Faire demi tour est une possibilité, peut-être même un choix judicieux compte tenu les tensions qui émanent de ce coin du club où sont regroupés ses amis. Des tensions qu'on pourrait presque distinguer à l'œil nu tant ils ont tous une difficulté certaine à camoufler les sentiments presque néfastes qui les animent. Certes, Odessa pourrait très bien pivoter des talons et rejoindre le rooftop, là où l'air paraît plus pur, où claustrophobie ne se fait pas ressentir, mais elle n'est pas de ces gens là, de ceux qui prennent la fuite au premier obstacle. Aussi, se contente-t-elle d'approcher le groupe, armée d'une assurance qu'elle prétend inébranlable mais qui s'effrite à mesure qu'on la crible de reproches qu'elle rejette néanmoins d'un haussement d'épaules nonchalant. Alors peut-être qu'elle pourrait faire davantage d'efforts et ne pas laisser son irritation prendre du terrain sur son affabilité - dont la simple existence est discutable - mais faut-il vraiment s'attendre à tant de considération de la part d'Odessa ? — Ugh, souffle-t-elle lorsque Julian s'adresse à elle, tout en condescendance et ingratitude. Elle ne relève même pas le commentaire de Jamie qui la prend à partie alors qu'il aurait mieux fait d'honorer les termes du sois beau et tais-toi ; une injonction à laquelle elle a été maintes fois confrontée et que nul n'a su lui faire respecter. Et puisque ces retrouvailles ne sont pas assez insoutenables comme ça, voilà qu'on vient encore l'accabler d'une terrible suggestion qui vient s'ajouter à la pile pré-existante. Un discours ? 'Manquait plus qu'ça. Si elle a échappé de justesse au premier monologue de l'hôte, semblerait que sa chance ait tourné, l'astreignant à écouter les immondices qui s'échappent de la bouche de Julian et lui donnent tout juste envie de se cogner la tête à répétition contre la première surface solide à disposition. Elle ne daigne même pas gratifier sa dernière réplique d'une réaction, se parant de cette indifférence qui lui colle à la peau quand bien même une once de curiosité voudrait qu'elle se tourne vers Eliot et Jamie pour jauger le contrecoup de cette annonce. Elle n'en fait rien, faisant de discrétion sa plus grande alliée. Et comme si la voix de Carlyle ne suffisait pas à lui hérisser le poil, elle se retrouve désormais victime de ses enfantillages tandis qu'il se tourne vers elle pour lui adresser une grimace qui lui font lever les yeux au ciel. Bon débarras qu'elle pense lorsqu'il fait part de ses plans au reste de la bande. En attendant, Jamie revient avec une nouvelle bouteille en main, annonce en prime. Une qui lui fait légèrement arquer un sourcil, incrédulité qui vire à l'irritation lorsqu'elle assiste à l'échange entre lui et Lyla. Elle n'a aucune envie d'être là et son silence inhabituel et presque incommodant ne peut qu'en attester. Elle lève légèrement son verre pour trinquer mais ne porte pas le liquide à ses lèvres, le reposant simplement sur la table. And then there were three, puisque Julian prend l'initiative de s'éclipser en compagnie de Reira et Lyla. Les prunelles d'Odessa parcourent la salle à la recherche d'une distraction mais c'est la voix d'Eliot qui capte son attention alors qu'il désigne la place à ses côtés. Lèvres pincées pour contenir le sourire qui manque de lui échapper face au regard qu'il lui sert. Be more obvious, I dare you. — Mhm, mais je me sens l'âme généreuse ce soir. Je peux bien vous accorder cinq minutes de mon temps. Elle prend enfin place aux côtés de son ami, ses opales glissant de son visage à celui de Jamie et inversement. Oh boy, what a mess. Il y a bien qu'elle pour se foutre dans des situations pareilles. — Intéressant discours, commente-t-elle, parce qu'elle estime clairement ne pas vivre assez dangereusement comme ça. Elle se saisit d'un verre dont elle vide lentement le contenu, les yeux perdus dans l'infinité de l'espace, avant qu'ils ne se posent sur un visage familier. Elle profite de l'absence momentanée d'un Jamie trop occupé à lorgner sur le groupe qui s'est dirigé vers le bar pour susurrer quelques mots à l'oreille du Drysdale. Come find me when you wanna get out of here, une main qui remonte la cuisse d'Eliot sur laquelle elle prend appui pour se relever. — Cinq minutes, qu'elle indique pour justifier la brièveté de cette entrevue avant de s'aventurer jusqu'au bar où elle accoste un Peter vraisemblablement occupé mais rien qui ne saurait la faire dévier de son plan. — Hey Petey, l'apostrophe-t-elle, un bras se pendant à son cou, l'autre se saisissant du verre qu'il tient entre les mains, ignorant royalement la présence féminine à laquelle elle vient faire de l'ombre. Elle dépose un baiser sur la joue de Peter pour le remercier de sa galanterie, meaning this drink is now mine, order yourself another if you're thirsty. — Tu fais les présentations ?

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Si Reira a généralement de bonnes idées, proposer à Julian de faire un discours ne rentre définitivement pas dans la catégorie. Ce n'est pas tant que tout le monde a l'air profondément mal à l'aise à composer comme si de rien n'était quand le temps et les embrouilles se sont chargés de les éloigner, c'est surtout que Julian a la bonne idée de parler d'Eliot. Elle sent ses joues qui s'empourprent et s'efforce de ne pas croiser son regard. A la place, elle a les yeux rivés sur son propre verre qu'elle boit maladroitement, plus mal à l'aise que jamais. On penserait qu'avec le temps, chacun aurait retenu à la leçon et qu'on arrêterait de cacher des secrets aux autres, mais Reira n'a pourtant aucune envie que tout le monde apprenne qu'elle couche avec Eliot. Elle ne veut pas qu'on lui fasse la leçon sur tous les problèmes que ça peut entraîner, ne veut pas qu'on la juge, ne veut pas qu'on s'échine à commenter sur ce qui n'est, et ne sera jamais, que du bon temps entre amis sans aucune attache. C'est du moins ce qu'elle aime à croire, même quand une petite voix dans sa tête lui souffle que rien n'est jamais aussi simple que ça, à partir du moment où des amis sont impliqués. Julian passe un bras autour de ses épaules, et elle manque s'étrangler quand il revient sur le fait de la voir avec quelqu'un ce soir. Son maisnonmaisquoimaispasdutout se noie dans le bruit et la musique, si bien qu'elle est persuadée que sa réponse passera inaperçu. Reira n'est pas venue pour ça et n'a donc pas besoin d'aide dans ce domaine. Pour faire bonne impression, elle préfère garder le silence et répondre d'une esquisse de sourire gêné. Jamie les interrompt pour porter un toast à son tour. Il a vendu sa galerie, première fois qu'elle en entend parler, et est apparemment ravi de la nouvelle au point de leur commander un magnum de champagne qu'elle ne saura pas apprécier à sa juste valeur puisqu'elle boit trop rarement pour réellement s'intéresser à la qualité de la boisson. Tout comme Julian, son toast sonne creux bien qu'il ait le mérite d'être nettement plus court, et Reira ne rêve déjà que de pouvoir s'enfuir, se terrer dans un coin où on ne la remarquera pas et où elle fera illusion en prétendant passer une bonne soirée – au moins jusqu'à ce qu'il soit acceptable de commander un Uber et rentrer chez elle, épuisée par les faux semblants dans lesquels tous se complaisent. Elle se demande parfois ce que ça ferait, si de tous elle était celle qui jetait le pavé dans la mare en disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas, mais elle n'en est pas encore arrivée à ce stade irrévocable de l'espoir perdu. L'illusion est trop fragile pour être crédible, et pourtant elle s'y accroche encore et toujours, comme si les choses pouvaient changer quand ils ont tous dépassé ce stade depuis longtemps. Elle lève à nouveau sa flûte de champagne pour célébrer le succès de Jamie. « Félicitations » fait-elle, à moitié convaincue de réellement le penser tant sa vie professionnelle n'a jamais semblé être au centre de ses préoccupations, et se laisse entraîner par Julian jusqu'au bar en compagnie de Lyla. Elle aussi a l'air ravie de pouvoir s'échapper de l'atmosphère étouffante, et elle a au moins des raisons logiques de ne pas vouloir s'attarder en présence de son ex. Si Reira gardait le mince espoir que la remarque de Julian soit passée inaperçue auprès de sa meilleure amie, il n'en est rien : ce n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde, et elle ment si mal qu'elle ne doute pas se faire coincer dans la minute qui suivra. Sauf que. Sauf que d'elle, on n'attend ni erreur ni secret, on s'imagine qu'elle le dirait si c'était elle et de toute façon, elle est trop bien pour un Eliot et tout le monde le sait. Ce n'est pas elle que Julian a en tête, comprend-elle quand il tourne le regard vers Odessa, qui a à son tour abandonné les deux compères pour rejoindre quelqu'un d'autre. « Je suis toujours silencieuse » rétorque-t-elle, mal à l'aise à l'idée qu'elle soit découverte, plus mal à l'aise encore à l'idée que Julian ait fait référence à Odessa. Qu'Eliot puisse coucher avec Reira dépasse déjà l'entendement, mais elle ne peut pas imaginer qu'il cumule la bêtise au point de coucher également avec une autre fille de leur groupe, surtout quand il s'agit d'Odessa. Et pourtant... « Tu me connais, je n'ai aucun secret, absolument rien à cacher. » Elle joue de sourires et de complicité pour ne pas se trahir, même s'il est difficile de ne pas s'attarder sur les regards qu'elle lance à Eliot l'air de rien. « Mais c'est vrai que je suis curieuse, Julian. Tu faisais référence à qui ? Qui serait assez stupide pour coucher avec Eliot ? » Dodging a bullet 101, bienvenue à la masterclass de Reira Khan.

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Sa tenue est visiblement un franc succès, auprès de l'homme à son bras au moins : et ça lui suffit amplement. Elle n'a d'yeux que pour Cameron et la réciproque semble être vraie, de quoi se demander ce qu'ils font dans un endroit aussi blindé de monde alors qu'ils pourraient n'être que tous les deux et profiter d'une soirée indéniablement plus charnelle. — Tu le découvriras plus tard, promet-elle contre ses lèvres, préférant éviter les sous-entendus trop imaginés afin qu'ils ne quittent pas définitivement la soirée avant qu'elle n'ait commencé. Ils trinquent donc à "eux" et puisque tout est prétexte à un nouveau baiser, Sage s'en donne à coeur joie pour retrouver sa proximité avec le brun. Le baiser est plus passionné, plus pressant aussi, comme s'il ne faisait qu'annoncer une suite qu'ils ne connaissent que trop bien et qui leur est évidemment interdite ici. S'il est déjà assez pénible de devoir se tenir suffisamment à distance pour ne pas donner l'impression de se jeter l'un sur l'autre en public, le tout s'apprête à devenir encore moins sympathique quand ils repèrent Oliver et Victoria. Elle constate au moins que Cameron a l'air aussi peu emballé qu'elle par la perspective de mixer leurs duos et cela parvient à lui redonner le sourire. Elle n'a malheureusement pas le loisir de répondre puisqu'elle constate avec effroi, en jetant un oeil par dessus l'épaule de Cameron, que le duo se rapproche à vitesse grand V. Elle parvient à lui adresser un faible sourire compatissant avant qu'il ne s'efface totalement lorsque son regard se pose sur Victoria -pas sur Oliver, pas encore. — Bonsoir Victoria. Parce que Sage est bien élevée et qu'elle croit encore que le climat n'a pas à être si tendu. — Oliver. Trop tard, toute désillusion s'est envolée et elle n'a plus avec elle que la désagréable impression qu'une pierre vient de lui tomber dans l'estomac. La vision de Victoria lui est particulièrement insupportable et ce parce qu'elle se demande si elle n'a pas profité de l'occasion pour se débarrasser d'une vieille rancune. Elle se force malgré tout à ne pas laisser la paranoïa l'atteindre - il n'y a aucune raison que Victoria soit au courant de son histoire passée avec Oliver et même si elle l'était, elle n'était pas supposée savoir que la vision de leur "couple" lui donnerait la nausée. "Je ne savais pas que vous étiez ensemble." Pourquoi l'aurait-elle su ? Sage et Victoria n'étaient pas de grandes copines - pas depuis que Sage avait eu le malheur de bien s'entendre avec son crush d'une lointaine époque, en tout cas. Par contre, elle n'était pas non plus au courant que Cameron connaissait Victoria -et Oliver non plus, visiblement. — Et bien, que de découvertes ce soir. Elle cherche à adopter un ton léger mais l'ironie est palpable pour quiconque tend suffisamment l'oreille. Il n'y a peut-être que Cameron qui ne doit voir aucune malice à ce quatuor atypique, seulement un tangible malaise qu'il ne doit pas totalement s'expliquer. Elle tourne légèrement la tête sur la gauche pour offrir à Cameron un regard interrogateur, soudain refroidie par une relation dont elle ignore tout entre son amie et son petit-ami. — Oh non t'en fais pas, on a largement profité l'un de l'autre avant de venir, un peu de compagnie est toujours appréciable. A croire qu'Oliver avait le don de la rendre mauvaise, sûrement parce que c'était bien sa seule défense face à une colère qu'elle était contrainte de garder pour elle. Elle aurait effectivement pu saisir la perche tendue pour continuer leurs soirées chacun de leur côté mais elle savait qu'elle ne réussirait de toute façon plus à profiter de son moment avec Cameron maintenant qu'elle les avait croisés. Et puis c'était aussi l'occasion d'éclaircir quelques points dont personne n'avait l'air d'être très au courant - elle la première. Partagée entre la frustration de voir Victoria avec qui elle entretient des rapports compliqués, la pointe de jalousie de la voir au bras d'Oliver et l'inquiétude de ne pas savoir comment elle connait Cameron, Sage termine sa coupe de champagne d'une traite et prie pour qu'on lui en amène beaucoup d'autres.

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Trois notes et des shots : c’est tout ce qu’il faut à Rose pour partir. Aux premiers oh baby baby, la régression bien entamée la tourne immédiatement vers Peter. « Oh putain. Lily, tu bouges pas j’reviens. J’suis obligée là. » Il sait. Elle sait qu’il sait. Aussitôt dit qu’elle se lève et va trouver son meilleur ami, visiblement en très bonne compagnie puisqu’une autre nana semble s’être décidée à tomber dans le panneau Llewelyn-Davis. Evidemment, ça ne l’arrêtera pas. « Peter, PETER ! NOT’ CHANSON ! » Alors oui, Baby one more time fait partie de ces délires qu’ils n’ont que tous les deux sans prêter attention aux circonstances – normalement. Ca implique peut-être de niquer ses coups et de lui (leur) foutre une honte monumentale mais sur la liste des priorités du tombeur, Rose ne souffrira pas une autre place que la première. Pour ce qui est de son état, si tant est qu’il y ait besoin d’une précision, elle est déjà très (trop) loin. La voilà qui prend la main de Peter, le force à se lever sans prêter la moindre attention aux filles avec lui. « When I’m not with you I lose my miiind, GIVE ME A SIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIGN. » Putain. De. Merde. Encore un truc qu’elle regrettera plus tard ; mais là, elle est si bien. Grand sourire et yeux brillants, elle danse déjà au milieu du lounge et tant pis pour la honte : elle connait déjà trop. Et attention, on n’en est pas encore à la fin de la chanson. Bientôt le moment de faire connaitre à tous l’étendue de ses talents vocaux – sans grande surprise, on n’est pas loin du zéro – et de faire vivre à son ami les trois minutes quarante-cinq les plus longues de sa vie. Peter doit déjà la maudire, mais puisqu’elle est dans ces moments grandioses où sa folie l’emporte sur la raison, elle lance : « Fais pas genre, tu la connais mieux que moi ! Allez, ensemble : oh pretty baby, there’s nothing. that. I. wouldn’t dooooo. » Sage les trouve insupportables ensemble : force est de constater qu’elle a to-ta-le-ment raison.

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Joliment obnubilé par Sam, Peter ne voit pas Odessa l’accoster avant qu’elle ne colle ses lèvres sur sa joue. Surpris, il fronce un sourcil, mais à détailler du regard combien elle peut-être bombesque, le sourcil retombe et ses commissures laissent deviner que son ego se flatte de cette intervention.  Petey ? Pour qui elle se prend cette emmerdeuse. S’il laisse couler le surnom, le vol du verre appelle au commentaire :   “ De rien. ”  Sam hausse les épaules, fronce à son tour les sourcils et lui baisse la tête pour ce qu’il sait que ce plan-ci vient de frapper un iceberg.  Odessa est du genre à marquer son territoire, mais là il ne voit pas bien quel motif elle peut avoir en tête, si ce n’est celui d’emmerder le monde ; ce qu’elle fait mieux que personne.   “ Non. Qu’est-ce que tu me veux ? ”  ou plutôt   “ Qui est-ce que t’essayes d’emmerder ? ”  Evidemment il n’est pas assez idiot pour croire qu’elle a un intérêt pour lui, là, tout de suite ; mais est tout aussi au courant qu’Odessa Rhodes sait et aime créer la surprise, alors alors.   “ Encore cette vieille histoire avec …Ja…mie  ? Jamie ? ”   Good call, champ. C’est dire combien son intérêt pour les petites histoires de coeur d’Odessa, s’il en est, ne valent pas grand chose à ses yeux.   “ Ou bien t’en as un nouveau ? ”  Ses lèvres se fardent d’un sourire carnassier. Pas que ça l’intéresse, mais il connait assez Odessa pour savoir qu’elle ne fait rien sans la bonne impulsion. Heureusement pour elle, Peter est bon joueur et plus que jamais disposé à entrer dans son jeu. Devant le binôme qui se dévore des yeux, Sam a de toute façon décampé et lui s’apprête à déclarer forfait en glissant une main évocatrice sur la hanche de sa nouvelle compagnie lorsque Britney en décide autrement. On croirait que dans un club de cette envergure, se voulant tout à fait moderne, ces vieilleries de bagnoles ne devraient pas passer, et pourtant. Les premières notes de Baby one more time retentissent et pour l’avoir hurlée en voiture avec Rose bien plus de fois qu’il ne daignera l’admettre, Peter sait comment ça va se terminer.   “ Holy mother of—  ”  Il sait qu’elle ne va pas le louper. Il la sent s’approcher ; c’est comme un sixième sens. Il sait Rose arriver sur sa droite et n’ose même pas lui jeter un regard parce qu’il sait pertinemment que sa soirée est foutue et qu’il refuse de contempler l’échec droit dans ses grands yeux vitreux. Ainsi s’échappe un   “ Non. ”  qui se veut ferme, mais dont Rose, dans un état second ou normal, se moque toujours éperdument. Sensationnel combien son autorité toute naturelle n’a aucune emprise sur elle.   “ Arrête. Non. C’est hors de question. ”  Putain, elle chante en plus, l’angoisse.    “ Non! Rose! Non! Mon père est là.”  Comme si c’était un argument valable auprès de Rose. Debout, sa main dans la sienne, il n’ose même pas regarder autour de lui tant il refuse de se confronter au jugement des autres convives, et notamment de son père.   “ Vache, déjà dans cet état en même pas quelques verres, je sais pas ce qui me fait le plus honte. ”  Oh, si, tu sais. Rose est déjà à son zénith et lui s’est fait voler tous les verres qu’il avait dans la main, c’est comme ça qu’ils en arrivent à un lui proprement sobre et à elle qui se dandine et chante comme si sa vie en dépendait.   “ Tu fous ma vie en l’air, putain, je veux divorcer.”  La grimace sur ses traits et le ton, capricieux et dépité, entreront dans ces moments d’anthologie qu’ils collectionnent. Mais puisqu’ils sont là, puisque c’est de toute façon trop tard, que tout le monde regarde et qu’il n’en a, au final, absolument rien à secouer de ce que les autres pensent de lui - sinon il serait mort de honte depuis longtemps avec cette nana qui s’entête sur son cas - il commence à remuer un rien de droite à gauche, à marmonner la chanson qui n’en est, surprise, qu’à la moitié.   “ Oh baby, baby, how was I supposed to know ? Oh pretty baby, I shouldn’t have let you go.”  Une partie de lui voudrait la tuer, mais une autre, qui a toujours l’avantage lorsqu’il est avec Rose, meurt d’envie d’exploser de rire, mais il n’y a vraiment que ça qu’il ne veut pas lui concéder. Putain cette fille. trop mignonne, trop chiante, trop tout. Le constat le frappe, l’emballe et le frustre tout à la fois, alors qu’ils dansent et qu'encore une fois, il lui a cédé et se couvre de ridicule se faisant. La chanson s’achève et il glisse deux bras fermes autour de sa taille, la soulève, et ne la dépose que plus loin sur le siège qu’elle occupait avant, juste devant son amie.   “ Non ! Tu ! Hein ! Là ! Non ! ”  Des fois qu’elle voudrait s’y agripper, à sa putain de fierté, et l’émietter un peu plus. Il lui tourne le dos en décrétant qu’elle est de nouveau le problème de Lily, même s’il est évident qu’ils n’en resteront pas là et qu’elle redeviendra son problème à un moment donné. Les coudes de nouveau sur le comptoir à côté d’Odessa, il se commande un verre bien mérité et, grand seigneur, en demande un autre pour sa compagnie.    “ Me regarde pas comme ça. Vu les meilleurs amis que tu te trimballes, je crois que tu peux au moins essayer de comprendre.  ”  Il est même à peu près certain qu’elle l’a bien pire ; quoi qu’il faille s’en remettre à Rose Nightingale pour défier les statistiques, des fois que Britney ferait une autre incursion dans leur soirée.

@odessa rhodes @rose nightingale

La bombe avait été lâchée, maintenant la soirée pouvait enfin prendre une tournure intéressante. Sourire carnassier sur les lèvres, Julian savoure le joli merdier qu’il venait d’installer suite à son discours. Il en ricane comme un gosse, se frotte malicieusement les mains, et ne manque pas d’adresser à Eliot un charmant clin d’oeil en gage de soutien moral. Oops, qu’il murmure du bout des lèvres à son adresse. Ne fait aucun doute que toute la clique allait s’aventurer à chercher à qui il faisait allusion. Odessa, Reira… Une chance sur deux, au pire. Au moins, on avait écouté une partie de son discours. Le trio s’échappe en direction du bar, et si Julian n’attend pas pour commander une nouvelle boisson, il manque de s’étouffer lorsque Lyla se pend à son cou pour réclamer plus de détails. Pire même, il aime ça. — En gros tu me demandes de balancer mon pote là ? Il arque un sourcil, et joue gentiment avec son ‘’amie’’ pour venir poser le bout de son nez sur le sien dans un geste parfaitement innocent (mais tout à fait adorable). Il explose de rire, boit son verre, et hausse les épaules en levant les deux mains. — Ah, j’suis pas un mec comme ça. Comme si. Evidemment, il sait. Il a suffisamment fouiné dans les téléphones de ses potes pour connaître (presque) tout de leurs petits secrets. Et si jusqu’à présent il n’a jamais prononcé le  moindre mot à ce sujet, disons que ce soir, l’alcool aidant, il se sent d’humeur à partager l’information. Et c’est bien évidemment d’un oeil avisé qu’il se mit à fixer machinalement une Reira devenue subitement silencieuse. — Bah ouais dis, tu sais drôlement tenir ta langue ce soir pour quelqu’un qui veut serrer. Qu’il lâcha en se retournant vers sa partenaire de boulot. Petit haussement de sourcils accompagné d’un sourire qui en disait long, et Julian éclata finalement de rire en se penchant vers Lyla. — Ça se trouve, c’est elle qui veut se taper ton frère. Elle cherche à me soutirer des informations, t’as vu. Il joue, il fais le con, et il ne va pas tarder à s’attirer la foudre de la quasi totalité de son petit groupe de potes. En attendant…. Il s’applaudit tout seul pour le spectacle fort distrayant qui se dessine, et se retourne pour s’adosser sagement au comptoir. Son regard se pose tout naturellement sur Odessa, qu’il désigne d’un signe de la tête, et se met joyeusement (encore une fois) à applaudir, et même à siffler. — Un champion ce mec, UN CHAMPION VOUS DIS-JE. Il a l’air puceau comme ça hein, mais quenini, c’est une bête au lit à ce qu’on dit. Bravo mon poulet ! Qu’il gueule à l’égard d’Eliot. Discrétion, zéro. — Bon, maintenant que j’ai balancé la sauce, j’ai le droit à une récompense non ? Cette fois-ci, il se tient debout devant ses deux femmes, les bras écartés, comme pour réclamer son dû. — Une pelle ? Un bisou ? Aller, même juste un câlin langoureux fera l’affaire. Et il les embarque les deux, dans un câlin forcé, parce qu’il est complètement torché. Un bisou sur le front de Reira, un sur la bouche de Lyla. L’amie et l’ex. Normal. Le pire, c’est qu’il les a relâché, mais prend soin au passage de garder Drysdale sous le coude, et reste pendu à son cou. Et parce qu’à les voir ainsi, on aurait pu les confondre avec un couple, il zappe volontairement la présence de Jamie et poursuit dans ses cajoleries. Elle le lâche, il tombe, clairement. — Bon, mon amoureuse, on va danser maintenant ? Qu’il lui souffle à l’oreille. — Khan, tu me diras merci plus tard. Ô, et tiens, cadeau. Une capote. C'est ce qu'il lui sort d'une poche pour lui balancer. Sait-on jamais. Il trouve encore la force de l’affubler d’un regard faussement sérieux, et se mord la lèvre pour ne pas exploser de rire. Parce que si la situation était loin d’être comique, lui, clairement, s’éclate. Merdier puissance mille, signé Carlyle.

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