Pas ivre, mais pas totalement sobre non plus, Peter se pointe sur la démarche habituelle, quoi qu’un rien plus jovial qu’à l’accoutumée. Il a misé ce soir sur un apéritif au gin et compte s’y tenir, pas de mélange malheureux. Il en va de même pour la tenue, le complet est d’un noir total et on le débarrasse de la veste à l’entrée pendant que la direction se charge de l’accueillir dans les formes. Tout naturellement, on ne lui demande pas son nom, mais on l’informe que Sir Matthew Llewelyn-Davies, le père, et Maxwell Llewelyn-Davies, le benjamin, l’attendent déjà dans le lounge. Qu’il est regrettable que sa mère ne soit pas des convives, pendant que Peter croit fermement que sa mère est bien mieux là où elle se trouve : à emmerder leur maitre d’hôtel pour un thé trop froid et une sucrette supplémentaire. Il questionne vaguement la visite de son père, si peu adepte de ces soirées folles dans la capitale et surtout bien trop vieux pour souffrir de ces jeunes qui dansent comme des fous, mais s’il y a un lounge, une audience de fortunés, whiskies et cigares, ne fait aucun doute que Sir Llewelyn a trouvé sa place dans ce monde.  On lui indique aussi que sa compagne est là, et il lui faut tous les efforts du monde pour ne pas demander ouvertement laquelle ? La véritable question est de savoir qui s’est trouvé l’audace de se prétendre être sa compagne, alors qu’il n’y a officiellement personne dans le rôle. L’évidence pointe vers Jane, mais si elle a osé, il se jure qu’ils auront enfin la conversation que tout le monde attend, quand bien même il est certain que ça ne va pas se terminer par un happy ending. N’abusons pas sur les bonnes choses, ne tirons pas sur la corde. Le type qui lui parle est visiblement de son âge, et un des grands cadors de l’endroit. Un nouveau riche, à en juger par sa propension à vouloir étaler le charme à l’anglaise by Burberry sur la moindre parcelle habillable de son corps  ; oui, le motif a tartan est omniprésent sur le costume, quelle faute de goût - il a l’air de s’être baigné tout habillé dans l’écosse à côté de Peter qui s’est vêtu au plus sombre. Peter feint l’intérêt avec difficulté, pour tout ce que ce genre de business lui importe peu, d’abord, mais aussi parce qu’il envisage un verre qui tarde à venir à cause de cette même conversation. Est-ce qu’il compte mettre sa soirée sur son instagram ? L’idée seule parvient à lui arracher un ricanement de dédain. D’abord faut-il qu’il ait un compte, et si c’est pour publier des photos de Rose dans sa robe trop échancrée pour son propre bien et en train de boire dans le verre des autres, pas la peine. Il réserve ces clichés pour son toast de témoin ; il est évident qu’il en sera, quand bien même le rôle peut-être amené à varier selon si Rose est de bonne humeur ou non. Le type persiste à vouloir tenir une conversation à laquelle Peter participe à peine plus que via des regards, des marmonnements, et s’il croit que le ' mais ta gueule, bon dieu ' qu’il pense transpire sur ses traits, apparemment il se trompe ; le mec ne se lasse pas. Heureusement il aperçoit un visage familier se glisser dans les convives juste devant lui ; sa porte de sortie.   “  Oui, très bien. Excusez-moi. ”  Avec empressement, il attrape par le bras et parvient à se défaire de sa compagnie en emboitant le pas à sa nouvelle.   “ Et merci beaucoup. Bonsoir, tu es superbe. Insupportable, ce type.  ”  grommelle-t-il sans s’attarder puisque déjà en recherche du bar. Lui n’est pas très champagne et ne compte pas prétendre dans un satané club. Sa coupe ira à la plus charmante compagnie dans les vingt prochaines minutes.

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— Ça me gonfle un peu, oui, elle répond tout en pianotant du bout des doigts contre le volant, patiente de niveau médiocre face au feu rouge qui ne passe jamais au vert. C’est elle qui conduit le monstre tout droit sorti de Mad Max qui lui tient de bagnole, et ce jusqu’à la soirée d’inauguration du club. Julian les a invités, ainsi que Victor. Lily aime bien Julian, elle se souvient du prince de Nighon et de ce que John lui en a dit. Il est un être très cher au cœur de Iago, et Iago, quand bien même elle n’apprécie pas tout ce qu’il fait, a ce don de s’entourer de personnes de grande valeur – à commencer par John. — Rose l’apprécie autant voire peut-être encore plus que Pen, et il reste là, sans rien faire, observateur inutile… Alors qu’il sait tout ce qui s’est passé, gronde-t-elle en frappant le volant. L’attitude de Victor lui est insupportable. Elle lui a déjà dit sa manière de penser, mais Cass lui a suggéré de ne pas s’en mêler. Ce serait visiblement plus compliqué qu’elle ne le pense. Ben voyons. Elle est celle qui a conseillé à Pen de venir à Londres sans ses souvenirs. Pourquoi, d’après vous ? Parce que Pen a besoin d’un revival, d’un nouveau rapport aux hommes. De rencontrer quelqu’un qui ne trahisse pas sa confiance – qu’elle n’accorde que rarement. Ce n’est pas pour que Victor continue de lui tourner autour, faisant rejaillir les sentiments enfouis en Rose, appartenant à Penny, et se contente de croiser les bras et de voir où ça va. Quelqu’un d’autre que Victor pourrait faire le job auprès de Rose, non ? Non. Trop touchy selon Cassidy. Elle n’en croit pas un mot. Persuadée que Victor ne peut pas s’empêcher de se rapprocher de cette version de Penny qu’il n’a pas (encore) abîmée, Lily serre les mâchoires et attend ce moment où elle devra déclencher un ouragan. A cet instant, s’il arrive, même Cassidy ne pourra se mettre en travers de son chemin. Elle laisse ses clés au gardien qu’elle observe de près, yeux plissés, pour évaluer ses capacités de conduite et, surtout, les chances qu’elle a de retrouver sa caisse immaculée. — Mouais. Dubitative, elle jette à Cass une moue peu convaincue et entre avec lui dans ce qui s’appelle désormais l’Evermere. Ils ont déjà plaisanté sur le choix du nom lorsqu’ils ont reçu l’invitation. Ici se mélangent deux types de personnes : les habitants d’Evermore et les randoms. Lily en reconnait quelques-uns, d’autres visages lui sont parfaitement inconnus. Sûr que Cassidy en reconnaitra bien plus qu’elle, il a passé la moitié de sa vie en vadrouille. Thème : cabaret. Couleur choisie par une Lily peu certaine de ce que signifiait le mot d’ordre « sexy but not trashy », rouge, sanglant sur les lèvres et glacé sur la semelle des Louboutins. Ses yeux croisent ceux d’une Rose plus belle qu’elle ne l’a jamais vue. Elle bat des cils et presse le bras de Cassidy sous le coup de la joie, avant de se précipiter sur son amie. — Oh, toi… Elle embrasse sa joue et la détaille, de haut en bas, non sans admiration. — Di-vine. Divine et célibataire, c’est scandaleux, elle souffle en posant la main sur sa bouche. Déjà, des regards se tournent vers elles, dévorant le visage poupon de Rose, le décolleté de Lily. — On savait pas trop quoi faire, nous : ce soir on a aussi l’inauguration du Monday, le pub de Liam… On y passera sans doute dans deux heures, si ça te dit. Liam, c’est Petit Jean, un ami très cher à John et Pocahontas, venu à Londres avec ses souvenirs également. Pour Rose, bien entendu, il n’est que le meilleur bartender de Londres, à l’accent irlandais tonitruant.

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S'il n'avait tenu qu'à elle de prendre cette décision, nul doute que Reira aurait fait le choix de ne surtout pas mettre les pieds à la soirée d'ouverture d'un club londonien où se croiserait sans doute une large partie de ses connaissances, proches ou lointaines, et lui préférer le confort de son petit appartement. Mais, naturellement, cette décision ne lui appartient pas et Julian a été d'une clarté limpide dans le message qu'il a répondu à la question de la nécessité absolue de sa présence. Oui. Non négociable. Si tu ne viens pas je te vire de ton boulot et je ne te parle plus jamais de ma vie. Jamais trop dramatique dans son approche des choses, Julian a au moins trouvé les arguments nécessaires à la convaincre – plus que son job, il s'agit surtout de leur amitié qu'elle n'a pas à cœur de gâcher pour une soirée. Et puis, Lyla sera là, et si elles se sont revues depuis le retour de cette dernière à Londres, leurs moments ensemble ont été brefs, bien trop à son goût. Elle ne doute pas qu'Eliot sera également présent et la pensée fait faire une embardée à son cœur qu'elle réprimande vertement d'être si lisible et si prévisible. Apprêtée comme elle l'est rarement, ses longs cheveux noirs savamment coiffés en boucles qui ne tiendront que le temps de quelques heures, elle arrive avec ce qu'il faut de retard à l'Evermere. Le souvenir de soirées où elle s'est retrouvée à attendre seule quarante-cinq minutes est trop cuisant pour vouloir retenter l'expérience. Reira tend le carton d'invitation au videur qui acquiesce, appelle un collègue qui s'empresse de s'approcher d'elle pour la débarrasser et la guider jusqu'à l'endroit que 'Mr Carlyle a réservé pour vous'. Elle hoche la tête, parfaitement mal à l'aise dans cette robe dévoilant trop de peau à son goût et complètement perdue dans ce club qui est immense et siège sur plusieurs étages. La présence de n'importe qui de son entourage aurait été plus que bienvenue mais c'est seule qu'on l'amène au premier étage, où se situe le lounge comme le lui explique son guide. Nouvel acquiescement, Reira n'a pas la moindre idée de ce dont il parle mais se trouve être trop polie pour poser la moindre question. On lui indique d'un geste de la main un booth élégamment décoré et idéal pour accueillir un groupe de personnes. Ah, Julian, optimiste s'il en est pour s'imaginer une seule seconde qu'ils resteraient à cet endroit, tous ensemble, quand le rez-de-chaussée regorgeait de femmes prêtes à se jeter sur la première proie dans leur champ de vision. Nul doute qu'Eliot et Jamie se saisiront de l'occasion. Naturellement Reira est la première arrivée, au moins de ce qu'elle peut voir, et elle se retient d'envoyer des messages angoissés à Julian, à Lyla, et même à Odessa – preuve s'il en est que l'heure est grave. Au lieu de ça, elle offre un sourire doux à l'un des serveurs qui vient d'arriver jusqu'à elle non pour prendre sa commande, mais pour lui offrir une coupe de champagne qu'elle remercie d'un geste de tête. Elle profite de ce moment de répit pour jeter un œil tout autour d'elle et apprécier la beauté de l'endroit, si finement travaillé qu'elle n'a pas le moindre doute quant à son succès, avant de jeter un regard angoissé à son téléphone qui ne capte qu'à peine, et toujours vierge du moindre message de Lyla.

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Rose Nightingale invitée à une grande soirée d’ouverture, on aura tout vu. Le carton est pourtant bien arrivé dans sa boite aux lettres et non, ce n’est pas une erreur : le nom inscrit dessus est bien le sien. Julian, visiblement, ne lâche pas l’affaire. Rien pour lui faire envie si ce n’est que tous ses amis semblent avoir décidé de s’y pointer. Qu’à cela ne tienne, le jour où Rose Nightingale déclinera une invitation comportant des consommations gratuites n’est pas encore arrivé. Vêtue d’une robe moulante noire, courte et à manches longues, son décolleté est en effet un peu trop échancré – il parait que ça va avec le thème. A peine arrivée qu’elle file au bar et a droit à sa coupe de champagne : ce soir sera bulleux ou ne sera pas. « Merci, » adresse-t-elle au serveur avant d’être abordée par Lily, accompagnée de Cassidy. Un immense sourire traverse son visage tandis que sa meilleure amie lui dépose un baiser sur la joue. Une pluie de compliments lui tombe dessus, et puisque Rose n’a jamais su les accueillir dignement : « N’importe quoi. » Elle est pourtant bien divine, et elle s’est fait chier pour, tout autant que célibataire d’ailleurs. Ce qui est loin d’être un problème : décidée à s’appliquer le fameux mieux vaut être seule que mal accompagnée, elle a pris le parti de ne plus se lancer dans quoi que ce soit sans être sûre d’elle à 100%. Sans compter le milliard de problèmes lui étant tombé sur le coin de la gueule les dernières semaines – traduction : elle a bien d’autres choses auxquelles penser. « Et regarde-toi : un missile. Heureusement que je cherche pas, tu m’aurais ruiné ma soirée. » Sans le vouloir, évidemment. Que Lily soit incapable de lui faire un coup pareil ou mariée n’y changerait rien : on est plutôt sur une affaire de décolleté, et il faut bien admettre que celui de sa meilleure amie est plus… fourni ? Lily lui propose déjà de partir avec eux à l’ouverture du bar de Liam. « Mmmh, pourquoi pas ! Tout dépend de comment ça se profile, » répond-elle en croisant les bras, coupe de champagne dans la main. Il est de notoriété publique qu’elle n’a jamais vraiment tenu l’alcool, et ce n’est pas faute d’avoir tenté de forcer les choses. Lily, comme Peter, le savent mieux que personne : une soirée ne commence jamais trop tôt pour elle et prend généralement le tournant des grands n’importe quoi, largement favorisé par la qualité de son accompagnement. Son regard balaie la zone autour d’eux, visiblement à la recherche d’une personne qu’elle s’attend à voir. Sans la trouver. Ses sourcils se froncent, trahissant la légère déception qui pointe : « Victor n’est pas là ? » Question posée presque innocemment, ce qui ne trompera jamais le missile devant elle. Quitte à choisir la présence d’un frère Valentyne, elle aurait préféré l’absent au présent. Lily a beau être sa meilleure amie, elle n’a jamais su, pu s’entendre avec Cassidy – encore moins depuis qu’elle travaille pour lui. Quand bien même traite-t-elle avec le fameux Victor, bien plus charmant et agréable au demeurant. Les yeux finissent leur tour d’horizon, aperçoivent brièvement Peter au milieu du débarquement des invités. « Aaah, le voilà lui. » Faut dire qu’elle a pas attendu bien longtemps non plus. Rose lève le bras pour signaler sa présence, remarque en même temps qu’il est en pleine conversation avec… Elle ne voit pas qui. Une femme visiblement ; impossible de voir son visage. Rose hausse les épaules : ils auraient bien le temps de se retrouver au cours de la soirée s’il ne l’a pas remarquée. Sa coupe se dresse devant le visage de sa meilleure amie : « on trinque ? Bah, t’as pas ton verre ? Rose se tourne vers le barman : bonsoir ? Une coupe pour mon amie s’il vous plait. »

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L’invitation qu’elle avait reçu l’avait suffisamment intrigué pour que Sam daigne accepter de se rendre à la soirée d’ouverture de l’Evermore Club. Travail ou loisir, elle ne se fermait pour le moment aucune porte et déciderait une fois sur les lieux le type de comportement qu’elle adopterait. Si c’était à la recherche de détente et de divertissement qu’elle partait de chez elle, il n’était pas impossible que son avis change une fois au milieu de tous les convives. En effet, le club avait l’air de vouloir se donner un petit côté select qui allait à coup sûr attirer certaines fortunes de Londres. Son terrain de chasse favori, des cibles potentielles qui une fois alcoolisées devenaient bien plus abordables et avaient une tendance suspecte à se lâcher, révélant par la même occasion certains aspects de leur vie privée qu’ils feraient mieux de garder pour eux. Par conséquent, si jamais Sam s’ennuyait à cette soirée où elle se rendait sans avoir contacté quiconque de son entourage, elle savait qu’elle aurait du travail à portée de main. Il y avait toujours un de ces riches prétentieux, un de ceux qui se pensaient au dessus de la mêlée, mieux que tout le monde, le genre d’enfoirés qu’elle prenait un malin plaisir à voler. Sirotant un verre de rosé alors qu’elle se préparait, Sam opta pour une robe noire dont le décolleté ne laissait que peu de place à l’imagination. Que cette soirée soit placée sous le signe du plaisir ou du business, elle mettait de toute façon toutes les chances de son côté d’entrée de jeu. Une vingtaine de minutes plus tard, un taxi la déposait devant l’Evermore Club. Soirée d’ouverture et certaines personnes tentaient déjà vainement de pénétrer dans l’établissement, recalées sans ménagement par des videurs qui semblaient déjà lassés de ces multiples tentatives. Se dirigeant vers la porte d’entrée, Sam tendit son carton d’invitation et pointa du doigt une des filles qui venait de se faire refuser l’entrée. « C’est ma plus un. » Sam croyait au karma et essayait de faire une bonne action par jour pour contrebalancer ses mauvaises actions qui se caractérisaient par ses vols. Les choses devaient cependant être mises au clair rapidement, il était hors de question de devoir subir la compagnie de cette fille toute la soirée. « Passe une bonne soirée. » lâcha-t-elle dans un sourire forcé avant de finalement faire irruption dans le club après avoir déposé son manteau au vestiaire. Le rez-de-chaussée était déjà bondé de gens dansant avec bien trop d’entrain pour un début de soirée, pas l’ambiance que Sam recherchait. En revanche, l’étage et le lounge qu’elle aperçut du coin de l’oeil serait parfait pour prendre un ou deux verres et faire de nouvelles rencontres. Alors qu’elle s’apprêtait à emprunter l’escalier, un bras la retint l’espace d’une seconde. Peter Llewelyn en personne qui l’abordait, se servant apparemment d’elle pour échapper à une conversation des plus ennuyeuses. « Merci. » Elle se garda d’ajouter un je sais alors qu’il la complimentait sur son apparence. Elle l’inspecta d’un oeil amusé et, à sa manière, lui rendit la pareille. « Et toi le célibat te sied plutôt bien. » Elle avait appris la nouvelle par Sage et, s’il ne s’était rien passé lorsque Peter était en couple, une attirance certaine était née. A tel point que celui qu’elle envisageait à l’origine comme une cible idéale pour un vol était devenu plus ou moins intouchable. Si elle prétendait que c’était principalement par respect pour Sage, c’était surtout parce qu’elle l’appréciait, au delà de sa fortune, au delà de son héritage. « Laisse moi deviner, encore un de ces types qui ne parlent que de travail alors qu’ils sont en club ? » Attendant sa réponse, elle en profita pour lui imposer le déroulement des quinze prochaines minutes en les dirigeant tous les deux vers le bar le plus proche. « Puisque je t’ai sauvé d’une conversation chiante, tu seras suffisamment bien élevé pour prendre un verre avec moi, non ? »

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Jane se serait bien volontiers passée de cette soirée. Pas d’humeur et surtout pas l’envie de faire semblant, comme si tout allait bien, ce qui est loin d’être le cas. Pourtant, elle s’efforce malgré tout d'afficher son plus beau sourire, tandis qu’elle fixe les bulles virevoltant au fond de son verre. Tout est dans l’apparence, comme toujours. Si, ça ne tenait qu’à elle, elle se serait contentée d’un verre de vin rouge et d’un bon vieux bouquin, mais l’idée que l’on puisse l’imaginer en train de se morfondre toute seule chez elle, ressassant inévitablement sa rupture, telle une pauvre fille désemparée, ne lui plaisait pas le moins du monde. Sans parler d’Isaac, plus convaincant tu meurs, sans lequel elle n’aurait probablement pas eu le courage de troquer son jean relax contre cette robe noire moulante dénudant ses épaules. Elle exècre d’ailleurs ce thème, sexy but not trashy, pas vraiment certaine de l’interprétation pour le moins floue et subjective de ce dernier. Mais, soit, puisqu’il le faut. De toute façon, maintenant qu’elle honore les lieux de sa présence, autant éviter de tirer la tronche, son ami et cavalier tout désigné lui en voudrait probablement, bien qu’il soit habitué à son côté casse-pieds. Après tout, ils sont tels joyeux et grincheux, sacré duo. Loin d’elle cependant l’envie de lui gâcher sa soirée, elle n’est tout de même pas si égoïste. « Trinquons en l’honneur de ton incontestable talent de persuasion. » Il faut bien reconnaître qu’il est sacrément talentueux lorsqu’il s’agit de contrer les arguments d’une Jane rabat-joie et peu amène à s’aventurer à l’ouverture d’un club londonien. À se demander lequel des deux est avocat. D’un geste assuré, elle lève sa coupe de champagne gracieusement offerte par la maison, ancrant son regard aux prunelles sombres d’Isaac, se promettant intérieurement d’au moins tenter de profiter de l’événement. ça ne peut pas lui faire de mal. « Je dois reconnaître que tu sais comment extirper une femme de son canapé, tu mériterais presque une médaille. » Les coupes tintent tandis qu’elle s’efforce de ne guère jeter un coup d’œil aux alentours, se refusant de chercher Peter du regard. Dieu seul sait combien elle en meurt d’envie. Cependant, autant éviter de découvrir son ex petit-ami en charmante compagnie. Remuer le couteau dans la plaie de ne fait pas partie de ses projets. Non, merci. La jalousie est une véritable saleté, sans parler du crève-cœur que ce serait de l’apercevoir avec une autre qu'elle. « Si, la soirée m'apparaît moins pire qu’escompté, je te promets de ne plus jouer les trouble-fêtes pendant au moins deux semaines. Dans le cas contraire, tu me devras une bouteille de vin rouge. Deal ? » L’esquisse d’un rictus joueur ravissant ses traits, Jane est peut-être finalement décidée à ne guère se morfondre ce soir, ni même à ruminer contre Peter et surtout contre sa propre personne. Elle peut bien s’accorder une pause après tout, pas vraiment son genre certes, elle pense beaucoup trop, analyse toujours tout, mais autant essayer, ne serait-ce que l'espace d'un bref instant.

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— T’ES OU ? Je suis flippé. Toi rejoindre moi, vite. Tu peux pas me laisser tomber, pas ce soir. En plus la robe m’a couté un bras. Alors, Lyla Drysdale, ramène toi ou tout est terminé entre nous… J’ai vraiment besoin de toi là. Je t’aime ? Il raccroche, faussement contrarié et surtout la boule au ventre. Le petit pic de stress avant l’entrée sur scène, et personne pour l'encourager, pas même sa Lyla à qui il a forcé la main pour venir. Une robe envoyée, un petit mot / déclaration d'amour avec, sans oublié la boite de chocolats. très important. Et elle ose ne pas se présenter ce soir ? Il lâche un long soupire. La tension à son paroxysme, c’est un Julian beaucoup trop sobre qui pénètre dans l’antre qu’il a pris soin de rhabiller pour cette ouverture exceptionnelle. Aux côtés d’une direction qui lui a aveuglément fait confiance, le maître de cérémonie s’est chargé de faire les choses, et les faire bien. Sourire carnassier le long de la commissure, il ne manque pas l’occasion de faire de son arrivée un véritable show. Lunettes de soleil qu’il envoi voler à la femme chargé du vestiaire, il fait tomber la veste pour laisser découvrir sa tenue du soir. Sexy but not trashy. Ainsi soit-il donc. Chemise immaculée dont les premiers boutons auront volontairement été oubliés, pantalon noir taillé sur-mesure, et le reste de cette gueule d’ange fera amplement l’affaire. Il a des étoiles dans les yeux, et bouillonne littéralement de l’intérieur. Les serveurs sont salués d’un rapide signe de la main, les convives déjà présents sont accueillis d’un large sourire, et le premier verre qu’on lui apporte est sifflé d’une seule traite. Son regard fini par tomber sur une silhouette connue, laquelle il dévisage des pieds à la tête.  — Ah, les voilà, les plus belles gueules de Londres réunies au même endroit pour cette nuit ! Très jolie robe Rose. Je pensais pas te voir ici… mais eh, t’es pleine de surprise dis donc. J’a-do-re ça. Sa phrase, il la ponctue d’un clin d’oeil en attrapant deux nouvelles coupes de champagne qu’on lui propose. Et non, il ne restera pas pour l’entendre râler, et profite d’un bref temps mort pour entrechoquer les deux verres et ainsi recueillir l’attention de tous. Aussi cérémonieux qu’on puisse l’être, il se racle un instant la gorge et annonce l’ouverture des festivité.  — Oyé oyé les enfants, pour ceux qui ne me connaissent pas, ici Julian Carlyle ou le bienfaiteur de votre nuit à venir. Merci d’avoir répondu à ces invitations et de me faire l’honneur de votre présence. Un seul mot d’ordre à cette soirée : on s’arrache, et on se déhanche sur la piste. Personne ne repartira seul ce soir, oh que non. Tiens, et pour faciliter la chose, la première tournée, elle est pour moi. Alors go, go, go, messieurs, mesdames, faites moi tomber ces balais dans le cul pour l’amour du ciel. C’est . La . Fête ! Et il conclue ce petit discours d’une brève révérence, lève ses deux verres à l’intention de ceux qui auront pris la peine de l’écouter, et s’attarde sur une tête bien connue. Le petit coin pour ses VIP, organisés et cocooné spécialement pour son gang, sa team, sa famille. La crème au milieu du reste. Julian enchaine les deux verres, balance le tout sur le premier plateau venu, et court se réfugier dans sa bulle de réconfort aux côtés de son amie.  — Là, c’est ça qu’on veut ! J’étais sur le point de signer ta lettre de licenciement….  Mais, wouaw. T’es… époustouflante Reira. Dommage qu’on soit amis… Vicieux, toujours. Il ne lui laisse pas le temps de l’insulter, et vient aussitôt l’assommer d’un baiser sur la joue et l’oblige d’un geste adroit et mesuré à lui faire faire un tour sur elle-même pour l’admirer. Admirable. — Sérieusement, t’es magnifique, et j’suis content que tu sois venue. Il est sur-excité, ne tient pas en place une seule seconde, et se place innocemment derrière Reira en dansant pour venir guetter d’un oeil avisé les gens arrivés.  — Eh, c’est que je commence vraiment à avoir chaud… Faut vite qu’on boive. Vite vite vite. Je tape une crise. Jeffrey ! Les verres mecs, LES VERRES. Et oublie pas les glaçons. Et sont où les autres là. A tous les coups ils ont oublié. M’font chier. Julian, ses crises de panique, et sa très mauvaise tolérance aux alcools à bulles. La soirée ne fait que commencer…

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« Allez bouge toi le cul Eliot. » cria Jamie à travers la porte. Sa patience était proche du néant et la petite douche que son ami prenait avant de sortir lui semblait déjà bien trop longue. Jamie avait envie de retrouver ses potes, au complet, de s’amuser, de picoler, de passer un bon moment. Comme elle le faisait si bien depuis son retour, Lyla continuerait sûrement de les éviter et ne viendrait pas à la soirée, ainsi, il n’avait pas à s’inquiéter de causer une scène outre mesure. Il pouvait se concentrer sur le bon temps qu’il allait passer, sans se prendre la tête. Deux-trois minutes plus tard, Eliot sortit enfin de la salle de bain, un air grognon sur le visage. « T’en fais pas, t’es belle princesse. » ricana-t-il alors qu’il finissait le verre qu’il avait à la main avant de prendre la direction de l’Evermore Club. C’était une sorte de tradition tacite qu’ils avaient tous les deux avant de se rendre à une soirée, ils buvaient deux-trois verres ensemble avant de rejoindre les autres, because that’s what bros do. Le Uber qu’il avait commandé les attendait juste en bas de l’appartement et, une quinzaine de minutes plus tard, ils se retrouvaient à Soho où Julian avait décidé de voir les choses en grand pour cette soirée qu’il organisait, tel le Gatsby le magnifique qui sommeillait en lui. « Julian pouvait pas organiser une soirée normale, fallait qu’il réserve la soirée d’ouverture d’un club. » balança-t-il, amusé. Oh Jamie ne se plaignait pas, bien au contraire, il comptait bien profiter de tout ce dont la soirée de Julian avait à offrir, il constatait seulement que la folie des grandeurs de son pote restait intacte malgré l’âge. Pas de plus un ? leur demanda le type à l’entrée et pour seul réponse, Jamie offrit un rire moqueur. Quelle personne de bon sens voulait venir à ce genre de soirées en couple ? Ce type d’événements offrait au contraire de grandes chances de repartir accompagné si l’on s’y pointait seul. Venir ici en couple était s’assurer d’une énorme crise de jalousie d’ici la fin de soirée. Pénétrant dans l’enceinte de l’établissement, Jamie ne put s’empêcher d’afficher une grimace satisfaite, l’endroit avait du style, Julian avait bien choisi. Alors qu’ils se dirigeaient vers l’escalier qui menait à l’étage, Jamie se retourna - tout en continuant sa marche, à reculons - pour jeter un nouveau d’oeil à certaines filles qu’ils venaient de croiser. « Cette soirée a… un potentiel certain, mes félicitations à Julian. » Certaines des filles qui dansaient sur la piste semblaient sortir tout droit de magazines de mannequins et Jamie, qui avait toujours été sensible aux belles formes, était plus que satisfait par le spectacle qui s’offrait à ses yeux. Quelques marches plus tard, ils arrivaient dans le coin du lounge qui leur avait été réservé et, Eliot et Jamie surprirent un Julian inquiet, anxieux à l’idée qu’ils ne se pointent pas ce soir. « Vraiment Carlyle ? Nous ? Oublier une soirée ? Tu nous connais si mal que ça ? » Il se saisit des deux épaules de son pote et les secoua amicalement en guise de bonjour. Si la fidélité de Jamie au sujet de ses relations amoureuses était bancale, celle qu’il avait pour le monde de la fête était sans faille et l’on pouvait toujours compter sur sa présence, sans faute. Il se tourna ensuite vers Reira et la salua, à sa manière. « T’es superbe Reira, j’en connais une qui va choper ce soir ! » Il en profita alors pour pousser gentiment Eliot et le charrier. « Prends-en de la graine Eliot ! » La vie sentimentale de son pote qui n’avait aucun secret pour lui semblait plutôt calme ces derniers temps alors qu’elle était habituellement mouvementée. Par conséquent, Jamie ne se faisait pas prier pour le chambrer dès que l’occasion se présentait. S’il savait…

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