lord robin of loxley

cole

Robin a su forger sa légende seule, et quelle légende ! S'il tend toujours à l'enjoliver car il n'est rien, si pas imaginatif, force est de reconnaître qu'il fait office de personnalité politique à part dans le grand échiquier d'Evermore. Il faut dire qu'Aerendyl souffrait de longue date d'une place étrange dans ce monde en conflit permanent : à l'inverse des royaumes obstinés à rayer entièrement la magie de la carte, celui-ci en accueille encore une partie de ses représentants, et ce sont les humains qui y sont en minorité. Des humains dont Robin fait partie, sans la moindre goutte de magie mais avec de l'audace à revendre, et dieu seul sait qu'il en a. Capable de faire tourner absolument tout en sa faveur, il a su tirer parti d'une situation a priori médiocre pour devenir l'une des personnalités les plus importantes d'Aerendyl. Originaire de Loxley, village en bordure de Nemeree particulièrement réputé pour son instabilité et ses dangers, Robin est l'un de ces personnages que l'on associe si aisément à sa ville. Fier représentant des voleurs qui y sont légion, il a passé sa vie à voler à droite à gauche, pour survivre d'abord, pour le plaisir ensuite. Car s'il est un domaine où il excelle particulièrement, c'est bien celui du vol, et ce talent est en grande partie du à un charisme affolant dont il n'hésite pas à user et abuser pour détourner l'attention et se servir allègrement dans les poches des gens qu'il détrousse. Mais parce qu'il n'a pas une goutte de malveillance en lui, ses méfaits ne lui valent pas la colère des habitants de la région. Sans parler d'admiration, tous reconnaissent qu'il a le mérite d'être relativement honnête, de ne pas prétendre être quelqu'un qu'il n'est pas... et qu'il est si facile de passer l'éponge grâce à l'un de ces sourires dont il a le secret. Robin est un enfant qui a parfois du mal à grandir et à accepter que ce qu'il faisait avant ne sera plus si aisément pardonné. C'est un concours de circonstances qui l'a amené à la place qu'il occupe actuellement : un rassemblement de villages, la naissance d'une communauté qui, comme tout groupe, s'est inévitablement cherché un leader. S'il s'est proposé spontanément, c'était davantage pour plaisanter que pour être réellement désigné et c'est pourtant lui que l'on a nommé dans ce qui se rapproche le plus d'un vote démocratique. Alors Robin est devenu Seigneur d'Avlee, sans posséder la moindre fibre de dirigeant en lui. Parti de rien, il a fait d'Avlee sa demeure, de quelques tôles, de bric et de brac un 'château' qui n'a bien de château que le nom mais dont il se montre très fier, le Tularean. Mais s'il voit au début son règne comme un jeu auquel il pense exceller comme pour tout le reste, il découvre bien vite que le titre a un poids qu'il n'imaginait pas, des règles à respecter, des attentes à ne pas décevoir mais aussi des alliances à former. S'il peut compter sur une bande de joyeux compagnons, ses amis de toujours qui se surnomment les Merry Men, ainsi que sur Marion, son grand amour, il se heurte cependant aux difficultés plus souvent qu'il ne le voudrait, et se voit obligé de murir d'un coup sans y être préparé, au risque de perdre son étincelle.


Difficile d'imaginer qu'il n'a pas toujours été l'homme d'une seule femme et pour cause : pendant longtemps, il ne l'était pas et se plaisait à passer de l'une à l'autre avec le bagou qu'on lui connait. C'est pourtant bien sur elle qu'il a jeté son dévolu lorsqu'il l'a sortie d'un mauvais pas organisé par ses Merry Men et s'est confronté à une femme qui, il l'a rapidement compris, était au moins son égale. S'en est suivie une relation passionnée et joueuse, en dépit du mariage de Marion à un autre homme, et quitte à la mettre parfois en danger. Mais depuis quelques mois, leur relation semble en proie à bien des tourments, notamment face à la difficulté de tenir un royaume et leur incapacité à concevoir un enfant. Ce qui n'est pour l'instant qu'une tâche dans leur histoire semble prendre de plus en plus d'ampleur, à mesure que les non-dits s'installent dans leur couple et que la frustration augmente de ne pouvoir mener de front un amour sincère et exaltant, un royaume, et la possibilité d'une famille ensemble. Pour ne rien arranger, Robin a quitté voilà quelques semaines ses terres pour celles, nettement plus froides quoique particulièrement accueillants de Frostväll. Le motif ? Une rencontre diplomatique, au moins sur le papier. Les jumeaux au pouvoir et Robin ont cela en commun qu'ils ont accédé à la tête de leur royaume sans l'avoir jamais prémédité – d'aucuns diraient par hasard. S'il n'est pas véritablement à la recherche d'une alliance, Robin sait aussi qu'il est la porte d'entrée vers Frostväll et qu'ils ont tout intérêt à s'entendre. La rencontre a été aussi intéressante qu'intrigante : là où Jack et lui ont beaucoup en commun, à commencer par leur personnalité espiègle, parfois immature, Elsa ne saurait être plus différente de lui. Réservée, la tête froide, visiblement mal à l'aise avec les contacts, elle est bien plus difficile à percer à jour que son frère et c'est bien tout l'intérêt. Car à mesure que les jours défilent et qu'ils se côtoient, certaines barrières qu'elle met spontanément entre elle et les autres tombent face à la chaleur de Robin et son authenticité loin de tout jeu politique. S'il n'est pas encore question de sentiments, encore moins pour Robin dont l'image de Marion est toujours bien présente dans son esprit, il ne peut pas nier qu'il retarde toujours plus son retour à Avlee auprès d'elle et recherche malgré lui le contact avec Elsa qui exerce un rien de fascination sur lui. En attendant son retour, c'est au frère de Marion qu'il a laissé les rênes du royaume. Will et lui sont pourtant partis du mauvais pied, et continuent aujourd'hui d'avoir une amitié qui a tout l'air d'une rivalité, probablement parce qu'ils viennent de milieux très différents, et parce que sa proximité avec sa sœur lui permet de sentir que leur couple s'étiole de plus en plus. S'il n'en dit rien pour le moment, il sait qu'au retour de son roi – et le plus souvent ami – il n'hésitera pas à le confronter et s'assurer que sa sœur soit traitée comme elle le mérite.

maid marion of avlee

(isab)ella

Si Marion détonne dans le paysage d'Avlee, c'est sans doute parce que l'on n'a pas l'habitude de voir une femme se jouer aussi habilement des codes de son monde. Née dans une bonne famille, son statut privilégié l'a mise à l'abri du besoin et lui a offert un cocon doré dont il aurait été facile de se contenter si elle n'avait eu le goût de l'aventure, et de la passion qu'elle cherche inlassablement dans tout ce qu'elle est et surtout dans tout ce qu'elle fait. Marion est bien née, et le sait, ne cherche pas à prétendre être autre chose mais déjoue habilement les stéréotypes que l'on fait des femmes de son rang. Ses parents et son frère adoptif ont fini par abandonner tout espoir de la faire rentrer dans un carcan, et lui ont laissé une liberté souvent mal vue par les autres habitants de cette ville devenue capitale d'un tout nouveau royaume. Grand bien leur en a sans doute pris, car l'exaltante liberté dont elle jouit aura permis à Marion de se construire selon ses propres règles. Indépendante et fière de l'être, d'excellente compagnie pour tous ceux qui ont le plaisir d'en bénéficier, elle dissimule habilement sous des traits rieurs son esprit affuté. A la place, on se confronte à une langue qu'elle a de bien pendue, et qui lui a souvent valu de se retrouver dans des situations délicates. Mais parce que Marion n'écoute que son impulsion du moment et agit souvent avant de réfléchir, il lui arrive de s'attirer des problèmes qu'elle aurait largement pu éviter. Le dernier exemple en date est un mariage de circonstance, auprès d'un homme dont elle a envisagé un temps qu'elle pourrait en tomber amoureuse avant de réaliser qu'il était brisé bien au-delà de ce qu'elle pouvait envisager de réparer. Sans l'être outrageusement, Marion est superficielle, assez pour chercher la simplicité dans ce qu'elle fait et puisque ses sentiments ne pouvaient naître auprès de lui, elle n'hésita pas à les chercher ailleurs. Mais de la même façon qu'un chat retombe toujours sur ses pattes, sa chance insolente lui a permis de trouver l'amour véritable auprès d'un homme élu peu de temps après souverain d'Avlee. Un vote quasi-démocratique pour un territoire qui n'a jamais connu de roi avant lui et qui lui offre à elle aussi une voie qu'elle n'aurait jamais soupçonnée : celle de devenir la souveraine d'Avlee. Mais sa capacité à voir les choses plus simplement qu'elles ne le sont, et fuir les problèmes dans la mesure du possible, sont autant de caractéristiques qui peuvent l'amener sur une pente dangereuse dans l'impitoyable jeu de politique auquel elle se confronte malgré elle. Car dans ce paysage d'hypocrisie et de faux semblants, Marion détonne : elle est vraie, authentique et ne comprend pas les nouveaux codes qui régissent son quotidien. Elle refuse de se plier aux exigences et ce comportement commence à susciter des critiques sur son passage.


Il est apparu dans sa vie du jour au lendemain et l'a transformée du tout au tout : Will est son petit frère, adopté par des parents l'ayant trouvé en bordure d'Avlee. Et s'ils ne partagent pas le même sang, cela ne fait à ses yeux aucune différence. Leur relation est faite de chamailleries, de piques, de disputes mais aussi d'une grosse dose d'affection qui les rend très protecteurs l'un de l'autre, certains diront qu'il l'est d'ailleurs bien trop pour un frère. Tous ignorent les véritables origines de Will, et dans le fond savoir qu'il est à moitié fée ne changerait pas grand-chose tant il s'est imprégné du milieu dans lequel il a grandi. Cela ne l'empêche pourtant pas de voir d'un mauvais œil les fréquentations de sa sœur, toujours douée pour se mettre dans des situations dangereuses, et plus encore lorsqu'elle rencontre Robin et sa bande de voleurs. Source de tensions entre eux, l'idylle naissante entre Robin et Marion a valu de les éloigner l'un de l'autre de longues années, mais ce n'est rien comparé à la haine de celui-ci envers l'époux actuel de sa sœur aînée. Il faut dire qu'en épousant Ryland, Marion n'imaginait pas une minute que derrière le prestige du nom, sa fortune et ses belles promesses se déguisait un type profondément abimé par son éducation et ses précédentes malchances amoureuses. Si elle s'est vaguement amourachée de lui, au moins un temps, assez pour croire qu'ils pourraient former un mariage heureux, elle s'est rapidement confrontée à la réalité de ce que Ryland avait à lui offrir. L'argent et les atours, certes, mais aussi de violentes colères, et une jalousie maladive de sa part ont fini par ternir tout espoir d'une belle histoire d'amour qu'elle trouvera dans les bras d'un autre. L'une des violentes crises de Ryland l'a convaincue de prendre la fuite avant de connaître le même sort funeste que ses précédentes femmes et s'ils sont mariés sur le papier, Marion ne désire rien de mieux que de pouvoir le sortir de sa vie – un vœu visiblement exaucé par sa disparition incompréhensible. Et s'il revenait dans sa vie, elle n'a pas le moindre doute que Robin saurait la protéger de lui. Il faut dire que leur histoire d'amour est tout ce qu'il y a de plus passionnée – ce qui n'a rien de surprenant au vu de leurs personnalités respectives. Si elle a mis du temps à se développer, leur histoire a commencé par accident : Robin l'a sortie d'un mauvais pas auprès de ses Merry Men un jour qu'elle s'était aventurée sur les terres de Loxley. D'abord certain de la détrousser, il changea d'avis brusquement en se heurtant à la vivacité d'esprit de Marion, son goût pour les répliques acides et son charme détonnant. Amis un temps, ils finirent par consommer leur amour en dépit de son mariage à un autre, et continuent aujourd'hui de le vivre sans n'avoir plus à se cacher. Mais face à la difficulté de tenir un royaume et notamment leur incapacité à concevoir un enfant, leur relation s'effrite petit à petit. Ce qui n'est pour l'instant qu'une tâche dans leur histoire semble prendre de plus en plus d'ampleur, à mesure que les non-dits s'installent dans leur couple et que la frustration augmente de ne pouvoir mener de front un amour sincère et exaltant, un royaume, et la possibilité d'une famille ensemble.

queen clarion of faesallor

gemma

Bien des légendes entourent les fées, mais aucune aussi répandue que celle de la Reine Clarion, plus couramment surnommée la Fée Bleue en raison de sa couleur de prédilection. Elle règne depuis des décennies, et d'une main de fer, sur Faesallor dont elle a hérité lors du tournoi traditionnellement organisé pour décider du prochain souverain à la mort du précédent. Si ce n'était pour elle, et pour l'amour qu'elle porte à ce rôle et ce domaine, Faesallor aurait sans nul doute disparu des mains des hommes auxquels elle voue une aversion sans pareille. Parce qu'elle a accepté de rester confinée sur un seul territoire, sa vie et celle de ses fées sont restées sauves, au prix de lourds sacrifices et notamment de partager Aerendyl avec des humains. Clarion est souvent perçue comme une reine dure, ardemment protégée par une carapace qui la préserve des fluctuations du cœur. Mais ce que beaucoup considèrent comme un défaut de taille est à ses yeux sa plus grande force : grâce à son pragmatisme, elle est capable de prendre les décisions qui s'imposent en faisant fi de son amour-propre, de son égo, ou de ses sentiments dont elle juge qu'ils n'ont pas la place pour régner. Les fées l'admirent autant qu'elles la craignent, lui vouent un respect infini et s'attachent toujours à lui faire plaisir par crainte de lire l'expression de sa déception sur son visage. De fait, les règles drastiques qu'elle a mises en place pour protéger Faesallor sont respectées le plus souvent, quand bien même leur degré de nobilité peut être mis en question : elle n'hésite pas à laisser certaines fées s'acharner sur d'autres pour juger du degré de force d'esprit, quitte pour cela à abandonner les plus faibles à leur propre sort et les ignorer purement et simplement. Beaucoup jugeraient son comportement à l'opposé de ce que la morale veut, mais ce serait mécomprendre entièrement le fonctionnement des fées, jamais régies par la morale humaine et qui répondent à leur propre schéma. Son intransigeance avec ses fées, qu'elle voit le plus souvent comme ses enfants, ne s'applique pourtant pas systématiquement à elle, ce que l'on considère parfois comme de l'hypocrisie : refusant obstinément que les fées se mêlent aux hommes, qu'elle juge inférieurs à eux, il n'en reste pas moins qu'elle les côtoie avec ou sans magie pour son propre plaisir, mais refuse de l'admettre en public et refuse plus encore la seule idée de partager son règne avec quelqu'un d'autre, qu'il fût magicien ou non. Son pragmatisme la conduit à des actes dont même elle n'aurait pu anticiper les conséquences, comme de rejeter l'une de ses fées et la voir devenir reine d'un royaume ennemi, ou bien fragiliser un règne en s'assurant la mort d'un héritier, autant d'actions s'opposant directement à sa nature de fée et qu'elle continue de cacher aux yeux de sa communauté, certaine qu'elles n'hésiteraient pas à se liguer contre elle si elles l'apprenaient.

Tinkerbell est indéniablement son plus grand échec, et une honte qu'elle porte encore à ce jour comme un fardeau tant elle se sent responsable de ce qu'est devenue cette fée. Il faut dire que Clarion n'a eu de cesse de la considérer comme l'un de ses maillons faibles : après tout, que pourrait-elle faire d'une fée incapable d'utiliser sa magie, ni sa poussière ? Qu'aurait-elle pu faire d'autre que la livrer à la même sentence que les autres de sa catégorie, et la laisser être maltraitée des années durant par ses compères, ses amies, ses sœurs ? Pourtant, nul doute que si l'opportunité lui était donnée de changer les choses, Clarion effacerait tout, n'ignorerait pas les plaintes, le dénigrement, le harcèlement, les blessures et tout ce qui a marqué sa fée au fer rouge. L'une de ses filles, désormais reine de Nemeree, et qui n'a rien oublié de l'enfer qu'on lui a infligé toutes ses jeunes années de fée, sans même parler de sa relation avec Peter – interdite, honteuse. Mais si Clarion regrette, et voudrait pouvoir trouver le moyen d'atteindre Tinkerbell et percer les ténèbres qui l'entourent, celle-ci se nourrit d'une telle haine à son égard qu'elle en est dangereuse, plus encore quand elle nourrit les intrigues politiques d'Evermore. C'est une leçon apprise de la plus dure des façons lorsque Clarion tente d'opérer un rapprochement avec Nemeree, désormais aux mains d'un magicien, quand bien même s'avère-t-il être Peter Pan, l'époux de Tinkerbell, mais aussi l'enfant qu'elle était censée accompagner. Car ce dernier sait tout, et plus encore, il sait ce que la Reine des Fées a été capable de faire pour s'assurer de la docilité des siens et son ascendant politique au sein d'Aerendyl, dont elle ne supporte pas qu'elle soit également la demeure d'hommes. Responsable – ne serait-ce que par omission – de la mort du frère aîné de Peter, le rapprochement entre les deux royaumes n'a pas seulement tourné court : l'existence même de Faesallor est désormais à risque, maintenant que Peter et Cora sont déterminés à rayer son domaine de la carte, par vengeance mais aussi par soif de pouvoir : ceux qui s'opposent à eux, passé ou futur, paient de leur vie ce refus. Devant la menace que représente le couple royal de Nemeree, Clarion se montre plus pragmatique que jamais. Si elle ne peut avoir d'alliance, alors elle s'assurera de les tenir à distance de son royaume, quitte pour cela à entretenir des liens contre nature avec des humains. C'est le cas de Ryland, auquel elle ne se serait jamais intéressé s'il n'avait été en danger face à Cora. Accueilli froidement à Faesallor, et uniquement pour le maintenir en vie et l'utiliser dans ce qui pourrait devenir une guerre, elle le garde comme un précieux atout et, lorsque l'ennui la guette, un amant capable de lui faire goûter à un rien de frisson. Mais chaque fois qu'elle se surprend à le chercher, à le désirer, son esprit la renvoie inévitablement à un homme, humain, dont elle est tombée amoureuse bien des décennies plus tôt. De cette relation absolument interdite, ne serait-ce que par ses propres critères, est né un petit garçon hybride, mi-fée mi-homme, qu'elle n'a eu d'autre choix que de livrer à son propre sort en l'abandonnant peu de temps après sa naissance. Là encore un regret pour la Reine, maternelle par nature mais dans l'impossibilité d'aimer cet enfant nommé Will et désormais l'un de ses potentiels ennemis.

sir william of avlee

andrew

Les origines de Will sont un mystère qui, encore à ce jour, continuent de le hanter. Abandonné dès sa naissance, il est recueilli par une famille noble d'Aerendyl qui décident de l'élever comme leur fils et cela, même s'il ne leur ressemble en rien que ce soit physiquement ou mentalement. D'abord très distant et froid, quasi mutique, il finit par se révéler à mesure que les années passent et qu'il trouve ses habitudes dans cette famille aimante et bienveillante. Il faut dire qu'on ferait difficilement mieux pour une famille d'adoption, qui a tout fait pour s'adapter à lui plutôt que de le forcer à s'adapter à eux. Sous la couche de froideur se cache un homme sensible, doté d'une grande intelligence émotionnelle et d'un sens de la justice très aiguisé. Will, par nature, prend les bonnes décisions, réfléchit avant de se jeter dans la gueule du loup bêtement et anticipe autant qu'il peut les conséquences de ses actes. Peu loquace, son visage suffit à traduire le plus souvent son état d'esprit, même si c'est pour manifester un rien d'agacement – qu'il a de récurent. S'il ne se livre pas facilement, une fois sa confiance acquise il est d'une loyauté sans pareille et serait prêt à absolument tout pour les gens qu'il aime, quand bien même sont-ils peu nombreux. Le problème est qu'il semble parfois oublier de vivre pour lui même plutôt que de passer son temps à surveiller sa sœur, et plonger dans ses histoires bien malgré lui. Devenir un homme titré par Robin aurait du être un événement à célébrer, mais Will n'a jamais été intéressé ni par le statut social, ni par l'argent en lui-même. S'il détonne dans cet environnement, c'est parce qu'une petite part de lui sait qu'il n'a rien à faire là, qu'il n'appartient pas à ce monde et qu'il ne fait absolument pas illusion. A mesure que les années passent, il se surprend à vouloir connaître sa véritable identité, ses parents, surtout lorsqu'il laisse échapper par accident la magie qu'il possède lorsqu'il est soumis à ses émotions et en particulier la frustration. Dans un royaume où la magie continue d'être mal vue, il ne fait pas bon exposer une magie qu'il ne comprend pas, et qui ne fait qu'augmenter sa frustration de ne pas connaître ses parents. Lorsque Robin part en mission diplomatique à Frostväll, c'est à lui qu'il confie les rênes d'Avlee, certain que Will saura prendre les bonnes décisions pour le bien-être des habitants qui semblent vouer un culte à leur seigneur. Il ne faut que peu de temps pour réaliser qu'il n'a absolument pas la fibre d'un leader, qu'il n'y prend aucun plaisir et pire, craint les interactions que ce rôle nécessite au quotidien. Profondément perdu, doutant de lui-même et soumis aux impulsions de son cœur qu'il juge honteuses pour tout ce qu'elles représentent, Will sait qu'il lui manque quelque chose pour éprouver ne serait-ce qu'un peu de bonheur dans une vie qui pourtant a tout à lui offrir et où il n'a jamais été lésé.


Elle est sa sœur, au moins d'adoption, et pourtant il suffit de l'observer tandis qu'il pose un regard tendre sur elle pour comprendre que les sentiments de Will pour Marion n'ont rien de fraternel. La seule idée de l'aimer autrement que comme il le devrait le rend malade, et pourtant son amour pour elle remonte à aussi loin qu'il s'en souvienne, tandis qu'elle s'efforçait de percer sa carapace. Ils ne partagent pas la moindre goutte de sang, seule pensée qui parvienne à l'apaiser lorsque ses démons l'assaillent, mais à ses yeux et aux yeux de sa famille ça ne ferait aucune différence. Marion n'a jamais rien su de l'affection réelle qu'il lui porte et il s'est efforcé de masquer ses sentiments tant bien que mal toutes ces années, malgré quelques sursauts de jalousie mal placée et une propension à vouloir toujours la protéger, surtout lorsqu'il s'agit d'hommes. Pour tous, ils sont deux frère et sœur unis par une grande affection, qui se chamaillent régulièrement, ne sont pas toujours en accord, et ne seront jamais que cela. Alors Will se tait, la voit avancer dans sa vie tandis qu'il reste en arrière, incapable de faire de même quand son cœur ne bat que pour une seule femme et qu'il a la certitude qu'elle ne sera jamais sienne. C'est sans doute pour ça qu'il a toujours vu d'un très mauvais œil ses fréquentations, à commencer par Ryland, son actuel époux dont le comportement a donné plus d'une fois l'envie à Will d'aller planter un couteau dans son cœur, puis Robin. Pour une raison qu'il ne s'explique pas tout à fait, il n'a jamais réussi à susciter en lui la même admiration qu'auprès de tous les autres. Will reste imperméable au charisme de cet homme qui a conquis le cœur de sa sœur et lui a offert en plus de son amour, un titre et une vie dont elle ne pouvait que rêver. Will se méfie, même s'il n'ignore pas que cette méfiance est davantage liée à sa jalousie qu'à la malveillance de Robin qui s'est toujours montré parfait avec Marion. Alors son frère garde le silence, malgré quelques piques passives-agressives, finit par trouver une sorte de terrain d'entente avec Robin au point d'en devenir un ami le plus souvent. S'il ne trouve pas vraiment sa place au sein des Merry Men, c'est davantage parce qu'ils n'ont pas le même passé, et que Will refuse de virer du côté de l'illégalité comme ils le font si souvent. Robin et Will sont amis... sur le papier. Et Robin a toute confiance en ses capacités à le remplacer en son absence, excepté que Will est persuadé que la durée de cette absence n'est en rien liée à la diplomatie, plus encore alors qu'il sait que son couple s'étiole petit à petit. En plus de Marion, l'autre manque de sa vie est indéniablement celle de ses parents biologiques. Malgré toutes ses recherches, il n'a aucune idée de leur identité, ignore également que sa mère est la Reine Clarion et qu'elle est encore bien vivante, à Faesallor, si près de lui et pourtant séparés par bien plus qu'une frontière terrestre. Il garde cependant espoir d'enfin la trouver, et obtenir les réponses aux questions qu'il n'a de cesse de se poser sur ses pouvoirs, sa véritable nature et sa place à Aerendyl... dont il pourrait être l'héritier légitime, bien davantage que Robin, du seul fait qu'il soit l'unique personne de la région à être tant humain que créature magique.

lord ryland

jake

Il est la définition même d'un héritage malheureux, d'une famille qui d'aussi loin qu'on se souvienne a toujours fermement haï la magie ; à cela, aucune autre raison que celle de craindre ce que l'on ne comprend pas, ce que l'on ne peut acheter grâce à quelques pièces d'or et dieu seul sait si de l'or, Ryland en possède. Une fortune même, qui lui a valu très souvent l'intérêt de personnes à des fins peu honorables. Il le vit parfois comme une malédiction, et a appris à se protéger des autres en se renfermant sur lui-même, espérant ainsi faire fuir les opportunistes se pressant à sa porte. Il faut dire que sa famille est très réputée à Aerendyl, a fait construire l'essentiel des bâtisses les plus solides du royaume où elle s'est installée dès lors que les créatures magiques ont été parquées dans un domaine inaccessible en leur laissant le champ libre pour faire fructifier un talent naturel pour les affaires et un savoir-faire matériel tout à fait particulier. Mais si la famille de Ryland attire vue de l'extérieur, la réalité est toute autre : il passe son enfance endoctriné par un père violent, colérique et déterminé à s'approprier toute parcelle de magie qu'il pourra obtenir, apprend à la haïr de toutes ses forces quand bien même il ne le fait que pour suivre l'exemple plus que par réelle aversion pour celle-ci, subit les fureurs légendaires de son père et surtout reste silencieux face aux horreurs que celui-ci commet, notamment sur une fée capturée par hasard aux abords de Faesallor. Pire que cela, il participe parfois, le plus souvent contre son gré, à toutes les expériences de son père et finit par reproduire certains de ses comportements. Lorsque la fée en réchappe, il revit la même chose plusieurs fois, avec d'autres créatures magiques dont son père souhaite tirer profit. Par nécessité de se protéger, Ryland bloque son esprit aussi fort qu'il le peut, jusqu'à considérer ces actions comme acceptables, voire défendables. A la mort de son père, et en tant que seul héritier, il récupère à la fois les terrains et la fortune, qu'il apprend à faire fructifier avec autant de talent que ce géniteur qu'il abhorre mais auquel il tend à ressembler davantage chaque jour. L'espoir de pouvoir échapper à la noirceur familiale prend la forme de femmes, dont il tombe parfois amoureux et qu'il tente de chérir comme si elles avaient le pouvoir de le rendre différent de son père. Mais les tragédies se succèdent, souvent accidentelles quoiqu'elles donnent toujours l'impression de ne pas l'être : une épouse à la santé fragile, qui trouve la mort lors d'une saison rude d'hiver ; une épouse qui se fracture le crâne lors d'une mauvaise chute ; les corps s'accumulent face à la consternation de celui dont l'on finit par murmurer qu'il est le même monstre que son père et responsable de toutes ces morts. Le regard des autres, couplé à l'opportunisme de ces gens qui souhaitent profiter de lui et de ses richesses le conduit lentement mais sûrement sur une pente dangereuse où raison et folie s'entremêlent. Il développe certains des traits de son père, notamment un tempérament colérique et une terrible jalousie, maladive, dont il fait subir les foudres à sa dernière épouse peu avant qu'elle ne le quitte pour un autre et réalise tout ce que Ryland craignait : qu'on l'abandonne, encore une fois. L'opportunité de se venger est interrompue lorsqu'on le sauve d'une mort aussi certaine qu'inattendue, et c'est au cœur de Faesallor qu'il se retrouve, au cœur d'un monde qu'il abhorre depuis toujours et qui lui offre pourtant un semblant de sécurité, si précaire soit-elle, et de quoi quitter au moins un peu sa solitude.


Si toute sa famille abhorre depuis toujours la magie, pour tout ce qu'elle représente et qu'ils ne peuvent posséder, cela ne les a pas empêchés d'essayer de l'atteindre quitte pour cela à commettre des actes particulièrement cruels. Le père de Ryland, notamment, a capturé une fée tout juste sortie de Faesallor et l'a tenue prisonnière des années durant. Tinkerbell, puisqu'elle se nomme ainsi, a vécu un enfer fait d'expériences douteuses, de torture et d'horreurs indicibles que Ryland a observées sans jamais s'interposer pour protéger cette créature magique pourtant douce et inoffensive d'apparence. S'il l'a aidée – par inadvertance – à s'enfuir, Tinkerbell n'a rien oublié de ses bourreaux qu'elle souhaite faire payer pour leurs actes. Elle a commencé par le père de Ryland, s'est assurée d'une agonie lente, longue et particulièrement sordide en guise de rétribution, mais ne compte pas s'arrêter là. Désormais pourvue d'une puissante magie, et n'ayant plus rien de l'innocence dont elle fut un jour pourvue, sa prochaine cible est le fils du bourreau, celui qui a regardé faire sans jamais agir. Ryland a tout ignoré de la menace, de la même façon qu'il ne s'est jamais soucié de ce qu'elle est devenue, jusqu'à être sauvé de celle-ci de la main d'une fée. Pas n'importe laquelle, cependant : la Reine Clarion, reine des fées, et possédant elle-même un lourd passif avec celle qui est devenue la Reine de Nemeree. Et puisqu'il est bien connu que les ennemis de nos ennemis sont nos amis, ils ne tardèrent pas à nouer un semblant d'entente uniquement liée à l'instinct de préservation, et la certitude que Cora ne s'attaquera pas directement à lui tant qu'il sera à Faesallor. Ryland sait qu'il est un pion, dans un jeu entre des personnes qu'il déteste pour ce qu'elles possèdent plus que pour ce qu'elles sont, mais ça ne l'empêche pas de venir trouver un semblant de réconfort entre les bras de Clarion, au risque de découvrir qu'elle n'est pas aussi terrible que son père l'a toujours présenté, au risque aussi de voir ses espoirs déçus en réalisant que l'esquisse de sentiments à son égard n'est pas forcément réciproque. Ce ne serait après tout pas la première fois : sa dernière épouse en date, Marion, n'a pas manqué de profiter de ce qu'il avait à lui offrir, à savoir de l'argent, et un semblant de statut, sans jamais chercher à obtenir de cet époux quelque chose de mieux, et notamment son amour. Si la jalousie maladive de Ryland à son égard a un temps été injustifiée, la rencontre entre Marion et Robin, et surtout la relation adultère née entre eux, n'a fait qu'exacerber la furie de Ryland envers elle, au point d'envisager de commette l'irréparable. Si l'occasion ne lui a pas été donnée, il n'en reste pas moins que l'affront qui lui a été fait reste encore aujourd'hui marquée au fer rouge, et qu'il attend le moment où il pourra faire payer à Marion son audace.