Oliver Beckett aurait menti s'il avait dit que proposer à Victoria de l'accompagner à l'ouverture du dernier club à la mode n'était pas parfaitement intéressé. Il soupçonne sans grande difficulté que Cameron viendra, et ne peut pas imaginer qu'il ne s'accompagne pas de sa petite amie. Et puisque Ollie se révèle sous un jour différent de celui qu'on lui connait, la perspective de devoir tenir la chandelle en subissant les inévitables commentaires de son meilleur ami l'encourageant à aller trouver une fille quand la seule digne d'intérêt se trouve sous ses yeux lui paraît inenvisageable. Victoria est le remède parfait contre ce qui pourrait s'annoncer déprimant : elle fait une +1 ravissante, pas qu'il veuille uniquement la parader même si ça fait partie de ses objectifs, intéressante et d'excellente compagnie. C'est à se demander pourquoi il a mis tant de temps à répondre à ses messages, lui qui a saisi très tôt dans leur amitié qu'elle n'était pas nécessairement à la recherche d'un ami. Son affection pour sa cavalière n'est pas feinte : il l'apprécie, l'a toujours appréciée, ne s'est jamais caché de la trouver jolie, mais parce qu'il n'est pas le fuckboy qu'on voudrait faire de lui, il s'est toujours refusé à coucher avec elle juste pour ajouter une ligne à son tableau de chasse nettement moins impressionnant qu'on se l'imagine la plupart du temps. « Je trouve ça plutôt cool » répond-il à son tour. Est-ce le club le plus exubérant et excentrique de la capitale londonienne ? Sans doute pas. Mais il aime le concept des trois salles trois ambiances, même si en l'occurrence il s'agit plutôt d'étages. « Mon intuition me souffle que tu n'es pas une grande fan de l'organisateur » il se moque, car son intuition est surtout basée sur les divers commentaires acerbes qu'elle a faits tout au long du trajet. Ollie n'a pas besoin de grand-chose pour passer un bon moment, et la qualité de l'endroit dépendra presque exclusivement de sa compagnie. Une fois entrés à l'Evermere, Victoria subtilise deux coupes sur un plateau et lui en tend une. Il lui offre un sourire, parce que c'est typiquement masculin comme comportement, et qu'elle est bien du genre à inverser les rôles. « S'il n'y a que ça je financerai toutes tes envies ce soir » badine-t-il en glissant un clin d'oeil. Son portefeuille rempli n'est pas un aspect de sa vie dont il aime user et abuser, mais l'opportunité était trop belle pour la laisser passer. Ses lèvres se fendent d'un sourire satisfait à son commentaire, et il songe qu'elle n'imagine pas à quel point la réciproque est également vraie. Naturellement, il ne compte pas partager ses états d'âme romantiques à sa cavalière et préfère l'option inverse : s'intéresser à elle pour tenter d'oublier que Sage sera sans doute là ce soir et que ça lui crèvera encore le cœur. « Très intéressante, rien que ça ? » il souffle, séducteur. « Et pourquoi ça ? Parce que tu as le type le plus en vue de la ville à ton bras ? » Rien de tel qu'un peu de prétention pour détendre l'atmosphère. Il tend sa coupe et la fait clinquer contre le verre de Victoria. « A une soirée que l'on espère divine. Et surprenante. »

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On ne connaît surement pas plus grand fêtard qu'Eliot Drysdale : on aura cependant vu plus ponctuel. Parce qu'il sait qu'il est toujours attendu et qu'une soirée ne peut décemment pas commencer sans sa royale présence, Eliot n'a jamais trouvé bon de se presser une fois la nuit tombée. Pour l'heure - et parce qu'il sait qu'il en rêvera d'ici deux-trois heures quand la sueur se sera mélangée à l'alcool - il profite d'une douche brûlante et, soyons honnêtes, interminable. — Hein ? J'entends rien ! hurle-t-il à son tour à travers la porte alors qu'il a bien évidemment tout entendu. Jamie s'impatiente et Eliot ne peut pas vraiment lui en vouloir, ils sont sûrement aussi impatients l'un que l'autre d'arriver à la soirée, qui plus est pour des raisons tout à fait similaires : la gent féminine présente sur place. Eliot finit par couper l'eau et se décide à se préparer tandis qu'il termine la bière plus vraiment fraiche qui l'attend sagement sur le meuble de la salle de bain. On retrouve le roi de Frostväll dans une chemise blanche, rasé de près, fin près à quitter l'appartement avec sa gueule d'ange et son sourire en coin. — Comme d'hab. Et Jamie n'a pas non plus dégainé sa tenue la plus laide. Ils se mettent en route et se savent déjà en retard, quand bien même il est encore assez tôt pour Eliot, habitué à se pointer aux soirées alors que tout le monde est déjà bien attaqué. Lui est encore dans un état tout à fait correct après seulement quelques bières mais fin prêt à faire rapidement grimper son taux d'alcoolémie : sans alcool, la fête n'est certainement pas plus folle. En arrivant sur place, Eliot ne peut que féliciter Julian d'avoir mis les petits plats dans les grands, plus encore lorsqu'on leur annonce être conviés à rejoindre l'espace VIP. Il peine à garder Jamie à sa hauteur, ce dernier plongeant bien vite dans la contemplation de toutes les sublimes créatures qu'ils croisent en à peine quelques minutes. — Bon courage pour choisir, raille-t-il en jetant à son tour quelques regards autour de lui, quand bien même il est secrètement bien plus intéressé à l'idée de rejoindre le groupe - les filles du groupe, surtout. Il aurait été avisé de suivre le conseil qu'il vient de donner à son pote : choisir entre passer du bon temps avec Reira ou Odessa lui aurait évité bien des soucis à l'avenir, mais Eliot est trop gourmand pour se résoudre à une telle restriction. L'heure des salutations est finalement arrivée. — On a loupé ton discours ? Merde je m'en veux d'avoir raté ça, j'espère que quelqu'un a filmé, lance-t-il à Julian dans un sourire moqueur et une accolade chaleureuse. L'équipe masculine est au complet ; la féminine n'est, elle par contre, représentée que par Reira. Il parvient à rire face aux réflexions de Jamie même s'il devine parfaitement l'embarras de Reira compte tenu de leurs cachoteries dont personne n'est au courant. — Salis pas Reira avec ta vulgarité, sagouin, répond-t-il à Jamie avec un sourire espiègle tandis qu'il s'approche de la brune pour la saluer. Une main sur sa taille et un baiser sur sa joue : rien qui ne surprenne qui que ce soit pour un Eliot naturellement tactile, bien qu'il prolonge peut-être un peu trop son bonsoir avant de reporter son attention sur les autres. — Pour une fois que je suis pas le dernier arrivé... Lyla ? Odessa ? Des nouvelles, quelqu'un ? Parce que Lyla n'a pas répondu à son dernier message - envoyé certes il y a une heure, en précisant qu'il était avec Jamie - et qu'il n'en a pas envoyé à Odessa, croyant la trouver directement sur place. — Carlyle ? Le champagne ? Et comme pour répondre à sa demande, on leur amène deux bouteilles dans des seaux. — A toi l'honneur ! Bien qu'il ait l'air d'avoir déjà avalé plus d'une coupe, Julian leur fera bien le plaisir de trinquer avec eux, leur petit groupe de privilégiés.

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Lyla ne répond pas aux messages parce qu’elle n’a pas envie de venir ; on croirait que c’est plutôt évident, que son silence s’occupe de faire passer le message, mais apparemment l’information n’a pas encore trouvé son public puisqu’ils sont nombreux à insister lourdement. Dans sa robe plus trashy que sexy et perchée sur trop de talons, Lyla est pourtant là, devant les portes de l’Evermere sous prétexte d’amitié. Grand bien lui en fasse, il est certain qu’elle finira par le regretter amèrement et elle se donne un maximum d’une heure avant de céder sous le poids du pseudo-groupe d’amis qu’ils ne sont plus tout à fait, et de leurs histoires dont elle ne veut rien savoir, mais qui n’en sont pas moins là. Elle donne son nom a l’entrée et le type qui l’accueille lui répond d’un large sourire fort énigmatique, puis d'un long regard d’appréciation lubrique que n’importe quelle féministe qui se respecte prendrait pour une forme révoltante de harcèlement. Mais Lyla connait ces regards et veut bien admettre que cette robe de velours rouge, sans manches, décolletée et à peine assez longue pour couvrir la moitié de ses cuisses lui donne l’air d’être une pute des cartels. Elle exagère, évidemment, mais la robe est effectivement sexy et c’est à se demander si ce n’est pas l’effet escompté par Julian, à l'origine du cadeau.  Heureusement pour elle, le port altier et la démarche donne à penser qu’elle n’est pas que bonne à baiser. On lui indique le chemin à suivre vers le lounge, mais elle s’attarde vaguement sur la horde de filles qui s’entassent ici comme des moutons dans une bergerie toute en lumières et décadence. Pourtant il faut admettre que Julian a fait très fort, très grand, à la hauteur du personnage. Lyla l’aperçoit à la fin de son discours et ses lèvres se fardent d’un sourire que même l’aigreur qu’elle ressent de se trouver ici ne parvient pas à masquer. Elle va d’instinct vers lui, d’abord parce que sa présence est de son fait et que ses arguments sont inacceptables - même s’ils ont fait mouche, ensuite parce qu’elle refuse obstinément de se retourner vers son frère et Reira qui entourent Jamie par principe.   “ Je. te. hais.  ”   Ça c’est fait. C’est faux, mais c’est fait. Il saura évidemment qu’elle fait référence à ce soir, mais aussi à la robe qu’elle porte uniquement pour lui faire honneur. Si elle lui a sauté au cou en arrivant, elle pose une main sur son épaule et la repousse pour le plaisir, puis reprend immédiatement :   “ J’avais oublié combien tu pouvais être beau et grandiose dans ce que tu fais, mais quand même, je. te. hais... Donne moi cinq minutes et un verre, ça va me passer. ”  Elle lève les yeux au ciel puis lui cède enfin le sourire qu’elle espère saura apaiser autant les nerfs du maitre de cérémonie, que les siens. Parce que Lyla n’est rien si pas bien élevée, elle rassemble ce qu’elle a de dignité et se tourne enfin vers Eliot, Reira, et Jamie. Le dernier est beau à pleurer, like sex on a stick et ne lui facilite rien.   “ Bonsoir tout le monde,   ”  Elle adresse à ce 'tout le monde' un regard appuyé à l’exception du dernier, et dieu merci, Odessa n’est pas encore là, ce qui lui laisse le temps de se trouver un autre coin à aller hanter puisqu’il est évident qu’elle ne restera pas au milieu de ce cortège. Elle voudrait ajouter quelque chose, mais rien ne vient, alors...   “  Ouais, non. Ça va pas être possible. ”  Elle se tourne vers le bar juste derrière Julian qu’elle pousse hors de son passage de la main.    “ Four Horsemen, en cinq exemplaires, un grand verre de dry sur glace à côté. Mettez-ça sur la note du patron que voilà, et merci beaucoup. ”  Four Horsemen, la plus délicieuse des apocalypses pour les amateurs de Whiskies et donc, Lyla Drysdale dans ses grands soirs : Jack Daniel’s, Jim Bean, Johnnie Walker Black, arrosé de Jose Cuervo. Le barman s’attèle, dépose les cinq shooters devant elle, un pour chaque convive, et si l’on s’attend à un partage, Lyla siffle les cinq à la suite et termine par son verre de Dry pour la note sucrée et plus soft.    “ Ça va mieux. ”  Liquid courage. Certains diront alcoolique, mais elle préfère le terme amatrice et c’est au moins ce qu’il lui faut parce que cette soirée s’annonce lon-gue. Elle pose un regard énamouré sur Reira, une reine dans sa robe, et ne peut s’empêcher de rebondir :   “ Ah! Vous !  Dans cette robe ! Un délicieux bonbon, que dis-je, du miel à mon coeur. Reira Khan, vous m'avez conquise. ”   Elle éclate d'un rire mélodieux. La main qu’elle lui tend engage une soirée entre elles. Une qui promet plus que si elles restent avec les mecs puisque effectivement, autant rentabiliser la superbe robe de Reira Khan.    “ Parait que tu veux ' choper ' ? Soutien moral ? Besoin d'un coup de pouce ? Have you met Reira ? Double threat ? ”   À la conquête, si pas du monde, de l’Evermere.  

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Sexy but not trashy. Les mots qui trônent fièrement sur le carton d'invitation lui arrachent un rire amusé en contradiction avec la lassitude que ce genre d'événements jamais ne lui confèrent mais qui la gagne singulièrement à mesure que les secondes, puis les minutes s'égrènent. Ils lui rappellent immanquablement les nombreuses soirées de sa jeunesse dont le souvenir est barricadé dans un coin reclus de son esprit par pur instinct de préservation. Les démonstrations ostentatoires ayant marqué ses jeunes années, il lui est aisé de parader son vécu au cours de semblables rassemblements quand bien même cette soirée-ci n'a rien d'aussi protocolaire. L'excitation qui l'avait gagnée à la réception de l'invitation s'est vite estompée, compromise par l'annonce d'une réunion du gang, de la team, de cette famille à la limite de l'implosion. Une famille à laquelle elle n'a plus la sensation d'appartenir depuis un moment déjà : Reira et Lyla, Jamie et Eliot, les duos emblématiques, symboliques, inséparables, les meilleurs amis. Et c'est sans compter sur Julian qui se greffe à chacun de ces tandems avec un naturel déconcertant pour celle qui n'a jamais vraiment été à l'aise avec les démonstrations d'affection surfaites. Et si Odessa ne fait pas le moindre effort pour changer la donne, c'est peut-être parce qu'elle sait, au fond, que ce pan de son existence touche rapidement à sa fin et qu'elle n'a pas la patience pour les fausses politesses et les espoirs dérisoires - il faut croire que ce sentiment ne fait pas l'unanimité au sein du groupe. Mais elle prend sur elle, au nom d'une amitié qu'elle a encore la décence de tenir en estime, et se présente sur les lieux avec tout l'entrain qu'elle est à même de puiser dans ses réserves déjà bien affaiblies. Soit, c'est vêtue d'une robe récemment payée une petite fortune - sans son sempiternel red lip - qu'elle investit l'enceinte de l'établissement où les convives commencent à s'attrouper. Les formalités de côté, on la conduit au premier étage là où seront célébrés - avec plus ou moins de véhémence - les retrouvailles de la bande. Première arrivée, première flute de champagne vidée, Odessa prend l'initiative de se familiariser avec l'endroit. Ses pas la conduisent jusqu'au rooftop - profitant de l'accalmie passagère qui y règne - où elle s'offre un cocktail, prend des clichés qu'elle repostera sans nul doute sur sa page Instagram, se laisse approcher par un type qu'elle promet de rejoindre sur la piste - ou ailleurs - si sa soirée prend un désagréable tournant. Cet autre se permet d'investir son espace vital sous prétexte qu'elle lui a soutiré une cigarette et que c'est ainsi que générosité se paie. Elle lève des prunelles dédaigneuses vers le ciel faiblement étoilé avant de souffler sa fumée sur le visage de whatshisface et de laisser tomber le mégot dans le cocktail insipide qu'il tient entre les mains. Elle ne sait pas combien de minutes se sont écoulées depuis son arrivée, un bout de temps probablement, puisque tous les membres du groupe sont regroupés dans le coin qui leur est dédié lorsqu'elle rejoint enfin le lounge. Les claquements impudiques de ses talons annoncent sa présence avant qu'elle n'ait l'opportunité de les saluer d'un — bonsoir empreint de faux enthousiasme, contorsion des lèvres qui s'apparentent à un sourire. Elle n'ose qu'un bref regard vers Lyla et Reira, pas encore décidée à lancer les hostilités ; entreprise remisée si l'occasion se présente, si le besoin se fait ressentir, ingérable dans sa nature. En attendant, elle se tourne vers les garçons de la bande, Eliot et Jamie qu'elle gratifie d'un — Tweedledee et Tweedledum, et Julian d'un — j'admire ton optimisme, Carlyle - parce que, vraiment, quelle idée d'essayer d'apaiser des tensions qui n'ont même pas eu le temps d'éclater - sans oublier un — beau travail pour la forme. Un compliment qui n'en reste pas moins sincère, l'endroit ayant du potentiel. Cette soirée à six, peut-être moins.

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Elle sourit quand Rose lui renvoie à la tronche son compliment à grand renfort de « non c’est toi », et lève une main droite à laquelle brille le diamant offert par Cass. — T’oublies un truc : je sens la femme casée à des kilomètres à la ronde. Plus fort qu’un parfum. Les hommes sentent ces choses-là, quand une femme est dispo ou ne l’est pas du tout. Elle n’a d’yeux que pour Cass, et c’est connu de tous ceux qui, un jour, auraient pu avoir des vues sur elle. La fidélité de Lily Valentyne semble sortie d’un autre temps, en ce siècle où plus rien ne semble retenir les couples de se tromper. A l’entente de l’hésitation de Rose quant au before, Lily penche la tête, intriguée par son envie de rester ici. Au même moment, Julian entame un discours dont il a le secret, et elle observe attentivement les réactions de son amie, avant de se rapprocher d’elle et de lui murmurer à l’oreille : — A ta place, je sais avec qui je finirais ma soirée. D’un regard, elle désigne Julian, définitivement l’homme le plus canon alentours si l’on excepte l’aura merveilleuse de son Cassidy. Et pas avec Victor Valentyne, for God’s sake. Elle masque du mieux qu’elle peut son exaspération, et sert à Rose un haussement d’épaules sincère. — Absolument aucune idée d’où est Victor. Demande à Cass, elle ajoute, rusée, sachant pertinemment que Rose n’ira pas papoter avec Cassidy. Lily se retourne pour savoir quelle main vient de lui tapoter l’épaule, et se plie à l’exercice du « comment vas-tu ? », docile, tandis que Rose hèle ses camarades à mesure qu’elle les reconnait. Quand les deux filles se retrouvent à nouveau nez à nez, il devient manifeste que Rose a de quoi boire, et pas Lily. Alerte générale. En cinq secondes, une coupe de champagne trouve sa juste place entre les doigts d’une Lily qui fait tinter son cristal contre le verre de Rose. — On monterait pas au lounge ? Le premier étage a l’air plus sympa, et elle a le souvenir que juste au-dessus se trouve un rooftop offrant une vue magnifique de toute la ville plongée dans l’or factice des lumières nocturnes. Trente ans, ça veut dire ça : rechercher le lounge dès que vous débarquez dans un club. Faut vivre avec son âge. L’air de rien et tandis qu’elle entraine Rose à sa suite, son bras autour du sien, elle couve son visage du regard, à la recherche de ce que le temps lui aurait fait manquer. — Quel est le dernier humain à avoir partagé ton lit, dis-moi ? C’est notamment au sujet de l’amour que Pocahontas et Penny ont eu leur dernière discussion. Juste avant le transfert à Londres, dans un monde sans magie, mais non sans illusions. C’est à ce moment-là que Pocahontas a suggéré à Penny l’idée de tirer un trait sur ses souvenirs. Aujourd’hui encore, Lily est convaincue d’avoir donné le bon conseil, mais l’idée que la vie sentimentale de Rose puisse être un échec dans ce monde aussi la rend nerveuse. De fait, elle s’assure autant que possible que Rose mène, au moins, une sexualité épanouie en attendant un amour digne de ce nom.

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Il pose la question tout en connaissant déjà la réponse : oui, ça la gonfle. Ca lui tient à cœur, lui pas tant. Si John Smith n’était déjà pas concerné par l’affaire, il ne voit pas pourquoi Cassidy Valentyne le serait. Il comprend toutefois : les différences entre Lily et lui sont aussi infinies que l’amour qu’il lui porte, et malgré ces dernières, il connait sa femme. Anticipe ses réactions avant qu’elles ne viennent, devine le fil de ses pensées, sait comment elle fonctionne. De ce « groupe » qu’ils ont formé avec Penny, elle est peut-être la seule à s’être intéressée à son bien-être, tout du moins de cette façon qu’elle a d’être absolument dénuée d’égoïsme quand lui n’est peut-être que cela. John ne s’est soucié que de sa simple sécurité – et encore –, a passé la plus grande partie de son temps à l’éviter lorsqu’elle était dans les parages et même si Rose n’est pas Penny, il compte bien continuer sur cette lancée. D’autant que ce qu’il y a, a eu ou aura entre Victor et sa sœur ne le concerne pas. Depuis le temps qu’ils en parlent, il pourrait bien se passer de lui donner une réponse. Pas le genre – pas avec elle, tout du moins. « Je vais pas me mêler de cette histoire pour les raisons que tu connais, c’est-à-dire qu’il s’en fout. Et que lui ne fera jamais chier Victor avec ça : il fait bien ce qu’il veut. Et tu devrais pas non plus. Vraiment trop compliqué. » Ca l’aurait moins été si Penelope avait fait le choix de conserver sa mémoire : la question ne se serait en tout cas pas posée. C’est tout de même une chance pour Victor : à voir s’il s’en emparera ou non. Quant au reste, Lily sait trop bien que sur ce point, il sera toujours du côté de son frère. Une pensée qui lui en amène une autre : entre Evermore et Londres, ses affaires de famille sont bien compliquées. Soupir et sourire en regardant sa femme conduire : « Enfin, tu fais bien ce que tu veux. Comme ne pas m’écouter par exemple. » Il a cette boule de fierté qui monte ; c’est souvent le cas avec elle. Parce qu’elle est aussi libre que lui si ce n’est plus, parce qu’elle s’est toujours assumée, pleine et entière, parce qu’on n’a jamais pu lui retirer une idée de la tête sans de solides arguments. Et tant d’autres choses encore. Il verse au gardien un sourire amusé tandis que Lily commente d’un mouais ce qu’il a l’air d’avoir en capacités pour ne pas abîmer le bolide – comprenez le véhicule qu’elle a retapé de A à Z et auquel elle tient peut-être plus qu’à lui. Ses épaules se haussent à l’attention de sa femme : de toute évidence, elle n’aura pas mieux. A peine le temps de rentrer que Lily lui attrape le bras… pour le relâcher en se précipitant sur Rose. « Mh, » pour lui-même avant d’observer les verres sur les plateaux : que du champagne. Soupir. Très peu pour lui, ce sera whisky. L’envie de rejoindre sa femme accompagnée de sa meilleure amie lui manque, d’autant qu’il sait qu’elle ne l’apprécie pas. Dans un monde comme dans l’autre, c’est une constante : il s’y est fait – faut dire qu’il l’a cherché. Et puisque les plus vieilles stratégies sont les meilleures, Cassidy fait signe à Lily qu’il se commande un verre et va fumer. On lui sert son whisky en même temps que Julian lance son discours. La mention des balais dans le cul le fait sourire, celle de se déhancher sur la piste un peu moins. Deux soucis : il a horreur de danser, et surtout, il est nul à chier. Direction le rooftop donc, verre à la main et cigarette au bec. Arrivé à destination, le briquet est tiré de la poche de son pantalon. « Merde, » qu’il rage au bout de trois tentatives. Ce connard marche pas.

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Il était évident que Sage ne laisserait pas Cameron mettre les pieds seuls à l'Evermere, tout comme il coulait que source que Cameron n'avait pas envisagé une seconde de laisser Sage s'y rendre non accompagnée. Elle savait que la soirée serait trop tout : trop alcoolisée, trop interminable, trop scandaleuse pour prendre le risque de s'y aventurer sans sa moitié et ils étaient au moins tombés d'accord là dessus sans avoir eu besoin de trop polémiquer. Le thème sexy but not trashy ne pose pas vraiment de problèmes à Sage qui opte pour une robe bleu nuit qui, au lieu de dévoiler la naissance de sa poitrine, brille plutôt par un interminable dos nu qu'on jugera facilement suffisamment sexy. — Not trashy ? Comment tu vas faire, mon coeur ? Raille-t-elle en jetant un coup d'oeil à Cameron dans le miroir, encore torse-nu et visiblement pas bien décidé sur sa tenue. Elle enfile son second escarpin et le rejoint en quelques enjambées, déposant un baiser sur sa joue pour l'encourager. C'est bien l'une des rares fois qu'elle est prête avant lui et elle le presse d'un regard tandis qu'elle s'acharne à faire rentrer le minimum syndical de ses affaires dans une minuscule pochette - ses clés et son téléphone portable, globalement. Monseigneur Reid finit enfin par trouver chaussure à son pied - littéralement - et c'est dans la voiture de Cameron conduite par son chauffeur qu'ils se mettent en route vers l'Evermore. — T'essaieras de pas l'acheter ce club-là, mmh ? Lance-t-elle en pénétrant dans l'établissement munie de son carton d'invitation. Il n'aura pas été bien difficile pour eux d'être conviés à l'événement compte tenu des rapports plus qu'amicaux qu'ils entretiennent avec Julian, le maître de cérémonie. Force est de constater qu'il est bon d'être dans ses petits papiers : l'endroit est plus rempli qu'elle ne l'aurait cru et l'ambiance au rendez-vous, à n'en pas douter. Ils déposent leurs vestes au vestiaire et se mettent en quête de la fameuse coupe de champagne de bienvenue. Nerveuse, Sage ne l'est pas encore quoi qu'elle guette évidemment toute silhouette pouvant ressembler de près ou de loin à celle d'Oliver. Elle n'imagine même pas la possibilité qu'il soit accompagné - sa seule présence suffit déjà à la mettre dans tous ses états. Elle s'empare d'une coupe de champagne qu'elle tend en direction de celle de Cameron pour trinquer à l'une de leurs premières sorties très officielle de couple - dans un événement d'une telle envergure du moins. — A nous ? C'est peut-être un peu prétentieux mais ça ne devrait pas te déranger plus que ça. Avec un fin sourire, elle pose sur lui un regard tendre et trouve le chemin de ses lèvres avant de goûter à sa première gorgée de champagne. Naturellement, son regard continue à balayer la foule pour y retrouver enfin quelques têtes connues tant que la pièce n'est pas encore pleine à craquer. Et puis inévitablement, parce qu'il fallait bien que ça arrive même si elle aurait préféré s'offrir quelques minutes de répit, elle repère la fameuse silhouette. Curieusement ce n'est pas celle d'Oliver qui lui attire l'oeil mais plutôt celle de Victoria à ses côtés. Elle les devine venus ensemble en les voyant trinquer et son coeur se serre dans sa poitrine - une fois encore. — Ah. Parvient-elle seulement à dire, incapable d'être plus explicite quand le regard de Cameron suit le sien et tombe à son tour sur la paire. Elle imagine qu'il voudra à tout prix rejoindre son meilleur ami de toujours et si elle n'a pas le coeur à lui demander de ne pas les rejoindre, Dieu sait qu'elle voudrait s'épargner le malaise du moment à venir. Une fois de plus, Sage prend sur elle et se mord la lèvre inférieure pour réfréner une envie de crier de frustration tant ces situations commençaient à devenir très, trop fréquentes et franchement pas loin de l'insoutenable.

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Eleanor consulte son téléphone. Rien. Rien depuis la minute précédente. Cela fait quinze minutes qu’elle poireaute sur le trottoir. Et quand on poireaute, quinze minutes ça semble très long. Trop long. Elle lui laisse une minute, top chrono, à partir de maintenant pour répondre sinon elle rentre chez elle. Ça va ! Déjà qu’elle ne voulait pas venir… Surtout qu’elle commence à se les cailler. C’est bien connu les londoniennes ne viennent jamais en manteau dans un club. Ça coûte trop cher le vestiaire. Et même si aujourd’hui elle a les moyens de se le payer, les vieilles habitudes sont tenaces. C’est qu’elle en a fréquenté des bars et des clubs dans sa jeunesse. Non elle n’est plus jeune maintenant.

Elle se force pour son boss qui a lourdement insisté pour qu’elle l’accompagne à cette soirée dont elle a absolument rien à faire. Parce que, elle, elle travaille demain. Et elle travaille vraiment, elle ne va pas se contenter de se pointer à 10 heures et boire un café derrière son bureau. Ça s’entend qu’elle n’apprécie pas tellement son patron ? Les gens qui ne pensent qu’au fric, ça l’insupporte. Enfin… c’est l’occasion de danser toute la soirée pour se vider la tête. Sauf que le compte à rebours continue et qu’il reste vingt secondes à monsieur pour donner signe de vie. Son portable vibre. Elle ne s’y attendait plus, elle sursaute. « Je suis déjà à l’intérieur » dit le sms. « Good to know et je rentre comment moi ? ». Apparemment il lui suffit de dire à l’entrée qu’elle est son plus un. Oui mais non. Le videur refuse de la laisser entrer. Ce qui au fond ne la choque pas, elle comprend, n’importe qui pourrait faire la même chose qu’elle. D’ailleurs elle n’est certainement pas la première à tenter de rentrer sans invitation. Paraît que c’est une soirée sélect’. Mais qu’on la confonde avec toutes ces minettes qui sont prêtes à mentir pour s’inscruster dans une soirée pour faire des vues sur les réseaux sociaux, c’est… vexant. Ça se voit qu’elle a plus de classe que ça, non ? Oui peut-être que ça se voit parce qu’une fille la désigne comme son plus un et d’un coup de sa baguette magique, son index parfaitement manucuré, elle la fait entrée dans ce qui visiblement semble être le saint des saints de Londres ce soir.

« Merci. »

Sa marraine fée lui souhaite une bonne soirée et s’éclipse avant même qu’elle ait eu le temps de lui offrir un verre pour la remercier en bonnes et dues formes. Dommage. Elle est peut-être devenue trop vieux jeu.

Hey ! Au moins maintenant elle est rentrée ! Elle va retrouver son patron et lui ne pas le remercier pour son invitation pourrie. Y a des règles de bienséances à respecter quand même. Quand on invite quelqu’un, à défaut de venir la chercher à son domicile, on l’attend à un lieu de rendez-vous et on entre ensemble. Oui elle est certainement vieux jeu. Il n’est certainement pas sur la piste de danse, pas son genre. Non il doit être plutôt dans les coins VIP, à discuter avec des mannequins, anciennes ou futures clientes de sa clinique. Par où commencer ? Ses recherches sont interrompues par le discours d’accueil du maître de cérémonie. @Julian Carlyle , c’est visiblement son nom, ne boit pas que de l’eau. C’est officiel, elle est trop vieille pour ces conneries. On passe vraiment un cap à trente-cinq ans…

Où en était-elle ? Ha oui. Trouver patron. Râler contre patron. Direction le lounge, donc. Pas de patron en vue. Houuu ça commence à l’énerver. A croire qu’elle l’a rêvé ce sms où il affirmait être à l’intérieur. Ce serait pas la première fois qu’elle croit voir un truc qui n’existe pas… Bon tant pis elle l’appelle. Messagerie. Parfait.

« Richard c’est Eleanor. Je suis entrée. Je ne vous trouve pas. Je serai sur la piste de danse si ça vous intéresse. » Au moment de raccrocher, elle a un mouvement un peu brusque, parce que bon elle n’est pas le genre de fille à qui on pause un lapin, même par son patron. Son portable lui glisse des mains et pour le rattraper elle fait une grande enjambée et se cogne dans quelqu’un.

« Merde ! » Oui elle est énervée. Oui elle a besoin de se détendre. « Pardon. Vraiment. »

poke:

La main secourable d’un frère. La petite flamme du briquet vient trembloter juste en-dessous de la pointe de tabac roulé, au bout du bec de Cassidy Valentyne. Victor s’est approché dans son dos et a passé une main sur le côté de Cass pour lui adresser son feu. C’était facile : il entendait les tentatives répétées de Cass pour frotter les pierres jusqu’à la flammèche, genre trente fois. C’est du Cassidy tout craché, ça, aucun programme de résignation dans ce foutu cerveau capable de réessayer la même manœuvre jusqu’à ce qu’elle daigne fonctionner. Et il faut dire que parfois, ça marche. — “Julian Carlyle, le bienfaiteur de votre nuit à venir”, il raille dans un soupir. — Il était plus fun à Nighon, je te l’accorde. Dans la ville-nuit, Flynn avait été son ami et son professeur. Celui qui l’avait libéré de ses démons, incité à laisser jaillir ses illusions autour de lui. Privé de sa magie et de sa mémoire dans ce Londres prosaïque, Flynn était devenu une sorte de caricature de clubbeur, comme ces Juifs dans les films qui mâchent leur chewing-gum bouche ouverte et ont toujours un « bon mot » pour chaque personne qu’ils croisent. Dieu sait que Iago aimait Flynn, et sa désapprobation de cette nouvelle version de son unique prince était à la hauteur de l’estime qu’il lui portait dans leur terre natale. Dans ce monde dénué de magie, difficile pour Flynn de retrouver le goût, l’enchantement des illusions. Victor comprenait qu’il le recherche. Mais ici ? Sérieusement ? Pourquoi aucun de ces guignols ne s’était mis à voyager dans le monde entier, à sauter en parachute au-dessus de chutes d’eau interminables, à vivre des sensations fortes pour retrouver la fièvre qui leur manque ? Tous restaient là, à se terrer dans la capitale, occupant leur soif d’aventures par… des night clubs. John, lui, avait trouvé une occupation à la hauteur de l’adrénaline qu’il consommait. Victor l’avait suivi dans cet univers sans hésiter le moins du monde, peu perturbé par les questions d’ordre moral et liées à la justice des hommes. Il imagine sans mal que Lily est quelque part avec Rose, et ne pose pas la question. — J’y pense, dit-il en tirant un morceau de papier de l’intérieur de sa veste. — J’ai changé l’adresse hier soir. Griffonnée sur le papier, une nouvelle adresse en .onion, stock de weed à la vente libre en bitcoins des Valentyne. Cassidy a une bonne mémoire, aussi Victor lui laisse-t-il le temps de regarder fixement l’adresse avant de diriger à nouveau la flamme de son briquet, cette fois sur le papier qui prend feu entre ses doigts. Il le laisse se consumer avec précipitation, et souffle sur le dernier petit morceau de feuille noircit pour éteindre le brasier. La thune qu’ils se font est considérable, et pourtant, ceux qui les connaissent bien pourraient témoigner qu’ils n’en ont pas grand-chose à faire. C’est le faire pour le faire qui leur plait. L’occupation en elle-même. Ce qu’ils en retirent – dollars, livres, euros, bitcoins – n’est qu’une fioriture et ils observent les chiffres s’aligner sur leurs comptes comme des dieux regardent les hommes s’échanger des cailloux et des feuilles d’arbres. S’il fallait tout arrêter demain, tout revendre, ils en seraient capables, et recommenceraient quelque chose de neuf juste après.

Spoiler:

Quelle bimbo, cette Samantha. Peter la détaille sans rien dissimuler de son appétit pour elle, quand bien même la bonne éducation se charge de lui faire détourner le regard de ce décolleté qu’elle a de vertigineux vers ses yeux en bien moins de vingt secondes. Assez pour qu’elle s’en rende compte, pas assez pour qu’elle puisse cataloguer ses intentions ; bien modeste, puisque ce n’est que le début et il n’a pas faim à ce point. À être aussi belle, on s’habitue à ces regards, à force. C’est au moins ce qu’il pense, plutôt satisfait de ce ravissant pion dont il s’est servi pour se sortir d’une conversation au sommet de l’idiotie. La satisfaction ne fait que croitre lorsqu’on mentionne son célibat, et la réflexion qui le traverse lui échappe aussitôt :   “ Les nouvelles vont vite. ”  Il hausse les épaules, ses lèvres se fardent d’un sourire évocateur : c’est au moins ça qu’il n’aura pas à préciser de lui-même des fois que cette conversation s’éterniserait, et s’éterniserait bien. À la regarder, il se souvient peu à peu des regards bourrés d’intentions grossièrement suggérées, des remarques aux sens cachés, mais pas trop, et de toutes ces fois où un simple échange aurait pu évoluer au-delà de la seule idée qu’ils feraient des amants exceptionnels. Vrai qu’il n’avait pas dans l’intention de lui faire davantage la conversation, mais plutôt de trouver Rose dans le tas et de tout mettre en oeuvre pour, he bien, comme d’habitude, faire de sa soirée un infernal bonheur. Mais Sam est là, charmante, lui laisse entendre que son célibat l’intéresse, et sa soirée prend un tournant inattendu ; peut-on seulement attendre autre chose de la part de Sam ?   “ Pas que ce soit une tare, mais je me moque de ce club et de ce que ça à coûté en main d’oeuvre,  ”  confesse-t-il, aussi élégant dans sa nonchalance que dans son costume. Il se régale de l’idée d’un verre avec elle, et davantage qu’elle prenne les devants : il n’est rien de plus délicieux à ses yeux qu’une femme qui sait ce qu’elle veut. Non seulement on prend un verre avec elle, mais on lui offre tous les verres qu’elle veut. Tout ça ira sur la note de son père qui aurait mieux fait, pour ses finances, de rester au manoir.   “ Bien entendu. ”  Il l’invite à prendre les devants et pose une paume sur sa colonne pour ne pas la perdre; ou asseoir que celle-ci est déjà prise, au moins pour une partie de la soirée à venir. Aux abords du bar, son regard croise celui de Rose un peu plus loin, pour qui il fronce un sourcils. Oui, le voilà lui. Ce qu’elle peut être rustre parfois, une vraie campagnarde. Sam et lui se rapprochent du groupe qui l’entoure. Une fois à son niveau, Peter s’attarde un peu plus sur sa tenue et parce qu’il ne trouve rien à dire et qu’il est de toute façon mieux élevé que ça, Peter lui concède un   “ Superbe  ”  qu’il ponctue d’un rapide baiser sur la tempe avant de reprendre sa cadence dans les pas de Sam, et ainsi s’éloigner sur le combo bâtard coup d’oeil allusif + sourire goguenard à l’adresse de sa meilleure amie. Signes que la chasse n’a pas été bien longue, et qu’il est a présent dans la phase d’opération séduction totale à laquelle Rose déteste assister, puisque c’est généralement bien trop simple pour lui et parce qu’elle sait ce que toute ces femmes ne savent pas : le masque du séducteur bienséant dissimule des vices en veux-tu en voilà. Au comptoir, le barman s’approche avec deux coupes de champagne que Peter, trop bien pour ces conneries, refuse.   “ Tu peux avoir la mienne, si tu veux, je vais prendre un gin tonic,  ”  ou bien elle peut prouver sa valeur et prendre une boisson d’adulte. Tout se détermine ici.    “ Trinquons à vous, Mademoiselle Middleton, et à ce que la soirée risque d’apporter. ”  Il prend son verre fraichement rempli dans une main, le coude posé sur le comptoir et l’approche de celui de Sam, en attente de boisson. Lui n’a qu’une seule hâte, découvrir effectivement ce que la soirée va apporter, pour ce que les parfaits ingrédients sont ici réunis pour donner quelque chose d’au moins sensationnel. Notamment son ex, avec un type qu’il repère dans un coin par-dessus l’épaule de Sam. Jane, et toutes les emmerdes que sa seule présence comprend. D’abord parce qu’il est incapable de fonctionner correctement lorsque Jane est là, surtout avec quelqu’un d’autre, quand bien même ce quelqu’un d’autre n’est autre que son meilleur ami aux délires aussi bariolés que les friperies qu’il s’entête à porter. Peu importe, un type reste un type, et il est le premier exemple de ce qui peut complètement dérailler après un verre de trop. Putain, y a pas intérêt. Une raison de plus, s’il en fallait, pour mettre le paquet sur Sam, sur qui il décide de porter sa totale attention une bonne fois pour toute.

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