Elle est encore (in)confortablement installée dans le booth qui leur est réservé lorsqu'elle entend la voix de Julian retentir quelques mètres plus loin pour ce qu'elle devine être son fameux discours. Reira l'écoute d'une oreille distraite, regrettant déjà de s'être laissée embarquer dans ce qui s'annonce être encore un glorieux échec pour tenter de tous les rassembler et prétendre que rien n'a changé au sein de leur groupe. Mal à l'aise dans sa robe qui change de ses sempiternels combo jean/chemises, elle a le sentiment de passer son temps à remonter les fines bretelles qui n'ont de cesse de vouloir s'échapper le long de ses bras, ou redescendre le tissu qui tend à laisser entrevoir bien trop de peau pour son propre goût. Julian met un terme à cette analyse pour le moins pessimiste en vantant les mérites de cette tenue, jamais à court de superlatifs toujours plus extravagants, à coup d'époustouflante et de magnifique qui l'obligent à baisser la tête, gênée de l'attention et des compliments. Elle ne la relève que pour poser un regard un rien moqueur à la mention de l'amitié qui les unit, et de tout ce qu'elle les prive de ne serait-ce qu'envisager. « J'ai jamais eu l'impression que ça t'arrêtait » se moque-t-elle, dans une référence à peine voilée à sa relation avec Lyla. Julian n'est de toute façon pas une cible qu'elle considère, pas autrement que dans le rôle primordial de son meilleur ami du moins, et son attention est distraite à la seconde où Jamie et Eliot font à leur tour leur arrivée dans ce coin VIP. Si elle pensait être mortifiée par le déluge de compliments, ce n'est rien comparé à la phrase que prononce Jamie et qui, dans d'autres circonstances, lui aurait valu de laisser éclater un rire amusé. Manquant s'étouffer dans sa coupe de champagne, son regard croise très brièvement celui d'Eliot. Que Jamie ignore encore tout de leur semblant d'idylle lui paraît absolument incroyable, compte tenu de leurs liens. Quoique, à bien y réfléchir, elle ne fait pas mieux ; pas même Lyla n'a le droit à la primeur de l'information, encore que les raisons soient sans doute bien différentes de celles d'Eliot. « Merci Jamie » répond-elle, plus mal à l'aise encore si c'est possible. « Contrairement à vous je ne suis pas venue pour ça, mais sait-on jamais ce que la soirée nous réserve. » La tentative de mystère était piteuse, réalise-t-elle avec embarras. Mais que peut-on attendre d'une fille qui s'excuse presque de s'être faite présentable dans une robe laissant si peu de place à l'imagination ? Elle n'a rien d'une séductrice et cette soirée mettra sans doute une fois de plus en évidence son manque d'expérience dans le domaine. Si Eliot prend vaguement sa défense, sa façon de la saluer suffit à faire passer le message. « Je voudrais dire que je ne suis pas vaccinée depuis le temps, mais enfin... » Jamie n'a jamais caché son ambition, partagée de toute évidence avec Eliot, d'accumuler une liste de conquêtes plus longue que la liste de ses cuites, ce qui en dit long sur l'exercice. Sa présence met cependant en lumière davantage si c'était possible l'absence de Lyla, que Reira soupçonne désormais de leur faire faux bond. Ses craintes disparaissent au moment où elle fait son apparition, quelques seconds après qu'on leur a rapporté du champagne. Les débuts sont difficiles, et Reira retrouve sa place naturelle en arrière-plan, là où elle n'a pas besoin d'être le centre de l'attention. Elle laisse volontiers le rôle aux autres, même lorsque Lyla s'éclipse en direction du bar pour un peu de courage liquide. Reira, elle, se cantonne à sa coupe de champagne qu'elle espère pouvoir faire durer au moins une heure ; tout le monde sait qu'elle est un cauchemar quand elle a bu, et elle voudrait s'épargner de faire honte à Julian pour son grand soir. Lorsque sa meilleure amie revient, c'est gonflée d'une emphase à laquelle elle semble être la seule à avoir le droit. Reira répond d'un geste gêné, d'une main tentant de lui dire d'arrêter, mais son sourire se fraie un chemin jusqu'à ses oreilles. « Merci Lyla de mon cœur. C'est agréable d'être reluquée par ma meilleure amie plutôt que par le trio d'idiots devant moi. » Avec toute son affection, qu'elle leur souffle d'un baiser pas vraiment désolé. Elle se contracte imperceptiblement à la seule idée de choper ; non, à la seule idée de tenter de choper, une entreprise qui s'annonce complexe compte tenu du fait que la seule cible se trouve sous ses yeux... et sous cinq autres paires, à présent qu'Odessa elle aussi se pointe. « C'est à croire que vous me connaissez pas, vous m'avez déjà vue choper, franchement ? » Pas qu'elle n'en a pas les moyens, et c'est probablement ce que tout le monde se retiendra de lui dire, car les arguments en sa faveur sont là, et en abondance – ce qui n'aura probablement pas échappé à Eliot. Odessa salue le groupe, et la tension gonfle d'un cran si c'était encore nécessaire. Reira, toujours polie, l'accueille d'un sourire sans doute moins chaleureux qu'il n'a pu l'être par le passé, mais c'est toujours mieux que les échanges de regard entre Odessa et Lyla. « Ok... avant que tout le monde ne se cherche une excuse pour ne pas s'attarder dans cette atmosphère absolument pas hostile, si on laissait le Maître de cérémonie nous faire la version spéciale gang de son discours avant de trinquer ? Une coupe, juste une. On peut l'envisager ? » Reira au bon cœur, mais aux idées vraiment, vraiment déplorables pour forcer une entente depuis longtemps disparue.

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Quel con, qu’il peste pendant que chacune de ses tentatives se conclue par un échec. Une flamme salvatrice vient allumer le stick, et Cassidy tire immédiatement sur sa clope, soulagé. Evidemment, il aurait pu demander. Il aurait aussi pu vérifier le bon fonctionnement du briquet avant de partir ; exactement le genre de choses auxquelles il ne pense jamais. « Merci, » qu’il adresse à Victor, sourire aux lèvres. Des volutes de fumée s’échappent par ses narines ; le regard se porte vers la ville. La vue est splendide depuis l’Evermere. Il a toujours été sensible au charme des vues. Puisque la pollution lumineuse leur cache la majeure partie des étoiles, Londres et ses infinis éclats prennent leur place. A cette heure-ci, l’agitation est toujours grouillante – il faudrait dire que la ville ne dort jamais vraiment. Des lumières partout qui s’étalent sous leurs yeux. Et tandis que Cassidy est à sa contemplation, Victor se moque de Julian. Un sourire railleur vient barrer son visage : vrai que ce dernier est sensiblement différent de Flynn pour ce qu’il connait du prince de Nighon. « C’est. La. Fête, frérot ! Quelle mauvaise langue. » Il sait que Flynn était important pour Iago, note dans le ton que la déception est là. Intéressant de voir ce que tous ceux qui étaient d’Evermore sont devenus, et parmi la foule qui s’amasse dans le nightclub, il est impossible, pour beaucoup, de savoir s’ils sont comme eux ou non. S’ils viennent du même endroit, si la trace de leur ancienne vie est toujours là. John a beau avoir traversé leur ancien continent en long, en large et en travers, nombre de visages ont été effacés par le temps. Lily est plus visuelle que lui. Peu importe : si l’observation est intéressante, Cassidy est tout à sa nouvelle vie et à sa dose d’adrénaline qu’elle lui fournit quotidiennement. Les affaires continuent : Victor tend devant lui un bout de papier comportant une nouvelle adresse. Ses sourcils se froncent en même temps qu’il force sa mémoire à intégrer celle-ci. Ok, très bien. « Nickel. » Son cadet est bien plus précautionneux et vigilant que lui, et Cass lui fait pleinement confiance pour ce qui est de gérer ce genre d’affaires. Si ça foire, lui se tient prêt pour prendre les dispositions qui s’imposent. Fort heureusement, ils ont rarement eu besoin d’en arriver jusque-là. Le papier se consume sous leurs yeux, ses dernières cendres sont soufflées par la fumée expulsée des poumons de Cassidy. « Ca suit pas au niveau des stocks. Faut qu’on se diversifie. J’ai parlé à Clay, il va nous trouver de nouveaux fournisseurs. Si ça marche comme la semaine dernière, on a la moitié qui part et on n’est pas capable de renflouer. Ca m’fait chier. » Ca leur laisse du temps, mais pas beaucoup – d’autant que la pousse de plants de cannabis ne prend pas deux semaines. S’ils peuvent pas suivre la demande, ils vont galérer à prendre la main sur le marché. Pour avoir des clients, faut être en mesure d’offrir. Le souci étant que cette weed qu’ils refourguent, d’une qualité extraordinaire, est une vraie merde au niveau du rendement, raison pour laquelle il a missionné Clay sur l’affaire : le gars est capable de tout trouver. « On aura le temps de voir ça demain. En attendant : comment va notre bon vieux Henri ? » aka le propriétaire du club avec qui Victor a eu rendez-vous juste avant l’ouverture.

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— Je sais que t’en pince pour moi, mais ne me pousse pas à commettre l’irréparable entre nous. A moins que…. Qu’il souffle, amusé, en tirant une magnifique révérence à Reira. Vrai qu’elle marquait un point concernant l’ambiguïté de ses amitiés avec la gente féminine. Mais il n’était pas encore suffisait idiot pour tenter de franchir le cap avec la seule qu’il considérait comme une amie à part entière. Evidemment, on ne tarda pas à venir interrompre leur tête à tête. Suffisait de râler à voix haute pour que Sinclair et Drysdale se ramènent gentiment, la gueule en coeur et des étoiles dans les yeux. Apparemment, la marchandise ici avait déjà tapé dans l’oeil de ces deux chenapans. Sourire carnassier sur les lèvres, Julian accueille ses deux frères les bras écartés, et ne manque pas de leur infliger une amicale claque sur la joue pour leur souhaiter la bienvenue. — Ahhhhh les voilà mes poussins ! Comment va ? Bien ? Toi aussi ? Par-fait !  Bienvenue au Paradis les hommes ! Il était fier, et ça se lisait aisément sur les traits de son visage. Surexcité à l’idée de réunir la petite bande, Julian sautait littéralement partout. Tantôt debout sur les sièges, tantôt sur la petite table basse à leurs côtés, il épiait et guettait les horizons à la recherche du reste de la troupe. — T’en fais pas Loulou, y aura d’autres des discours. Et vaut mieux pas qu’ils soient filmés parce que j’suis pas sûr de porter encore des vêtements d’ici-là. Il ricane en prononçant ses mots, ponctuant le tout d’un clin d’oeil à l’adresse d’Eliot. Parce que Carlyle est bien connu pour terminer ses soirées quasi nu, il ne prend pas la peine de détailler les projets de la soirée à venir. La cerise sur le gâteau. Et parlant de cerise… — ON SE TAIT, ON BOUGE PLUS. Y a la femme de ma vie qu’arrive.  Il saute de sa table, se pince les lèvres pour ne pas hurler, et se rue directement vers celle qu’il attendait. Lyla, ou sa moitié, évidemment. Il a la visage qui s’illumine et ne peut retenir un sifflement d’admiration face à la tenue qu’elle porte ce soir et qui est de son fait. Il la prend dans ses bras un court instant, bien trop court à son goût, avant qu’elle ne le repousse. Bien sûr, mécontente, mais ça, ce n’était que temporaire. — T’es sacrément belle dis-donc. Je sais, je sais, mais garde ça pour plus tard mon amoureuse. Y a du monde là…. Qu’il marmonne, amusé, et en lui arrachant tout de même un gourmand baiser sur la joue. Lyla s’échappe en direction du bar quand la dernière invitée décide de faire son entrée. Ravageuse, comme à son habitude. Julian se masque d’un ravissant sourire à l’adresse de celle qu’il a invité pour les formes. — Tiens tiens tiens, bonsoir vous. Tu vois quand tu veux, tu peux être jolie aussi Dess. Oui oui, merci merci. Il balaye sa remarque d’un vague signe de la main, parce que l’un comme l’autre pouvaient à peine se supporter. Mais il ferait un effort. Pour l’amour du reste de ses camarades, il ferait un effort. Et Reira qui ne manque pas de marquer le coup avec une idée à la con. — Une version gang ? Oké les enfants, suffit de demander. Quelle merveilleuse idée.  Il fait mine d’être ravi, esquisse un généreux sourire agacé à son amie en haussant les sourcils pour ne pas l’insulter, puis se racle la gorge avant de se hisser sur l’un des canapés. Le roi de la nuit à sa place légitime. — Bon, par où commencer… Déjà, eh du fond du coeur, merci d’être venus ! Se passe ce qu’il se passe entre nous, mais putain vous êtes là. Ma team, mes garçons, mes filles, mes amours quoi. On a chacun nos petites histoires à la con, mais on part quand même de très loin, et on est tous là ce soir. Merde, ça se fête. J’vous rince toute la soirée, parce que VIP ici, alors on s’ambiance, on danse, on boit, et on essaye de pas baiser ses potes. Hein Eliot ? Le second petit pic de la soirée. Gratuit. Comme ça, parce que Julian ça le fait mourir de rire d’emmerder son monde. — Ca va, j’rigoooole. Bon, messieurs, j’vous laisse quartier libre. Moi je reste avec mes deux femmes. Là, on est bien entouré. En plus parait que quelqu’un veut pécho alors faut bien qu’on lui enseigne deux-trois trucs. Un bras par dessus les épaules de Reira, l’autre par dessus celles de Lyla, le maître des lieux affiche un air absolument ravi et un regard bien trop mielleux pour paraître naturel. Il envoi un baiser invisible au duo de garçon et une grimace abominable à Odessa, puis, tout naturellement s’empare d’un verre pour le lever au nom de leur équipe. — Ehhhhhhhh santé !

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— Un gentleman ne révèle jamais ses secrets. qu'il rétorque, du tac au tac, sourire amusé sur les lèvres. Parfaitement concentré, Cameron choisit finalement une chemise qu'il enfile rapidement, avant de commencer à la boutonner. La présence de Sage se fait sentir à ses côtés et il ne pose les yeux sur elle qu'après le baiser déposé contre sa joue. L'héritier se fige, ses yeux traçant une ligne imaginaire le long du dos exposé de sa petite amie. — Je... Wow. Il n'avait pas les mots, et le fait que lui, qui a toujours sa petite remarque à dire en temps normal ne trouve pas parole, en disait déjà beaucoup sur ce qui pouvait bien se passer dans son esprit. Sage était sublime évidemment, il n'y avait aucun doute là dessus, mais il se demandait de la plus sincère des manières comment il était supposé avoir la volonté de quitter son penthouse, with her looking this good. Cameron s'empresse tout de même à terminer de se préparer, des boutons de manche assortis jusqu'aux souliers cirés - et c'est son chauffeur qui les mènent à ce nouveau club en ville, l'Evermore. Dès les premiers pas dans l'établissement, le brun reconnait le style de son ami Julian, reconnait aussi qu'il s'agirait probablement d'une soirée plus que mémorable. Ils avaient tous les deux été invités, mais Cameron ne s'était pas embêter d'apporter son carton - pas qu'il y ait pensé de toute manière - préférant se laisser à être Mr. Sage Whitmore l'espace d'une soirée, devenant le plus un de sa petite amie. Ses yeux parcourent la foule, et il n'y a que les railleries de Sage qui le distrait de son analyse de l'Evermore. — Et si je suis sage, je gagne quoi ? Il pose à son tour un baiser contre sa joue et donne sa veste à un employé. Le brun prend la main de Sage dans la sienne et l'entraîne là où la fête commence à battre de son plein. Ils ont manqué le discours de Carlyle, mais n'est pas vraiment inquiet - il y en aura d'autres, assurément, connaissant le maître de la cérémonie. En quête de champagne - pas son alcool favoris, mais celui qui lui fera le plus grand effet en petite quantité - il en trouve et trinque avec Sage, tout sourire. — À nous. À cette première soirée 'officielle' et à plusieurs autres. Son meilleur ami aimait bien lui rappeler son passé peu glorieux, mais ils semblaient tous oublier qu'en couple, il n'était rien si pas dévoué et n'avait aucune gêne à s'afficher en publique pour la bonne personne, celle qu'il avait trouvé en Sage. Après un baiser qui lui laisse un goût de pas assez, j'en veux un autre, Cameron porte le champagne à ses lèvres. Ses yeux scannent inconsciemment la salle à la recherche de son meilleur ami. S'il crève d'envie de le voir, il n'a pas vraiment l'envie de réitérer leur dernière sortie à trois et s'il avait mis l'humeur massacrante d'Oliver sur le compte d'un manque d'action en bas de la ceinture, il n'en était toutefois pas vraiment certain non plus. Sage repère Oliver en premier quand le regard de l'héritier se dirige dans la même direction. Sa flute de champagne rapidement terminée, Cameron se pose en face de sa petite amie, prenant doucement son visage entre ses mains.  — Ne le dit pas à Oliver, mais je préférerais passer ma soirée en tête à tête avec toi. Il recueille ses lèvres dans un baiser plus langoureux que prévu, l'une de ses mains descendant le long du dos de la jeune femme avant de se poser sur sa taille. C'est qu'ils sont en public et que comme promis, Cameron est gentleman. Il aurait passé sa soirée avec elle, cinq minutes à l'Evermore et puis une nuit à déambuler dans les rues de Londres, un petit matin où il lui retirerait sa robe, mais son meilleur ami entre dans son champ de vision et Cameron reprend ses distances d'avec Sage pour accueillir Oliver et Victoria qui les avaient aussi repérés.

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« Y en a plein que ça arrête pas tu sais. » Ca se saurait : autrement, le taux de divorces actuel devrait être largement revu à la baisse. Mais le mariage de Lily est au-delà de tous soupçons, et tous ceux qui auraient l’idée de venir l’aborder ce soir se verraient recalés comme il se doit. Quant aux plus insistants, c’est courir le risque de se foutre un sacré problème au cul. Julian intervient au beau milieu de sa réflexion. Les plus belles gueules de Londres ? Pleine de surprise ? Il a-do-re ça ? Ses sourcils se froncent : ça ne lui plait visiblement pas. « Euh… » Gênance absolue avant de foutre son nez dans son verre – elle lui aurait bien proposé de sortir ces conneries loin, ailleurs, mais le maestro de la soirée n’a visiblement pas jugé nécessaire de lui en laisser l’occasion ; quelque part, tant mieux. Et que ça dure : aucune appétance pour ce type de danse, qu'il aille dire à une autre que son père est un voleur (les étoiles, blablabla) ou autres conneries du genre. Les bulles l’étouffent presque lorsque Lily affirme qu’elle saurait avec qui elle finirait sa soirée si elle était à sa place. « Julian ? Nope. » Radical. Hors de question. Le type a beau avoir un physique plus qu’avantageux, elle n’a jamais apprécié les tombeurs, encore moins notoires, tout du moins sur ce plan-là. Ajoutez à cela une espèce d’intuition lui intimant de l’éviter autant qu’elle le peut et le fait d'avoir en horreur de se faire draguer pour expliquer un non ferme et définitif. Aucune envie d’ajouter son nom à un quelconque tableau de chasse ; le sien encore moins. On reparlera des questions de fierté dans cinq verres (ou moins). Lily ne répond pas à sa question concernant Victor, propose ce qu’elle sait, évidemment, que Rose ne fera pas. Plus Cassidy Valentyne est loin d’elle, mieux elle se porte. Tant pis, elle découvrirait certainement assez tôt si Victor a décidé de venir. Ou pas. Peter apparait rapide comme l’éclair, dépose un baiser sur sa tempe et la complimente. Sourire : « Et toi, tu ne perds pas de temps. » Rapport à la bombe avec lui, qu’il suit en lui adressant le fameux air qu’elle lui connait quand il est en pleine phase de séduction. Ses yeux se lèvent au ciel, sa tête va de gauche à droite et de droite à gauche, l’air exaspéré tandis que son ami s’éloigne. Retour à Lily, qui lui propose d’aller se poser au lounge. Excellente initiative : « Go go go. » Coupe de champagne embarquée, escaliers montés et les voilà confortablement installées. L’occasion pour Lily de lancer un sujet qui lui tient à cœur, peut-être même plus qu’à elle. La question ainsi formulée provoque un éclat de rire : « Humain ? T’es au courant d’un truc que je sais pas ? Les aliens sont parmi nous ? » Voilà pour la forme. En ce qui concerne le fond : « Mon dernier réveil gênant, c’était y a… trois semaines ? Je crois que tu suis mieux que moi. » Quant au précédent, on doit remonter à plusieurs mois. Sa vie n'est pas des plus passionnantes à ce niveau-là. Ses lèvres s’étirent en un sourire complice avant de retourner au champagne. La coupe reste coincée entre ses doigts, ses jambes se croisent et son dos se cale contre la banquette. Elle a déjà eu l’occasion de lui raconter l’épisode : elle était sortie, avait bu et s’était retrouvée avec ce fameux type, charmant au demeurant, mais… Non. Comme souvent, comme tout le temps depuis sa dernière relation qui, à l’image de toutes les autres, n'avait pas été... Idéale ? Au moins. A croire qu’elle n’attire que les pires ; à croire qu’elle n’aime que ça. « Enfin bon, tu vois, rien de nouveau. » Et bien d'autres soucis auxquels penser, alors pas de temps ou d’énergie à dépenser pour ce sujet : en ce qui concerne le cul ou l’amour, ça a toujours été au feeling - ça vient ou ça ne vient pas, et surtout, ça ne se force pas. Mais ses problèmes actuels sont bien plus importants que cela. « Et toi alors, comment ça va ? » Compliqué de se voir ces derniers temps et hormis quelques échanges de textos, elles n’ont pas vraiment pu discuter. Et puisque Lily est devant elle, c’est l’occasion parfaite pour lui rappeler une proposition à laquelle Rose n’a pas encore répondu : « Au fait, sans surprise la voiture de mon père ne se vend pas. T’es toujours intéressée par les pièces ? »

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« Pourquoi choisir ? » railla-t-il en direction d’Eliot alors qu’ils commentaient tous les deux les différentes options qui pourraient s’offrir à eux ce soir. Julian avait mis la barre haute, tout était de qualité, y compris les filles qui occupaient d’ores et déjà la piste de danse. Mais trêve de commentaires graveleux, les voilà qui rejoignaient enfin le groupe, ou plutôt ceux qui le composaient pour le moment. « Salir, tout de suite les grands mots, comme si un peu séduction était une mauvaise chose. » répliqua-t-il immédiatement à son ami sur le même ton amusé, alors qu’il venait de suggérer à Reira la possibilité qu’elle puisse ne pas terminer la soirée seule. De tout le groupe, c’était indéniablement celle qui était le moins adepte de genre de pratiques et Jamie, en tant que mauvaise influence assumée, n’avait aucune honte à la pousser gentiment à se redécouvrir ce soir. « Mais Reira a raison, ce n’est pas une fin en soi. Mais si jamais une belle occasion se présente… » Et d’expérience, une belle occasion se présentait toujours pour Jamie. Il sursauta légèrement lorsqu’Eliot évoqua le nom de Lyla et son sourire disparut aussitôt. A aucun moment il n’avait pensé qu’elle serait présente, elle avait été plutôt claire à ce sujet lors de leur dernière rencontre, elle ne voulait plus rien à voir avec lui. L’excitation de passer une soirée décadente laissa rapidement place à l’anxiété d’être pris au dépourvu de la sorte. Tel un génie que l’on convoquait en répétant son nom, Lyla fit son apparition parmi leur petit groupe quelques instants plus tard. Putain ce qu’elle était belle. Sans s’en rendre compte, un sourire béat fit son apparition sur ses lèvres mais fut rapidement balayé par les mots de Julian. La femme de sa vie ? Les poings de Jamie se resserrèrent. Julian était son ami, il tenait à ne pas faire de vagues ce soir, surtout pas au sein de leur groupe qui se réunissait enfin, alors Jamie se contenait. Il aurait démarré au quart de tour s’il s’était agi d’une autre personne, d’un type qui ne faisait pas partie de leur cercle restreint. Personne n’avait le droit de s’approprier Lyla de la sorte, d’être si tactile avec elle sans qu’il ne sorte de ses gonds. Et le spectacle continuait, désormais c’était elle qui le qualifiait de beau, de grandiose. Jamie avait envie de gerber, de préférence sur les pieds de Julian. Lyla saluait tout le monde mais ne le calculait pas, pas un regard, comme s’il n’était pas là, com s’il n’était qu’un putain de fantôme que l’on forçait à assister à des retrouvailles qu’il ne méritait pas. Mon amoureuse, les mots de Julian étaient la goutte de trop. Il sentait son sang ne faire qu’un tour, ses poings se serrer encore un peu plus, ses yeux se noircir. Il avala d’une seule gorgée la coupe de champagne qu’il avait posée devant lui et s’empressa de se saisir d’une seconde immédiatement. L’alcool en guise de d’anesthésiant pour refroidir cette colère qui bouillonnait en son for intérieur. Pour des raisons aussi différentes qu’évidentes, Lyla non plus ne semblait pas à son aise, en témoignaient les cinq shooters qu’elle venait de s’enfiler, sans sourciller. Partagé entre la surprise et la fierté de la voir agir de la sorte, il y avait cependant une chose qui ne faisait pas le moindre doute, c’était bien elle, la femme de sa vie. Reira, comme elle savait si bien le faire, vint mettre un peu de légèreté dans le groupe alors qu’elle qualifiait Eliot, Julian et Jamie d’idiots. « Idiots ? » répéta ce dernier alors qu’il posait les deux mains sur son coeur, prenant un air grave et feignant d’être touché au plus profond de son âme par cette attaque qui n’en n’était pas une. On l’avait gratifié de qualificatifs bien pires que celui-ci, certains mérités, d’autres moins. C’est ce moment que choisit Odessa pour faire son entrée parmi leur groupe. Fidèle à elle-même, miss sourire dans toute sa splendeur, était aussi ravissante qu’agaçante. « T’aurais pu te servir de ton plus un pour venir accompagnée de ta bonne humeur. » répliqua un Jamie qui ne supportait absolument pas d’être pris de haut. S’il y avait indéniablement toujours quelque chose entre eux, c’était le visage d’Odessa qu’il ne supportait plus qu’elle avait décidé d’arborer ce soir, la version avec qui il ne voyait absolument aucun futur. Comme il lui avait été réclamé, Julian se lança dans un nouveau discours. S’il commença de la plus banale des manières, Jamie buta sur une phrase. Julian évoquait les histoires à la con qu’ils avaient tous en commun. Jamie était loin de se douter de toutes les petites tensions qu’il y avait dans le groupe, exception faite de sa relation avec Lyla et, par conséquent, ne comprenait pas à quelles histoires Julian faisait allusion. Il écarquilla également les yeux, pas sûr d’avoir bien entendu, lorsque leur hôte d’un soir conseilla à Eliot de ne pas baiser ses potes. Si la première phrase lui avait mis le doute, la seconde était limpide et il y avait définitivement des histoires dont Jamie ignorait tout. « Pardon ? J’ai raté quelque chose ? » se marra-t-il alors qu’il se tournait vers Eliot pour avoir quelques réponses. S’il y avait effectivement des secrets bien gardés, c’était un joli coup bas que Julian venait de lancer. Dans sa grandiloquence, ce dernier continua à monopoliser la parole et éveilla de nouveau la colère qui sommeillait en Jamie. « Deux femmes, tu  ne changeras jamais Carlyle. » Si Eliot et Jamie avaient des réputations d’hommes à femme, Julian n’était pas en reste non plus. Il était plus fréquent de le voir séduire deux femmes dans la même soirée plutôt qu’engagé dans une relation sérieuse. Avant que chacun ne parte dans des petites conversations privées, Jamie s’imposa enfin au milieu de ce groupe. « Donnez-moi une minute. » Il se précipita vers le bar le plus proche et donna immédiatement sa carte bancaire alors qu’il commandait un magnum de Dom Pérignon. C’est donc les mains chargées qu’il revint dans leur petit coin VIP. Alors qu’il ouvrait la bouteille, il porta finalement un toast. « A cette superbe soirée organisée par Julian, à cette réunion, et au gros chèque que je vais toucher grâce à la vente de la galerie. » C’était une surprise qu’il avait gardé pour ce soir et la raison pour laquelle il venait de dépenser plus de six cent balles dans une bouteille. Un investisseur l’avait approché deux semaines plus tôt avec l’intention de racheter la galerie d’art qu’il avait lui même acheté à ses parents. Le montant négocié était très généreux et Jamie était particulièrement heureux de mettre derrière lui ses jours au sein d’un secteur qui ne l’intéressait pas du tout. « Santé ! » s’écria-t-il alors qu’il avait servi les six coupes et qu’il levait la sienne. Il se tourna vers Lyla pour trinquer et insista quelques secondes souhaitant forcer leurs regards à se croiser. Il avait besoin de ça, de savoir qu’elle le remarquait, quoiqu’il arrive, quoiqu’elle puisse dire, quoiqu’elle puisse penser, il serait toujours là, dans sa vie. Alors qu’il se rasseyait sur le fauteuil, il se pencha vers l’oreille d’Eliot et parla suffisamment pour qu’il soit le seul qui puisse entendre. « Je t’ai déjà dit que j’avais très envie de devenir ton beau-frère ? » Et dans cette robe ? Ce soir plus que jamais.

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"Un peu de séduction" qu'a le culot de dire Jamie. Eliot ricane par habitude, même si le sujet Reira n'est pas celui qu'il aurait naturellement choisi pour faire deux trois blagues graveleuses, si bien qu'il évite de relancer la conversation sur le sujet "Reira chopera-t-elle ou chopera-t-elle pas".  On devine facilement que l'ambiance pourrait être meilleure dans leur petit groupe, surtout lorsqu'il a le malheur d'arriver au complet. On notera d'abord l'arrivée de Lyla, délicate Lyla qui semble avoir autant envie d'être là que de sauter du rooftop de l'Evermere. Jamie se tend naturellement dès qu'elle prononce ses premiers mots et Eliot offre une légère tape dans le dos de son ami en guise de soutien moral quand Lyla fuit vers le bar. Il sait à quel point la relation de sa soeur et de Jamie est compliquée et il a depuis le temps appris à ne pas s'en mêler plus que de raison, sauf quand il estime qu'un petit coup de pouce de sa part ne pourrait pas leur faire de mal : ce qui n'est a priori pas du tout le cas ce soir, compte tenu de la tension palpable dans cet espace VIP. — Santé à toi aussi, lance-t-il à Lyla qui vient de s'enfiler cinq shots de whisky alors que Dieu sait qu'ils en ont tous bien besoin. Il esquisse malgré tout un fin sourire, conscient qu'il risque de ne pas beaucoup la voir ce soir, du moins pas tant qu'il restera comme cul et chemise avec Jamie. Odessa fait à son tour son entrée sur un ton tout aussi jovial et Eliot lance un regard à la dérobée à Jamie, l'air de dire, en gros "on est pas dans la merde". Jamie avec Lyla, Eliot avec Reira et maintenant Odessa qui n'a cependant pas l'air de lui porter grand intérêt. C'est qu'elle joue bien la comédie Odessa - bien mieux que Reira, et il ne sait pas ce qui est pire. Eliot manque de s'étouffer à la réflexion de Julian : aux dernières nouvelles, personne n'était au courant des relations plus intimes qu'il entretenait avec les dites potes. Il fait mine de rire de bon coeur à la blague, évitant soigneusement le regard de Reira de peur de voir le rouge monter aux joues de la brune et n'ayant pas besoin de fuir celui d'Odessa qui se charge toujours de ne lui offrir, pour l'heure, aucun semblant d'intérêt. — Nan nan t'inquiète, à part la connerie de Julian t'as rien loupé. Jamie n'a pas encore l'air trop suspicieux et Eliot profite de la fin du discours du troisième mousquetaire pour enterrer définitivement le sous-entendu dangereux du lascar. Le champagne coule enfin et ils profitent tous d'une coupe alors que Jamie fait à son tour son annonce : la vente de sa galerie d'art. — Sérieux ? Comment tu vas faire si t'as plus aucune de ces petites artistes bobo à te mettre sous la dent ? Il trinque malgré tout à la nouvelle qui semble réjouir son meilleur ami - et c'est finalement bien tout ce qui compte aux yeux d'Eliot. Il se réinstalle aux côtés de Jamie en sirotant son champagne hors de prix : Eliot ou la capacité à vivre dans le luxe sans un rond en poche. — Ouais ouais, une fois ou deux. Ou peut-être cent, je sais plus trop. Qu'il raille à une énième remarque de Jamie à propos de Lyla. — En tout cas continue mon pote, t'es sur la bonne voie. Quelle voie, on ne sait pas trop, mais sûrement pas celle de la reconquête. Pas évident pour Eliot de ne pas prendre partie pour l'un ou l'autre, surtout sachant que Jamie avait largement ses torts : il avait pourtant décidé de ne pas oublier leur amitié, peut-être parce qu'il espérait secrètement qu'il en ferait de même s'il venait à apprendre son histoire avec Odessa. En parlant du loup : puisque Lyla et Reira sont occupées avec Julian, Eliot estime qu'Odessa ferait tout aussi bien de se joindre à eux. — Tu viens t'asseoir avec Tweedledee et Tweedledum ? Il lève légèrement le coude pour inviter la brune à s'installer sur la place libre à côté de lui sur le canapé. — Enfin je sais pas, on est peut-être pas assez bien pour toi. Bref éclat de rire narquois pour Jamie qu'il rend complice de sa plaisanterie avant de destiner à Odessa un regard plus appuyé, un peu plus doux et surtout lourd de sens.

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« Je ne te savais pas si vénale. Moi qui pensais que mon charme irrésistible était l'unique raison de ta présence... » se moque-t-il, dans un regard malicieux à la cavalière accrochée à son bras. Il y a une certaine aisance à parader avec elle, il constate non sans soulagement. Visiblement, même l'irruption tonitruante de Sage dans sa vie ne suffit pas à le départir de tout ce qui fait de lui... et bien lui : witty, charmeur, de bonne compagnie ; au moins se plait-il à le croire, et Victoria ne fait pas grand-chose pour le détromper. Pire, ils semblent être sur la même longueur d'ondes, deux égaux partageant une soirée qui promet d'être exceptionnelle par l'envergure de l'événement, les moyens mis à disposition et l'absence de contrainte – notamment celle lui imposant de partager cette soirée avec son meilleur ami et Sage. Oliver jette un nouveau regard amusé en direction de Victoria et se contente de hausser les épaules histoire d'entretenir le mythe savamment construit de sa nonchalance, subtil mélange entre assurance et arrogance. Oui, Ollie est convoité et ce n'est pas nouveau : de sa grande taille à son sourire facile, de sa capacité à flirter à son statut social, il est de ceux que l'on remarque forcément où que l'on aille et s'il n'irait pas à considérer la jeune femme à son bras comme une privilégiée, il n'en reste pas moins que d'autres femmes auraient probablement été ravies de lui faire office de cavalières. Heureusement pour Victoria, ce soir il n'a d'yeux que pour elle, superbe dans sa tenue et son port altier. On se demanderait presque comment il a fait pour passer à côté de l'opportunité toutes ces années alors qu'elle se trouvait si près de lui, si... accessible. Sans doute que la motivation à l'époque n'était pas la même, et s'il se gardera d'admettre qu'elle lui sert aussi ce soir d'alibi et de distraction (il reste un gentleman après tout), il faut reconnaître qu'elle joue admirablement ce rôle. « Ce n'est pas donné à n'importe qui d'être ma cavalière. Je suis très exigeant » plaisante-t-il avant d'avaler une nouvelle gorgée d'un champagne à la qualité décente. Il n'est pas si exigeant que ça, en réalité, pas même sur la qualité de la boisson lui qui préfère de toute façon une bonne bière au champagne, et qui ne manquera pas de substituer celle-ci par une boisson plus appréciable dès que l'opportunité se présentera. Le visage de Victoria, un rien crispé, attire son attention sur la présence dans la salle de Cameron et, naturellement, de Sage, tous deux élégants et visiblement parfaitement à l'aise dans leur petit couple. Il espère quelques secondes se préserver de l'embarras d'un échange avec eux – il sait déjà qu'il aura du mal à se comporter normalement et préfèrerait largement rester uniquement avec Victoria – mais il se fait entraîner jusqu'à leur hauteur et s'y plie, bien que de mauvaise grâce. Arrivés devant eux, il laisse sa cavalière faire la discussion et constate que, tout comme il aurait préféré être n'importe où plutôt qu'avec eux, Cameron n'a pas l'air particulièrement emballé par leur présence. Le visage de Sage est, comme toujours, insondable et il s'obstine de toute façon à ne pas la regarder trop directement. Il se fend cependant d'un poli « bonsoir » de circonstance, même s'il n'ira pas jusqu'à leur adresser un compliment ; après tout, Oliver se targue d'être honnête, pourquoi s'embarrasser de commentaires qu'il ne pense pas ? Il est en revanche surpris – et ne comprend d'ailleurs pas comment il a pu louper l'information – de voir que Victoria semble les connaître tous les deux. « Et moi je ne savais pas que vous vous connaissiez » note-t-il, un peu agacé par un tel acharnement du destin. « Mais ils souhaitent peut-être rester juste eux deux ce soir, non ? » La question, avec un rien de désespoir, s'adresse à Victoria dont il espère qu'elle comprendra le message, tout en étant conscient que la politesse dicterait à Cameron ou à Sage de répondre par la négative.

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Les surnoms (trop) affectueux, elle trouve ça hilarant, mais est quasiment certaine que ça ne fait pas rire Jamie et même s’il ne mérite que de s’en prendre plein la figure, elle est encore assez sobre pour vouloir lui épargner de se disputer avec un ami pour rien. Et aussi vite, surtout. Ne fait aucun doute qu’ils auront tous largement le temps de se prendre la tête sur des broutilles ou de véritables offenses. Il faut seulement espérer que l’Evermere est assez solide pour pouvoir contenir tous ces orgueils ; ou au moins le sien et celui de Jamie. Julian lui arrache un rire, avant qu’elle ne se lance dans le marathon à shooters qui lui permettra au moins de tolérer cette mascarade le temps qu’il soit acceptable qu’elle se défile pour rentrer et retrouver le confort de son lit. Odessa s’immisce et puisqu’on s’occupe de commenter son attitude d’emblée à sa place, Lyla prend le prétexte pour ne pas saluer et se lance avec attention dans l'écoute d'un discours dont elle se serait, là aussi, bien passé. Elle retient surtout qu’ils ne sont pas tous là de leur plein gré et que vraiment, il devrait y avoir une limite aux faveurs à demander entre potes.    “ Jamais entendu un discours aussi gênant,  ”  glisse-t-elle à Reira, incapable de se décider entre aller s’enfermer dans les toilettes et attendre que ça passe ou carrément passer par la porte de derrière et remonter la Tamise à la nage jusqu’à la prochaine station de métro. Au moins les bonnes intentions de Julian parviennent à lui arracher un vague sourire. Vrai qu’ils reviennent de très loin, et pour certains de trop loin, mais ils ont au moins de commun qu’ils sont tous là pour soutenir un pote, et qu’il n’y a rien de plus important. C’est au moins ce qu’elle pense et ce sur quoi elle médite avant que le discours ne prenne un tournant qui la fait sursauter.   “ Oh-oh-oh- Hold on -  Il baise - quoi ? qui ? - Quelle pote ? Eliot ! ???   ”  Elle s’est tournée vers son frère, une main vissée sur son coude et l’interroge d’un regard féroce. Pas qu’elle ait grand chose à dire, Eliot est après tout ami avec deux de ses ex ici présents, mais on n’arrête jamais la moralisatrice qui croit fermement, et sait par expérience, que la baise entre ami est une erreur monumentale. Prise dans les bras de Julian dont elle ne tente même pas de se défaire, elle garde ses yeux fixés sur son frère, en attente avide d’une réponse et en préparation du sempiternel sermon. Jamie revient avec un semblant de discours qui l’intéresse à peine plus que la coupe qu’on lui sert mais qu’elle prend pour faire bonne figure. Elle manque de peu de trinquer à la carrière de Jamie Sinclair, qui prend enfin le virage qu’on lui a toujours estimé : parti de rien et direction nulle part. Elle sent son regard peser sur elle, voit son verre insister sur le sien et lui fait la fleur d’enfin le regarder, un sourcils froncé. Elle mettra le geste sur le compte du shooter de trop qu’elle a bu et qui lui enlève un premier  semblant d’inhibition, mais parce qu’il insiste à la fixer, elle lui tire la langue comme une sale gosse et le regrette immédiatement. Elle se trouve à la fois drôle, peut-être même mignonne, et absolument conne. C’est bien pour ça qu’elle se tourne de nouveau vers Eliot, lâche :   “ Crois pas t’en sortir aussi facilement, Ben & Jerry’s,  ”  et décide qu’il est effectivement temps de se casser avec Julian et Reira.   “ Connard. ”  Ça lui échappe, mais elle ne s’excusera pas pour autant. Ils savent de qui elle parle ; si pas, ses yeux trucident le canapé où il est assis avec son frère et Odessa qu’elle ne peut définitivement plus blairer - tout ça pour un mec. Bref. Maintenant qu’ils sont plus loin, presque au bar, et que les cinq merveilleux shooters qu’elle s’est enfilé cul sec commencent à dire bonjour à sa cervelle, la voilà que se pend littéralement à la nuque de Julian, signe qu’elle a des confidences à tirer.   “ Julian, tout à fait entre nous… Est-ce que j’ai envie de savoir avec laquelle de mes amies Eliot couche ?   ”  La demande est simple, plutôt bien formulée, et elle se tourne vers Reira, pour un soutien - si elle savait.    “ Non. Si. Non, m’intéresse pas. Si, allez. Laquelle de mes amies je vais devoir ramasser à la petite cuillère ?  Non, pas besoin de me dire, je m’en moque. ”  Elle le sonde du regard, pendant que ses bras se dénouent et tombent de son cou à ses épaules, puis sur bar, non sans laisser un coude trainer vers Reira.    “ Je te trouve bien silencieuse, toi. Bois un verre, dis-moi tout tes secrets avant qu'on aille danser.  ”   En. Plein. Dedans.

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