tu es devenue quelqu’un à Oqitara. Ne gâche pas tout et ne t’avises plus jamais de me parler de cette manière.  A ce moment-là, il la détestait, révélant une nouvelle façade de ce que ce prince pouvait être. Les nerfs piqués à vif, il n’avait jamais été plus à fleur de peau qu’à cet instant-là. Un long silence s’installa, où il referma les yeux pour reculer d’un pas et se dérober de leur échange. Ses mains tremblaient à l’image d’Oqitara, et ses jambes menaçaient une nouvelle fois de céder. Mais il resta debout, dos à sa magicienne, et les yeux rivés vers un horizon qui ne tarderait pas à devenir poussière. — Je t’ai tout donné. Maintenant, laisse-moi et fous-le-camp d’ici avant qu’il ne soit trop tard. Gronda-t-il entre ses dents. Il exécrait qu’on puisse venir lui dicter la morale, mais entendait parfaitement chaque son prononcé à son égard. Lyla visait juste et était parvenue à le faire sortir de l’ombre. Un exploit quand on sait que même sa propre mère, la reine, n’avait récolté que quelques murmures et bien peu de réactions de sa part. Flynn poussa un soupir à s’en fendre l’âme, une main posée sur ce coeur qui battait la chamade. Il jeta un regard par dessus son épaule, tristement soumis à ce qu’elle cherchait à obtenir. — Ça peut te sembler dérisoire, ridicule, pathétique, tout ce que tu veux, mais oui, je l’aimais. Et elle est m…   Sa gorge se noua un instant, incapable de prononcer cette vérité inconcevable. Puis il reprit dans un souffle. — Morte.  S’agissait ici de la première fois qu’il l’affirmait à voix haute. Aureen est morte. Erendieren était tombé, emportant dans sa chute un nombre considérables de vies. Des défunts sans importance s’ils n’avaient pas compté parmi eux son précieux amour. Tout en disant ces mots, il déambulait d’un pas lent autour de ce qu’il restait de son décor, promenant une main maculée de son propre sang le long des murs. Le voile était tombé, révélant à celle qui le désirait l’image qui restait de son maître. Une pièce plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par une minuscule lanterne posée au sol. La flamme était maigre, et suffisait à lui faire entrevoir des ombres imaginaires. Notamment celle de sa princesse. Les livres avaient été détruits, brûlés, déchirés. Les meubles étaient en pièces. Les carreaux brisés, les miroirs en éclats. Et, enfin, les murs fissurés du sol au plafond. — C’est ça que tu voulais voir ? Eh bien tu l’as. Et maintenant ?  Il n’avait plus rien qu’elle puisse reconnaître en lui, si ce n’est peut-être ce semblant de rictus qu’il tentait de garder naturel. Les bras écartés, il présentait son ultime show, tristement. Ce qu’il lui restait de force, il s’en servi pour rompre la distance entre eux, attrapa le magnifique haut-de-forme qu’elle avait fait apparaître, et se plaça juste derrière elle. Cette fois-ci, c’est un sourire bien plus doux et bien plus sincère qui vint se dessiner sur la commissure de ses lèvres. — Il reste bien un maître illusionniste parmi nous, et tu as raison sur un point : le spectacle doit continuer.  Souffla-t-il à son oreille, presque trop enjoué pour paraître naturel. Dans un geste cérémonieux, il s’appliqua à poser sur la tête de sa plus grande amie le chapeau qui était sien. Un symbole loin d’être anodin. Et cela fait, il se plaça devant elle pour admirer son oeuvre, de toute évidence la plus belle. Une main dans la poche intérieure de sa veste, il en tira le symbole de leur amitié : le pion d’un jeu d’échec, un roi, qu’il déposa sur le bureau à leurs côtés. Du bout de l’index, il fit renverser ledit pion avant de reposer un oeil scintillant de folie sur sa reine. — Echec et mat. La porte de la pièce se rouvrit subitement, et lui, main tendue, l’invitait  poliment et sans un mot à en prendre la direction. Il n’y avait aujourd’hui rien qu’elle puisse faire pour l’en sortir, et il connaissait suffisamment son double pour savoir qu’elle n’abandonnerait pas aussi facilement. Et, dans le fond, c’est peut-être justement ce qui lui permettait encore de respirer. Il n’était rien sans elle.
Revenir en haut Aller en bas
Lyla Drysdale
anything you can do, I can do better
Lyla Drysdale
Date d'inscription : 11/04/2020
Messages : 326
avatar © : bruna marquezine · beckwith, tumblr
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : delilah, the genie of the lamp
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Une telle ferveur forçait au moins l’admiration, c’était au moins ça qu’elle pouvait lui concéder. Pas le moins du monde chamboulée, mais plutôt préparée et curieusement satisfaite de son éclat, Lyla resta impeccablement statique dans le fond de son siège. Elle n’était pas des impressionnables, et n’aurait cure de ses crises de colères : c’était au moins là la preuve qu’il était encore vivant sous l’illusion. Elle se laissa bousculer comme une poupée, lâcha un grognement à peine à son dos contre le mur, puis un soupir las en réponse à tant sa colère idiote que son discours creux, quoi qu’ incroyablement. Trois pressions de l’index, deux du majeur à l’emplacement du pouls couplés à un ordre impérieux :   “ Assis, ”  forcèrent le maitre d’Oqitara, ou de ce qu’il en restait aujourd’hui, à s’asseoir à sa place derrière le bureau. Elle se pencha à son tour vers lui, une main sur le bureau, l’autre levée et prête à lui envoyer une claque magique dans la figure des fois qu’il envisagerait une riposte.    “ Je ne suis rien ? Sans toi ?  ”  Elle échappa un rire ouvertement moqueur, presque maniaque, pour toute cette prétention mal placée et cette ego dont elle s’apprêtait à ne faire qu’une bouchée.   “ Oh Flynn,  ”   siffla-t-elle, réprimant le reste de rire guttural qui trainait au fond de sa gorge et ne demandait qu’à venir cogner Flynn dans son amour-propre.     “ Tu perds la seule personne que ait jamais éprouvé quelque chose pour toi et ton oeuvre s’écroule. Ta magie te dédaigne, ton corps tombe en lambeaux, et si je n’étais pas là, il n’y aurait personne pour assister à ton pathétique dernier spectacle.  ”  Il n’y aurait personne pour pleurer la mort du mobilier, fracassé et lâchement planqué dans un coin de la pièce de crainte que cette vie ingrate ne vienne achever son oeuvre. Difficile pour elle de ne pas faire le lien avec Aladdin et ce moment clef où son coeur s’était fissuré face au prince fourbe, à ses ambitions trop grandes pour lui, pour eux, et combien il avait réduit leur amour à du toc comparé au pouvoir. Sans le mentionner, mais en l’ayant à l’esprit, elle reprit immédiatement :    “ À ta place, je me suis élevée. Seule, sans l’aide de personne et surtout en dépit d’un homme. Je n’ai pas laissé ma relation me définir. Mon existence toute entière va bien au-delà de ton influence, de ton cirque ou de n’importe qui. Je suis une djinn, espèce de rat de chapiteau, et tu ne m’as rien donné que je n’aurais pu créer moi-même. Je t’ai donné ce qui était important dans cette vie, pauvre carne : l’amitié et la loyauté, et si tu veux conserver l’une ou l’autre, je te conseille vivement de te défaire de cette fierté qui t’étrangle et qui a causé que l’amour de ta vie est morte en croyant que tu ne l’aimais pas. ”  Lyla n’était d’ordinaire pas si bavarde dans ses discours, mais plutôt un monstre de calme et de profonde indifférence. Elle ne dispensait pas ses conseils, gardait pour elle son opinion la plupart du temps, et gardait surtout son amitié. Pourtant elle était là, des mots plein la bouche, chargée d’une éloquence peu commune, déterminée à lui donner l’impulsion nécessaire pour se remettre sur ses deux jambes, quitte à sortir de son propre cadre et à devenir odieuse. C’était après tout ce qui fonctionnait le mieux auprès des princes capricieux de ce monde et elle plus que personne était bien placée pour le savoir.    “ Souviens toi que tu n’es pas mon maitre, Flynn. Que je ne te dois rien, que tu n’as aucun ordre à me donner et que ta misérable existence faite d’hypocrisie et de faux ne fait pas marcher le monde, et certainement pas le mien,   ”  acheva-t-elle, une commissure chargée comme une arme prête à tirer un rictus de satisfaction. Elle se remit en marche, prête à faire les cent pas dans la pièce s’il ne fallait que ça pour piétiner cette moitié de cadavre, jusqu’à ce qu’il ne lui fasse l’honneur de son portrait en ruine. Du sang sur les murs, les doigts et sur les haillons qu’il portait. Si elle n’en montra rien, une partie d’elle se dispersa dans l’atmosphère. Une compassion pure, entière, obstinée. Elle se mordit l’intérieur de la joue pour ne rien montrer de toute l’étendue de la pitié qu’elle éprouvait désormais à son égard. Elle s’était préparée au pire, mais même son pire ne valait rien à côté du plus épouvantable des spectacles qu’il ait jamais offert : le sien, et tous les dommages qu’un coeur brisé par la mort et les regrets latents pouvaient engendrer sur un homme pourtant robuste.   “ Crois-le ou non, je peux tout à fait comprendre. ”  Elle n’était pas sans coeur, après tout, et voulait bien lui concéder qu’il l’avait bien pire qu’elle.  “ Oui, elle est morte, mais la vie continue. ”  Trop simple. Elle-même sut en avance que ça ne suffirait pas et que l’adage était parfaitement injustifié, idiot, mais pourtant retentissant de vérité. Elle aurait pu lui dire qu’elle était navrée, lui présenter ses condoléances, mais savait parfaitement qu’il n’en était pas là et surtout, avait besoin de tout, excepté de ça. Et maintenant ?   “ Maintenant, la suite,  ”  répondit-elle simplement. Elle refusa la coiffe en la faisant disparaitre d’une vague de la main ; une autre fit claquer la porte qu’il venait de lui ouvrir dans une détonation sèche.   “ Le rôle ne m’a jamais intéressée, pas plus que le haut de forme.  Je te l’ai dis, Flynn, je suis une djinn. Mon destin n’est pas de diriger, mais de guider. ”   Par orgueil, elle refusait obstinément d’employer le mot servir, même s’il s’agissait là de la mission d’un génie.    “ Il n’y a qu’un seul grand amour et il est irremplaçable, je veux bien t’accorder au moins ça, mais il ne justifie pas qu’on se laisse mourir à petit feu. ”  Que de bonnes paroles, de la part de Lyla, pourtant elle se trouva plutôt brillante dans le rôle de l’ami, dans lequel elle était pourtant si peu à l’aise que c’en devenait absolument ridicule.   “ Je me suis rendue à Erendieren, hier,  ”   dit-elle, sur le ton de la confession, dans une tentative plutôt moyenne de l’intéresser. Erendieren avait longtemps été une terre sacrée où aucun des citoyens de Nighon n’avait été admis. Depuis sa chute, l’on avait désacralisé l’endroit pour en faire un énième planque à excès.    “ La garde de ton père a décidé de faire des ruines un endroit où boire et faire la fête. La troupe d’ Oqitara a refusé de s’y rendre par principe et loyauté, mais j’ai été curieuse…  ”  poursuivit-elle, en extirpant de sa poche un fiole où flottait un enchantement aux teintes violacées.    “ Un magicien voyageur m’a offert ceci en échange de quelques pièces,  ”  Un aller simple, certes, mais mieux que rien.   “  Tu peux faire le choix d’aller te recueillir, souffrir une bonne fois pour toute peut-être, voir ce qui s’y passe… Et au passage terrifier les hommes de ton père qui ont peut-être osé mettre la main sur ta princesse à grand renfort d’enchantements, ce qui me parait être l’idée du siècle. ”  Un ricanement s’échappa de sa bouche, pour tout ce que l’idée régalait sa propension à vouloir terroriser les forces armées de Nighon, et elle tenta péniblement de se reprendre pour coller de nouveau à la gravité de la situation.   “  Ou bien tu peux rester ici et te morfondre. Quel que soit ton choix, tu vas devoir me supporter. ”  Fiole dans la main, elle s’installa de nouveau derrière le bureau, réaffirmant sa volonté de rester à ses côtés quoi qu’il arrive.
Revenir en haut Aller en bas
Julian Carlyle

Julian Carlyle
Date d'inscription : 05/04/2020
Messages : 360
avatar © : casey deidrick (© rosewins)
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : prince flynn of nighon
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

D’ordinaire il lui aurait probablement accordé un rictus amusé, ou une somptueuse révérence en gage d’admiration. Delilah était de loin l’une des rares personnes dont il avait appris à apprécier la présence. Magicienne de talent, et bien plus encore, elle s’était révélée comme une évidence le jour où leurs chemins avaient été amenés à se rencontrer. Se jouait entre eux une complicité sans égale, probablement semblable à celle qu’auraient pu entretenir deux jumeaux. D’ordinaire, les mots n’étaient pas nécessaires, et les seuls regards suffisaient à ce qu’ils se comprennent. Aussi, et parce qu’elle était la seule à pouvoir prétendre s’adresser à lui de cette façon, Flynn baissa simplement le visage en le plongeant dans une main. Il cessa de respirer un instant et écoutait  religieusement ses mots sans chercher à les contredire. La boule qui trainait au fond de sa gorge se perdit en un gémissement sourd lorsqu’elle évoqua dans quelles conditions Aureen s’en était allée. Il s’était relevé dans un réflexe pathétique, les yeux brillants de fureur et les poings serrés. Oui, la vérité était horrible à entendre, et impossible à concevoir. Mais elle était bien là, inéluctable et destructrice. Lyla, au fond, ne faisait que relater des faits dont il était le seul responsable. Elle distribuait soigneusement ses cartes en choisissant les bons mots, et à coups d’ordres et de magie, parvenait savamment à faire tomber les remparts qu’il avait soigneusement dressé ces derniers jours. Et ça faisait un mal de chien. Il se tairait dans un mutisme inédit, préférant fuir plutôt que d’affronter. L’amitié, la loyauté. L’ombre d’un sourire se dessina cependant à l’entente de ces paroles. Voilà tout ce qu’il lui restait à ce jour, et qu’il s’appliquait à écarter tant que faire se pouvait.  Elle restait là, debout et droite devant lui, comme au premier jour et plus encore à ces heures si sombres, déterminée à soutenir cette moitié d’épave qui courait à sa perte. Il inspira brièvement comme pour parler, mais aucun son ne sorti de sa bouche. Sa confession à propos de sa visite à Erendieren termina de l’achever, si bien qu’il dû se rasseoir sur la chaise qu’il venait de quitter. La simple évocation de ce lieu devenu cimetière lui arracha une douleur au creux de la poitrine. Il se murmurait un peu partout que les heurts qui avaient eu lieu sur place avaient été terribles, cruelles et que la large milice déployée avait ravagé l’ensemble du royaume. Le sombre de ses yeux luisait de cette angoisse qui vibrait en lui, et Flynn observait avec intérêt la petite fiole qu’elle lui présentait dorénavant. — Je n’ai jamais été aussi effrayé à l’idée de te suivre, mais j’imagine que tu sais ce que tu fais. Prononça-t-il à voix basse en se relevant doucement. Il la fusilla cependant pour ce que l’idée proposée à l’égard des hommes de son père évoquait chez lui. Il aurait volontiers tué pour assouvir, sans aucune illusion mais avec un désir certain de voir couler le sang des responsables le long de ses mains. Pourtant, il n’en ferait rien, parce qu’il est né prince et non roi, et parce qu’il s’agirait ici de la plus haute trahison envers sa propre nation. Fallait-il seulement qu’il puisse y songer suffisamment pour s’en convaincre.  — Allons-y ensembles. Le coeur battait la chamade, mais le sourire qui se dessina brièvement le long de ses traits exprimait une gratitude silencieuse. Il ne sortirait jamais pareils mots de sa bouche, et elle le savait. C’est pourquoi, de sa grâce habituelle, il l’invita d’une main à prendre la sienne, le regard rivé vers elle, une boule au creux de la gorge. La fiole fût libérée, et sa magie ne tarda pas à les emporter dans un tourbillon violacé pour les faire quitter Oqitara.

Erendieren. La vision était apocalyptique. Les deux magiciens furent emmenés au coeur de Whitehaven, à l’abris des regards, mais à l’assaut des décombres. La minuscule cour dans laquelle ils se trouvaient étaient couverte de débris, de pierres, et de beaucoup trop de poussière. Les flammes dévoraient encore ce qu’il restait du château, et on pouvait entendre l’euphorie couler autour d’eux à coups de chants et de cris victorieux. Flynn se tenait là, debout au milieu de ce qui avait été un champ de bataille et deviendrait une terre de désolation. Il avait imaginé mille scènes différentes, toutes plus horribles les unes que les autres. Mais de toute évidence, son imagination s’était avérée bien au dessous de la réalité. Ses jambes tremblaient tandis qu’il parcourait silencieusement le spectacle le plus insupportable qu’il lui ait été donné de contempler. Il enregistrait chaque détail : de la couleur fade du ciel à l’odeur répugnante de la chaire qu’on avait calcinée. Le sang maculait les murs et les sols, et les cadavres avaient dû être rassemblés ou brûlés…. On était venu cueillir absolument tout ce qui faisait la réputation d’Erendieren, de sa lumière et à sa vie. Il tressauta à l’entente d’un vacarme au loin, et déposa une main contre l’épaule de Lyla. — Qu’en ont-ils fait…. Souffla-t-il à voix basse, la gorge nouée. Il était incapable de respirer, et peinait encore à rester conscient. Et durant ces quelques secondes où ses yeux avaient le malheur de se refermer, c’est elle qu’il percevait au milieu de ces décombres. — Elle m’en a tellement parlé. Un frisson glacé lui parcouru l’échine à ce moment-là, et lorsqu’il rouvrit les yeux, ce fut pour les poser sur l’image flamboyante d’un Whitehaven debout et immaculé. — C’était ça, le royaume des lumières. D’après ses mots, et de ce qu’il en avait imaginé. Sans doute moins prestigieux que l’original, mais le marbre était blanc, et la citadelle respirait de nouveau d’une beauté sans égal. Une illusion frivole qui lui échappa lorsque son regard humide se posa sur une ombre à l’autre bout de la cour. — Aureen ? Le jardin majestueux sous leurs yeux s’effondra, refaisant surgir les horreurs de la bataille. Et Flynn, appelé par le désespoir, s’en alla à la recherche d’une ombre inexistante. Il parcouru plusieurs mètres, escalada des escaliers brisés, manqua de s’effondrer à plusieurs reprises en hurlant son nom, et termina finalement sa course bien plus tard dans une pièce du château. — Aureen ! Il avait hurlé à s’en fendre l’âme, les genoux au sol, et les yeux rivés sur une chambre vide. L’appel d’un coeur endeuillé. A bout de souffle, et à bout d’espoir, ses yeux tombèrent sur les mains qu’il avait posé au sol, dans une marre écarlate. Elles étaient couvertes de sang, et bien vite, le gout du fer vint de mêler au parfum du feu. Il se recula, horrifié et paniqué, pour venir heurter celle qui l’avait suivi. — Elle était là, je l’ai vu… Elle était juste là. Qu’il bredouillait entre deux sanglots. La souffrance lui vola une larme, et le sentiment de culpabilité lui en tira une seconde. C’est tout son corps qui, ici, lâchait prise. Sa dignité n’avait plus raison d’être. Les yeux rivés vers ses mains, il retint son souffle. Et s’il s’agissait du sien ? De son sang à elle ? La panique effaça les larmes pour venir le faire se relever d’un seul coup, s’essuyant tant bien que mal en s'emparant du premier tissu qu’il trouva. Des draps, des vêtements, peu importait. Mais ce qu’il découvrit le fit s’arrêter aussitôt. A cet instant, il n’eu aucune difficulté à comprendre où il se trouvait, et gronda un ultime gémissement en signe de rédemption. Le foulard ramassé était le sien. Un vêtement blanc, désormais teinté de rouge, et  auquel se mêleraient dorénavant ses pleurs. — Ramène-là. Fais-là revenir. Les mots étaient devenus des supplications. Sans la regarder, il bascula le visage en arrière pour contempler un plafond étrangement immaculé. — Ou fais-là partir, cette douleur. Lyla… S’il te plait.
Revenir en haut Aller en bas
Lyla Drysdale
anything you can do, I can do better
Lyla Drysdale
Date d'inscription : 11/04/2020
Messages : 326
avatar © : bruna marquezine · beckwith, tumblr
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : delilah, the genie of the lamp
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Au contraire, cher Flynn. Dans la vie comme sous les projecteurs : la grandeur dans l’improvisation, toujours.   “ Pas vraiment, non, ”  confessa-t-elle en haussant les épaules, avant que la fiole ne se brise et n’entraine deux maitres de l’ombre au sein du sanctuaire de lumière.
S’agissait là de sa seconde visite en quelques jours, pourtant elle jura solennellement qu’elle ne parviendrait pas à s’habituer à l’odeur, ni au paysage. L’on s’attendrait à plus de tolérance de la part d’une femme ayant passé plus de la moitié de sa vie dans les quartiers malfamés de Ravafina, qui comptait autant de morts dans ces travers que n’importe quelle autre région d’Evermore. Pourtant régnait ici un climat particulièrement lugubre, bon à prendre par les tripes, capable d’inspirer aux rares visiteurs une envie de baisser la tête et de troquer le moindre commentaire contre un silence de respect. Elle n’aurait pas à coeur de prétendre que tout ceci suscitait un intérêt comparable à celui de Flynn, mais elle éprouva malgré tout une certaine forme de respect pour les lieux ; elle n’était après tout pas un soldat du roi, et surtout, était aussi humaine qu’on puisse l’être. Planquée derrière un silence de contemplation, elle le laissa divaguer en gardant malgré tout un regard vers lui et en participant passivement à sa découverte, haussant les épaules et un regard à ses quelques répliques. Ils ne seraient jamais en mesure de rendre à Erendieren sa grandeur, pas même grâce à une illusion, puisqu’il fallait un modèle pour se baser, ou se résoudre à façonner un Erendieren qui n’en serait jamais tout à fait un. Si elle n’avait aucun commentaire à faire sur l’attaque, une partie d’elle se débattait pour donner raison aux adeptes du royaume de lumière qui laissaient éclater bien des plaintes à travers tout Evermore. Rien ne pourrait jamais justifier une telle boucherie, et toute née de Nighon fut-elle, Lyla ne parvenait que difficilement à se ranger du côté de sa propre patrie pour ce coup-là. Perdue dans ses pensées, elle mit un temps considérable à relever l’attitude changeante d’un Flynn en fuite.   “ Elle va être longue, cette journée… ”  souffla-t-elle, en le regardant s’éloigner à toute hâte, les épaules lourdes d’un dépit cynique. Une vague de la main fit apparaitre son moyen de transport favori : tapis volant. Il n’irait pas bien loin, mais ça ne justifiait pas qu’elle doive se fatiguer à lui courir après. Dans son sillage, mais à bonne distance, elle le laissa cavaler un moment dans les travers de Whitehaven, appeler et appeler et appeler quelqu’un devenue sourde à tout appel, même hurlé aux cieux sur le ton du plus grand, du plus violent des désespoirs. Son coeur se serra, tout comme ses lèvres. Combien elle se sentit chanceuse de ne pas se trouver à sa place. Combien elle préférait avoir été rejetée par son propre amour plutôt que de le savoir dans les limbes, mis hors de sa portée par quelque chose d’inébranlable. Cernée par les décombres, elle concéda de descendre de son transport et se heurta à un Flynn plus troublé que jamais.    “ Il n’y avait personne, ”  répondit-elle simplement, sans y mettre les formes. Flynn avait besoin de vérité, pas qu’on le ménage. Tout le moins c’est ce qu’elle croyait, mais ce pauvre jugement serait amené à changer et bien plus rapidement qu’elle ne le croyait.   “ Cela dit je veux bien croire que ces ruines vont bientôt devenir le siège de bien des spectres.  ”  Grandiose qu’il soit parvenu à trouver sa chambre dans ce dédale, et davantage qu’une telle relation ait causé tant de dégât chez un homme que l’on disait inflexible sur les choses de l’amour. Percutée de plein fouet par ses sanglots, elle se mordit la lèvre dans une tentative plutôt pénible de garder la face, mais il fallait être dépourvu d’un coeur pour ne pas céder face à tout le poids de ce chagrin. Elle tendit la main dans une tentative de l’apaiser, mais à presque rien de sa peau, trouva le geste fort déplacé.   “ Flynn, calme toi,  ”  commença-t-elle, si peu douée dans l’art de réconforter qu’elle ne s’était avant jamais sentie aussi ridicule qu’à l’instant présent. Elle lui reprit le foulard qu’il tenait dans les mains, convaincue qu’il voyait ce qu’il voulait voir et ne tenait donc pas dans ses mains quelque chose qui avait appartenu à sa défunte princesse. Dans chaque geste, chaque recoin, chaque odeur, chaque souffle, il verrait Aureen et elle devrait s’occuper de lui révéler la vérité plutôt que de lui concéder ses fantaisies.    “ Les gars disent que le Prince John de Nemeree a obtenu une faveur de son frère et est venu la récupérer au petit matin sur la grande place où nous étions, avant que tous les autres ne partent pour la fournaise. Ce n’est pas son sang que tu as sur les mains. Respire un grand coup.   ”  Elle regretta de ne pas avoir précisé que le tout jeune prince de Nemeree s’était occupé de venir chercher un corps, mais espéra malgré tout que Flynn ne verrait pas dans ce mauvais choix de mots un espoir qui n’avait pas lieu d’être.   “ Arrête,  ”  souffla-t-elle, plus ébranlée par une telle demande qu’elle l’aurait voulu.    “ Ça ne se peut pas, et tu le sais très bien. C’est ici que la magie s’arrête et où nous devenons tous, he bien, humain. ”  Qu’importe qu’on l’accepte ou non, magie ou non, au pied du mur, ils étaient tous semblables.    “ Quant à la douleur, je suis au regret de t’annoncer que tu devras t’y habituer.  ”  Ces choses-là ne s’oubliaient pas, moins encore ne s’annulaient. Le trou béant se résorberait peut-être, jamais totalement, mais au moins assez pour que respirer et réfléchir devienne tolérable, et qu’à terme, il puisse y penser avec une once de nostalgie sans se faire frapper par une foudre de regrets et de colère enchevêtrées. Ça, si au moins il le voulait. À le regarder, elle douta que l’envie lui vienne de remonter la pente, s’en sortir, exister de nouveau en dehors d’un amour bâclé, puis assassiné.  À tort ou à raison, elle fut frappé par l’impression toute vicieuse qu’il envisageait parfois de se tuer. Que la pensée l’avait traversée une fois au moins, et pouvait-elle vraiment l’en blâmer, si tant est que ce soit le cas. Y avait-il pire perspective que d’avoir ce choix-là et avoir toutes les raisons d’au moins le méditer ? Sans le vouloir, une partie d’elle parvenait à le comprendre et surtout, à croire qu’il avait entre ses mains bien plus d’arguments dans la colonne des pour et si peu dans celle des contre.Incapable de mentir ou seulement d’enrober, elle tenta malgré tout de donner à sa dernière vérité un accent de tendresse. Un effort pitoyable, mais on pouvait au moins féliciter la démarche toute inédite.   “ Je t’aiderai,  ”  proposa-t-elle, quand bien même il n’y avait rien de plus évident que ça. Elle déposa sur son épaule une main tendre, y exerça une pression, pour lui faire parvenir plus que ce que les mots pourraient, et enfin consentit à admettre que ce n’était peut-être pas la plus brillante de ses idées que de l’emmener ici.   “ J’ai cru que t’emmener ici te permettrait de commencer ton deuil, mais je vois bien que c’est trop tôt, et je m’en excuse.  ”  Dans son état, il serait incapable de se recueillir, mais continuerait de s’enfoncer par volonté de le faire, de ressentir tout le drame dans la moindre de ses dimensions après avoir refoulé et évité tout ce qui avait concerné une flamme désormais éteinte d’un côté et devenue un véritable brasier de l’autre.
Revenir en haut Aller en bas
Julian Carlyle

Julian Carlyle
Date d'inscription : 05/04/2020
Messages : 360
avatar © : casey deidrick (© rosewins)
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : prince flynn of nighon
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

L’image qui se présentait sous ses yeux larmoyants était surréaliste. Il s’était préparé au pire, mais devait bien admettre qu’à cet instant, il ne s’était jamais autant trompé. Chaque détail suffisait à lui évoquer une scène imaginaire, et il était désormais si aisé d’imaginer les cris agonisants de ces victimes. Ce qu’il restait d’Erendieren témoignait seulement de la violence de la bataille, son imagination se chargerait du reste. Il grelotait silencieusement, les lèvres pincées et l’esprit ailleurs. Il n’avait pas le coeur à combattre cette culpabilité grandissante qui lui pourrissait les entrailles. L’évidence était sous ses yeux désormais : il était responsable de sa mort. Si pas son commanditaire, au moins avait-il sa part à jouer dans la souffrance qu’elle avait pu endurer lors de ses derniers instants. La voix de Lyla s’était élevée, le sortant subitement de ses horribles songes. Il sursauta un bref instant, les yeux toujours rivés vers les dalles ensanglantées, avant de lâcher un long soupire en basculant le visage en arrière. On lui retira le foulard qu’il s’était imaginé sien, giflant une nouvelle fois ce qu’il pensait voir et qui n’était en fin de compte qu’un tissu parmi tant d’autres. La raison avait beau ne pas avoir sa place ici, elle était là pour la lui rappeler. La pitié ne lui serait d’aucun recours, elle le savait. Ainsi donc, ses mots n’iraient pas dans ce sens-là, mais tenteraient plutôt d’apporter un baume réconfortant sur ce coeur en pleine agonie. Les yeux clos, le prince écoutait d’une oreille attentive ce qu’on lui soufflait, tâchant tant bien que mal de recouvrer un souffle régulier. Il était bien incapable de penser, mais demeurait encore suffisamment conscient pour avoir entendu ses derniers mots. Loin d’être naïf au point de croire qu’elle ait pu survivre, l’idée qu’elle ait pu bénéficier de funérailles le soulagea d’un lourd fardeau. Il souffla, un mince sourire sur la commissure, mais aucune joie sur les traits sombres de son visage. S’habituer à la douleur. Fallait-il seulement qu’il puisse en être capable. Comment pourrait-il marcher sans avoir le sang de sa bien aimée gravé dans les paumes de ses mains ? Sans le vouloir, Lyla, en l’emmenant ici, avait inscrit le meurtre d’Aureen dans sa chair. Il aurait pu la tuer de ses mains que le sentiment de culpabilité aurait été le même.  Ces choses-là ne s’oublient pas, jamais. Il devait apprendre à vivre avec, à l’endurer, et à le combattre à chaque instant. Il saignerait jusqu’à son dernier souffle, et emporterait avec lui le poids de la honte dans sa propre tombe. Finalement, il méritait de vivre avec cette douleur-là. On avait lâchement assassiné son amour, ce même amour qu’il avait lui-même refuser d’assumer, et le voilà désormais qui en payait le prix fort. Sa gorge se noua, une fois encore, alors qu’il revivait leurs derniers instants ensembles. Il avait été si cruel… Et tout ça pour quoi ? Flynn étouffa un dernier sanglot lorsqu’il senti le poids d’une main venir se poser contre son épaule. C’est tout son corps qui se mit à trembler alors qu’il lâchait enfin prise. — Non, tu as bien fait. La voix était étranglée, quasi inaudible, mais il était parvenu à lui répondre. Sa main trouva machinalement la sienne, toujours posée sur lui. Le geste fût bref, et bien plus symbolique que tendre. Son regard trouva finalement le sien, et pour la première fois depuis bien longtemps, un rictus vint courber la ligne de ses lèvres. Il aurait volontiers pleurer, encore et encore, se serait agenouillé pour les siècles à venir devant ce cimetière sans vie. A la place, et dans un effort pitoyable, il se redressa pour retrouver le peu de magnificence qu’il lui restait. Il se refusa de contempler plus longtemps ce décor, et pris soin de contourner la djinn pour poursuivre leur périple. Plus calme, mais pas moins dévasté, chaque pas au sein de ce château lui déchirait un peu plus le coeur. Flynn s’efforçait d’imaginer un Whitehaven rayonnant et majestueux. Elle lui avait compté tellement d’histoires au sujet de ces lieux, rêvant sans doute secrètement que son prince y découvrirait à ses côtés les moindres merveilles. Un silence effroyable y régnait désormais en maître, glaçant littéralement le sang des rares invités qui osaient parcourir ces ruines. Flynn s’arrêta une nouvelle fois, le regard posé sur l’ombre qui les suivait depuis plusieurs minutes désormais. Toujours aussi jolie, mais toujours aussi intouchable. — Je ne les contrôle plus… les illusions. Avoua-t-il à demi-voix. — Je la vois, partout, tout le temps. Elle est là, et je ne peux rien faire pour l’arrêter. Il ne pouvait ni la toucher, ni même l’approcher. Chaque fois, elle disparaissait en lui tournant le dos, à l’image de ce qu’il lui avait fait endurer lors de leur dernière rencontre. Pourtant, elle se tenait là. Belle dans sa magnifique robe blanche. Ses cheveux blonds tombant de part et d’autre de ses épaules. Mais la tristesse dans le regard, et aucun sourire pour bercer son âme. Il ignorait si Lyla pourrait la voir, mais la désigna machinalement en tentant de l’attraper. Comme toujours, elle se déroba à lui pour ne devenir que des cendres. Une drôle de métaphore pour désigner ce qu’il restait d’eux. La main toujours tendue, il serra doucement le poing en refermant les yeux. — J’ai l’impression de devenir fou… Et peut-être le suis-je devenu, après-tout. Il souriait, la gorge nouée et une colère grandissante aux creux de l’estomac. Le sang appelait le sang, toujours. Et si la tristesse et les regrets l’emportaient ce jour, demain, c’est sa rage qui prendrait le dessus. Dans un dernier élan d’impulsivité, il hurla une ultime fois sa souffrance en abattant ses phalanges contre un mur déjà couvert par le sang, et désormais par le sien. La seconde suivante, le silence reprit possession des lieux. La douleur physique ne suffirait pas à masquer sa souffrance psychique. Mais il continuerait, jusqu’à ce qu’elle prenne le dessus, et qu’il soit ainsi guéri de cette maladie qu’on appelle l’amour. Et pourtant, sans qu’il le sache, c’est bien ce même amour qui l’en sortirait. — Tu es tout ce qu’il me reste Lyla. Son regard était désormais rivé vers celle qui se tenait à ses côtés. Sa plus fidèle alliée. L’amie inespérée qui avait croisé sa route là où il ne l’attendait pas. Delilah était bien des choses, djinn et puissante magicienne sans nul égal, mais avant tout, elle était une partie de sa vie. Sans elle, il n’est rien. Sans son ombre, il cesse d’exister. Aussi simplement que ça. Il lui devait la vie, aujourd’hui, puisqu’à ne pas en douter, il se serait ôter la sienne s’il n’y avait pas eu ce serment entre eux. Une loyauté sans faille, et une amitié indéfectible. Elle est sa reine, il est son roi. — Rentrons chez nous.
Revenir en haut Aller en bas
Lyla Drysdale
anything you can do, I can do better
Lyla Drysdale
Date d'inscription : 11/04/2020
Messages : 326
avatar © : bruna marquezine · beckwith, tumblr
evermore and further

Feuille de personnage
doppelganger : delilah, the genie of the lamp
from : nighon
relationships :

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Évidemment qu’elle avait bien fait de le sortir de son trou, mais quand même. L’art et la manière. Elle regretta amèrement de l’avoir entrainé ici, et Flynn pouvait comprendre, admettre, accepter, cela ne changea pas le sentiment de regret qu’elle éprouvait devant les éclats dans sa voix, la détresse dans ses prunelles, et tout ce que son regard disait d’autre sans qu’il n’ait besoin d’ouvrir la bouche. De crainte de marcher dans un creux ou de faire s’effondrer les couloirs, Lyla se glissa de nouveau dans son ombre, sa place attitrée, alors qu’ils divaguaient de nouveau dans ce dédale funeste. Sa confession à propos de ses illusions lui arracha un regard triste et une moue contrite, et sans qu’elle ne s’en aperçoive, à se retourner pour en avoir le coeur net ; mais rien, personne dans leur sillage.   “ Est-ce que tu veux vraiment l'arrêter ?   ”  Est-ce que ça ne signifiait pas que pour lui, elle était encore un peu là ? Qu’en un sens, sa magie l’aidait à surmonter lentement, mais surement le drame, en lui laissant un ersatz d’Aureen ? Qu’inconsciemment, il avait besoin de cette ombre dans sa vie, à défaut d’avoir la vraie ? Incapable de fournir des réponses, ou ne serait-ce qu’un analyse, Lyla poussa un soupir.   “ J’imagine que c’est là le fardeau d’un magicien illusionniste,  ”  et un qui avait passé visiblement trop de temps à jouer avec sa magie, au point de gommer la frontière raisonnable entre réalité et fiction. Lyla mettait un point d’honneur à ce que les illusions s’arrêtent à la porte d’Oqitara. Être une illusionniste lui permettait de se rappeler qu’elle refusait obstinément de vivre dans le mensonge et qu’il y avait aussi un monde, le vrai. Qu’il n’y avait rien de plus formidable que de le vivre de plein fouet, le ressentir à pleins poumons, l’embrasser à pleine bouche, ce monde. C’était peut-être là qu’ils différaient le plus, pourtant elle ne se considéra pas comme meilleure que lui, mais plutôt comme différente ; et il avait, selon elle, besoin de cette différence aujourd’hui.   “ Elle cessera peut-être de te suivre au jour où tu consentiras à tourner la page.  ”  Si ce jour arrive. Au moins fallait-il l’espérer. Lyla ne lui souhaitait pas de vivre une moitié d’existence, ou de ne subsister qu'avec une moitié de coeur, mais il fallait surtout espérer que sa relation ne le définirait pas. Ça n’avait été le cas jusqu’à présent, mais elle se douta bien que le deuil le pousserait à n’exister que pour ses erreurs, ses ratés et ses regrets ; et il serait dans son plein droit, tant que ça ne durait pas infiniment. D’autres lui diraient qu’il y avait bien d’autres femmes dehors, et des mieux. Des femmes qui se précipiteraient à ses pieds, vendraient leurs peaux et leurs âmes pour quelques minutes de son attention, des mots qu’ils soient doux ou féroces, et des baisers mêmes empoisonnés, tant qu’il était disposé à les distribuer. Mais Lyla savait au fond, pour vivre de ce même amour brûlant, qu’aucune autre étreinte ne ferait jamais vraiment l’affaire, et que Flynn s’alignerait pour toujours sur son opinion de la chose qu’il le veuille ou non. En lui jetant un regard, elle parvint à comprendre où il venait en venir, avec ses histoires de fantôme. Le sien de regard se perdait dans le vide, fixait un point qu’elle était incapable de déterminer, et elle se demanda combien de temps ça durerait ; aussi longtemps qu’il le faudrait, à n’en pas douter.   “ Tu l’as toujours été.  ”  Fou. Le ton était badin, puisqu’elle savait qu’il saurait déceler qu’un peu de folie n’avait rien de honteux ; c’était même tout l’inverse. Ils ne feraient rien, elle et lui, sans une folie. Quel intérêt, quel ennui, et surtout quel gâchis ce serait que de voir un maitre illusionniste terre-à-terre.   “ Nous le sommes tous.  ”  Sinon comment Oqitara aurait subsisté, toutes ces années durant ?   “ C’est intéressant que tu ne t’en rendes comptes que maintenant.  ”  Sérieuse de façade, un humour tranchant et peut-être un rien mal dosé : Lyla. Le rire de Flynn et le passage au hurlement féroce le fit sursauter et elle porta une main à son palpitant pour en calmer les battements rudes. Barge, effectivement. Impressionnée par une telle douleur et sa façon toute inédite de la gérer, en la recrachant à pleins poumons plutôt que d’essayer de la ravaler, Lyla le scruta un moment. À ce stade, Flynn ne souffrait plus. Ce qu’il ressentait allait au delà de tout ce qu’elle avait pu voir, entendre, ou lire dans les ouvrages. Son autre confession lui arracha à la fois perplexité et regard de loyauté.   “ Désolée,   ”  rétorqua-t-elle, expliquant tacitement qu’il ne faisait pas une affaire. Lyla faisait une djinn à peine décente, une piètre humaine, une amie à la limite du pitoyable, et pour ce qu’elle en savait, une compagne bonne à être remplacée par un rat de taudis. Si elle prétendait fabuleusement avoir une haute opinion d’elle-même et crachait sur les pompes de quiconque osait critiquer sa valeur, elle était en réalité plus complexée que n’importe qui. Une femme, donc.   “  Ce n’est pas tout à fait vrai, cela dit, ”  poursuivit-elle, le ton léger, en faisant librement référence à Oqitara et toute la troupe qui attendait le retour du souverain sous le chapiteau, quand bien même il ne s’agissait évidemment pas de la même chose. Sur demande, elle fit apparaitre une seconde fiole entre ses doigts, mais hésita avant d’en briser le capuchon.   “ Flynn… ”  Elle pensa lui faire part de la dernière anecdote qu’elle avait récolté, et certainement la plus importante. Lui expliquer le rôle de son père dans la chute d’Erendieren et le lier à son ultime acte de défiance envers son propre fils. Que Flynn n’était coupable que d’être le rejeton d’un despote et d’un meurtrier sans la moindre once de morale. Pourtant à le regarder, elle décréta que l’information viendrait d’un autre, peut-être, une autre fois, surement, et qu’il avait assez encaissé pour aujourd’hui. Elle refusa de voir ses maigres progrès tomber en miettes ; pas avant qu’il n’ait les épaules pour supporter qu’il ne soit pas celui qui avait le sang d’Aureen sur les mains, mais que ce sang se trouvait sur les mains de son propre père, devant qui il était tenu de faire une révérence à chaque rencntre.   “ Oui, rentrons. ”  Lâche. Mais avant qu’il ne relève, la bouteille s’écrasa de nouveau et autour d’eux, le drame d’ Erendieren disparut pour laisser place au drame de Nighon.   “ Ta nouvelle décoration est sinistre, ”  commenta-t-elle ne sachant plus où poser sa botte entre les bouts de verres, les meubles en vrac, le sang sec sur la moquette et les bouteilles vides. Elle fit claquer deux doigts ensemble pour non pas rendre de sa superbe à la pièce, mais plutôt pour lui donner des allures nouvelles. De lourds rideaux dans les tons noir, pourpre et ocre. Des meubles en acajous vernis, un lit monumental aux draps de sois et aux couvertures de velours sombre. Le bureau lui n’avait pas changé, mais devant lui trônait désormais un superbe feu de cheminée, deux fauteuils et un jeu d’échec flambant d’oeuf.   “ Plus tard, Oqitara,  ”  décréta-t-elle. Mais beaucoup plus tard.    “ De rien. Fais-toi une beauté et descend diner avec la reine.   ”  Elle douta qu’il le fasse, mais tenta au moins de lui glisser l’idée, puisque c’était là l’une des raisons qui expliquait sa présence : la reine s’inquiétait.   “ Et cesse d’utiliser le miroir pour alimenter tes névroses, tu feras déjà un bon pas. ”  Sa langue claqua dans sa bouche comme un ordre, quand bien même elle n’était d’ordinairement pas la patronne des deux.  Si sa magie s’amusait à lui rappeler Aureen bien malgré lui, les moments partagés qui se rappelaient à lui dans le miroir était de son propre fait et elle regretta immédiatement de ne pas l’en avoir privé.   “ Tu ne voudrais pas avoir ce point commun avec ta soeur,   ”  darda-t-elle, mesquine.  Il était de notoriété que Bianca collectionnait les objets magiques, et avait en sa possession un miroir devant lequel elle passait ses journées à se reluquer comme si elle était l’une des plus grandes merveilles du monde. C’est au moins ce qui se colportait, et pour avoir côtoyé la sorcière sans magie de Nighon, Lyla concédait volontiers une part de vérité à cette rumeur-ci.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

evermore and further

ain't never had a friend like me  · w/flynn Empty

Revenir en haut Aller en bas
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» chase this light · w/flynn
» punishment for the liars (flynn)
» and I will leave a light on · w/flynn.
» i solemnly swear that i'm up to no good. · w/flynn

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
-
Sauter vers: