king peter 'pan' of nemeree

Peter

Pan. Le surnom prêtait à sourire à l’époque, et il est aujourd’hui l’un de ces noms qu’on ose à peine prononcer de crainte d’invoquer son courroux. Avant d’être Pan, il n’y avait que Peter, qui n’a jamais voulu qu’être accepté malgré qu’il soit différent dans un monde ou cette différence particulière, cette particule, est profondément abhorrée. Nemeree est une nation d’hommes forgés dans un même moule et où la différence, considérée comme une faiblesse, plus que de ne pas être acceptée, est pourchassée. Évidemment, le destin a moqué un roi antipathique, un tyran de la pire espèce, en lui donnant un fils magicien. Évidemment l’assassinat de son frère ainé, qui aurait dû être roi après leur père, par des créatures magiques n’a pas aidé. Depuis le début, on a fait comprendre à Pan qu’il était une anomalie, une bête, et plus qu’une horreur, une erreur.  Tout ça parce qu’il a été capable de projeter et attirer vers lui par la pensée. Qu’il a fait le bonheur de ses frères avec quelques tours de passe-passe innocents, mais magique. Entre les murs d’Arynmeren, ses frères et lui ont été traités comme des bêtes, et Pan a écopé d’un traitement particulier d’abord pour sa magie et ensuite pour être le second. L’imperfection après la perfection qu’était son frère ainé et qui n’a pas su résister à l’assaut de créatures lassées d’être opprimées. Pourtant Pan, dont le surnom lui vient de son frère, Hook - et est resté depuis ancré dans les esprits plus que son véritable prénom, était un gosse malicieux, généreux, loyal. Il aurait pu être une personne formidable, certainement même un bon souverain s’il n’avait pas été la première victime d’un père violent, haineux, frustré. Il a tenté de protéger ses frères, ses frères ont tenté de le protéger, mais ils ont tous les trois soufferts atrocement de n’être que des gosses de trop à un père qui n’en voulait qu’un. Un y a laissé une main, qu’on remplacera par un crochet célèbre. L'autre, une jambe, réparée par un tour de magie, mais jamais complètement. En grandissant, Peter a appris à utiliser ses pouvoirs d’abord seul, puis en parvenant à projeter une partie de lui qu'il se croit être son âme à Aerendyl ou Dryandrya, jusqu’à pouvoir voyager complètement et se sortir de sa cage dorée. On croit à Nemeree qu’il est la honte de la famille royale, mais il a compris qu’il était surtout mal né. Que le problème ne venait pas de lui, mais des autres. Que la magie n’était pas une tare, mais une bénédiction. Peter a perdu à la loterie, ou selon comment on se positionne, il a gagné. Son père lui a toujours refusé un trône dont il n’a jamais vraiment voulu, la place étant réservée à un autre, mort depuis des lustres. S’il n’a jamais ambitionné d’être Roi, il a cependant hérité du rôle lorsqu’après un coup de colère, il a arraché à son père sa tête couronnée. Le vieil homme a tenté de lui prendre sa fée, sa Cora, la seule qui ait vu en lui, lui. Depuis, Peter fait passer toutes ses frustrations d’avoir été rejeté toute sa vie sur le peuple de Nemeree et au-delà. Parce qu’il en est des milliers comme lui, il a décrété qu’avec sa montée sur le trône débutait l’ère des magiciens. Le premier roi magique de l’histoire d’Evermore est un tyran, un tourmenté, un dément, un colérique. Si sa femme est capable d’apaiser un rien ses tourments - ou bien serait-elle justement l'instrument de sa démence ? - tous savent qu’il n’y a rien qui puisse se mettre en travers de son chemin et juste comme ça, il est devenu l’homme qu’il a toujours détesté. C'est là la raison qui a poussé les magiciens originaux à l'envoyer le premier dans le monde miroir, tout naturellement par la force.

Pan s’en défendra toujours, mais s’il n’est pas évident qu’ils sont jumeaux, James et lui ont bien des traits en commun. Il ne se trouve personne à Nemeree et par-delà ses frontières qui pourra un jour décrire la relation que les jumeaux du roi entretiennent, mais une chose est certaine : personne ne saura un jour les diviser. Leur loyauté l’un envers l’autre est tout ce qu’ils ont, puisque leur père a déployé des trésors de cruauté pour leur enlever tout le reste, et le lien se propage à leur plus jeune frère, John. Lié par des années de haine, d’abus et de cicatrices dont ressortiront deux autres surnoms, Hook et Silver, qui resteront et marqueront les consciences bien au-delà de leurs prénoms, les frères sont ce qui se fait de plus soudés à Evermore. C’est au moins ce que pense Peter qui, même après ses colères devenues légendaires, sa démence avérée et alimentée par tout ce qu’il a de magie dans les veines, malgré leurs différents et dieu seul sait qu’ils sont nombreux, ne parvient à s’apaiser qu’au contact de ses frères ; mais pas seulement. Il peut également compter sur la loyauté infaillible de Lancelot. S'il est arrivé dans sa vie du jour au lendemain alors qu'ils n'étaient que des gamins et que Pan s'est contenté de la version officielle (recueilli à la mort de ses servants de parents), Lancelot s'est rapidement fait une place de choix dans son entourage. Ensemble, ils rappellent à Pan ce côté espiègle qu'il a fini par perdre, et qui a valu à son lost boy d'ami le surnom de Lancelot du Lac, un épisode qui à ce jour reste l'un des plus drôles de sa vie. Il l'a laissé partir à Frostväll, pour le laisser gouter à un semblant de liberté mais aussi pour, le cas échéant, obtenir des informations qui pourraient lui être utiles sans avoir à s'embarrasser de diplomatie. Cora est un prénom qui résonne en lui, et même si elle n’a pas toujours été Cora, il l’a adorée en Tinkerbell, adorablement surnommée Tink et il a appris à l’aimer grâce à Cora. Au-delà de son rôle de fée protectrice, il aime ses blessures et les cicatrices qui vont avec. Sa passion et toute la haine qu’elle nourrit pour le reste du monde et combien cette haine résonne en lui. Ils se complètent, s’élèvent dans la haine et le chaos, et tout ça n’a débuté que par un gosse et sa fée, tous deux mal en points et dévorés par ce que l’homme est profondément injuste et inculte. Il n’aura suffit que d’elle pour déclencher en lui ce qui devait inévitablement exploser. Son père, n’a jamais rien approuvé pour lui, mais une fée ? Pour son fils ? Alors il a tenté l’impensable en s’attaquant à sa précieuse et il a payé cet énième et dernier assaut de sa tête sur un pique planté sur le balcon de la tour nord d’Arynmeren. Pan peut encaisser bien des choses, mais on ne touche pas à sa fée. De là, il devient un homme profondément mauvais, colérique, et surtout, il en devient roi de Nemeree. Il ordonne qu’on se prosterne devant eux, même à ses frères et qu’on ne regarde pas ni sa femme, ni lui dans les yeux. Ici débute un règne nouveau et un jeu d’alliances qui étendra son règne et ses pouvoirs.  De tous les seigneurs d’Evermore, c’est Clarion qui le surprend le plus en ayant l’audace de se présenter à lui avec un espoir d’ alliance, ou au moins une entente cordiale qu’il lui refuse net. D’abord parce qu’il juge que le sort de ce scandale de reine auto-proclamée devrait appartenir à Cora, qu’Aerendyl ferait une extension formidable à Nemeree plus qu’une alliée, parce qu’il n’aime pas sa gueule et aussi parce qu’il sait quel rôle elle a joué dans sa propre histoire. Les gens parlent et puisque beaucoup tentent de bien se faire voir du roi magique, les confessions fusent et il apprend que Clarion, même si elle ne s’est pas sali les mains, a joué un rôle dans l’assassinat de son frère à l’époque. Et elle n’est qu’une parmi bien d’autres qui viendront poser le genou devant le roi féroce de Nemeree pour s’attirer ses bonnes grâces.

queen cora of nemeree

fay

La vie de Cora, Tinkerbell de son nom de fée, n'aura été qu'une succession de tragédies dont elle aime à croire qu'elles l'ont, sinon définie, au moins amenée à la vie qu'elle mène désormais. Pourtant, rien ne prédestinait Cora à devenir un jour reine, encore moins une reine à l'âme si corrompue que son seul nom suffit à faire trembler bien des habitants d'Evermore. Fée de Faesallor, où elle passe ses premières années, Tinkerbell est tristement faible, incapable d'utiliser convenablement sa magie et encore moins de faire honneur à la poussière qu'elle devrait pourtant maîtriser naturellement. Sa faiblesse, mal vue à Faesallor, en fait la cible privilégiée de bien des camarades, et elle subit des années durant brimades, humiliations et harcèlement de leur part sans jamais pouvoir se défendre. Lorsque sa magie apparaît enfin, nourrie notamment par sa relation avec Pan dont elle est la fée attitrée, Tinkerbell s'y rattache presque désespérément, comme une preuve de sa valeur pourtant acquise par bien d'autres façons. Malgré cela, il suffit d'un piège tendu par d'autres fées pour se retrouver par accident au-delà des frontières de Faesallor, là où la magie n'est plus maîtresse et où les dangers sont constants. Il ne faut qu'un concours de malchance pour se faire capturer par un humain abhorrant la magie, et déterminé à en comprendre le fonctionnement quitte pour cela à user de moyens cruels. Au cours des années qui suivent, prisonnière de son bourreau, Tinkerbell subit des tortures sous bien des formes dans le but d'obtenir sa poussière de fée mais aussi un peu de son essence magique. Sa survie, elle ne la doit qu'à ses ailes de fée, mais aussi à un rare coup de chance d'une porte laissée déverrouillée, et une large dose de détermination à survivre coûte que coûte. Elle rejoint Pan à Nemeree, brisée mentalement et avec une magie qu'elle ne parvient plus à contrôler tant elle prend de la puissance tirée directement de sa douleur. Sa relation avec Pan l'aide à se reconstruire et cela, même si elle est mal vue tant par les fées que par le père de Pan. Le roi de Nemeree et sa haine à l'encontre de la magie, et en particulier des fées qui lui ont pris son fis aîné, le poussent à s'attaquer à elle. Tinkerbell, qui se fait désormais appeler Cora, subit la fureur de l'homme ; il lui brise une aile, où se concentre sa magie, et achève de plonger Cora dans une haine absolue des humains. Si son aile est raccommodée grâce à l'amour de Pan, il est déjà trop tard pour les fragments d'humanité en elle : Tinkerbell disparaît définitivement au profit de Cora. Au bras de Pan, ils vont jusqu'à conquérir Nemeree avant de voir leur influence s'étendre un peu partout à Evermore. Mais Cora est profondément corrompue tant par la haine que par la magie qui s'en abreuve et à mesure qu'elle gagne en puissance, s'arme d'intentions de plus en plus sombres. La disparition de Pan achève d'en faire un monstre de cruauté, de froideur, déterminée à mettre le monde à ses pieds quitte pour cela à tout dévaster sur son passage ne serait-ce que par vengeance pour tout ce qu'elle a subi.


Peter Pan est, et sera toujours, son grand amour. Mais il est aussi à bien des égards ce qu'il y a de pire pour elle tant leur histoire se ressemble, et tant ils se nourrissent de leurs douleurs respectives pour alimenter leur puissance, si bien qu'ensemble, ils sont aussi forts qu'ils ne sont cruels. Dans des circonstances différentes, et s'ils ne s'étaient pas à ce point aimés, sans doute qu'ils auraient tiré l'autre vers le haut, mais ils ont préféré embrasser le chemin de la destruction, en rétribution à tout ce qu'ils ont subi toute leur vie. Souverains les plus craints de tout Evermore, Pan et Cora sèment le chaos sur leur passage, au rythme des vies qu'ils prennent dans leur quête de pouvoir pour l'un, de vengeance pour l'autre. Cora le sait, Pan a toujours été sa faiblesse et dans une vie où elle ne peut pas se permettre d'en avoir, il l'est encore à ce jour. Prête à absolument tout pour lui, y compris le pire, il est aussi le seul qui pourrait la briser véritablement s'il l'abandonnait. Profondément jalouse, parce qu'effrayée à l'idée qu'il la laisse, ou qu'il trouve mieux, Cora cache cette jalousie au plus profond d'elle-même lorsqu'elle lui fait face, mais la déverse avec violence sur toutes les femmes qui ont le malheur de croiser le chemin de l'homme qu'elle aime. La disparition brutale de Pan a achevé de la transformer en une Reine tyrannique, sans le moindre scrupule, prête à tout pour le retrouver quitte pour cela à verser des litres de sang. Si elle est capable de garder encore un semblant de contrôle lorsqu'elle avec lui, sans lui elle devient parfaitement incontrôlable et sanguinaire. Animée par un profond désir de vengeance envers ceux qui s'en sont pris à elle, il n'est d'ennemis plus grands que ceux qui lui rappellent l'époque où elle n'était qu'une fée sans magie, livrée à elle-même et torturée. La Reine Clarion figure au sommet de sa hit list, et Cora la juge responsable de tout ce qu'elle est devenue. Et s'il s'agit à ses yeux d'un mal pour un bien, Clarion n'en reste pas moins sa plus grande douleur, principalement parce que celle-ci aurait du la protéger des autres toutes ces années d'humiliation. Si celle que l'on surnomme la Fée Bleue regrette la direction que leurs chemins ont pris, désormais opposés l'un à l'autre, elle n'en reste pas moins la Reine des Fées et prête à défendre Faesallor face à ce couple royal déterminé à faire tomber la Seelie court quitte pour cela à annihiler tout Aerendyl. En deuxième position de sa liste, et donc le suivant dans sa quête de vengeance, se trouve Ryland. S'il n'est pas directement responsable des tortures qu'elle a subies de la main de son père, il n'en reste pas moins un coupable tout désigné sur lequel déverser toute sa haine des humains, ne serait-ce que parce qu'il n'a jamais rien fait pour la sauver excepté de lui permettre de s'enfuir – par accident. Ryland ignore qu'il est l'une de ses cibles jusqu'à être sauvé par Clarion, mais Cora voit l'opportunité où elle se trouve : s'ils sont au même endroit, elle ne pourra que plus facilement atteindre son but et les faire souffrir d'une lente agonie en guise de rétribution pour tout ce qu'ils ont fait – ou laissé faire.

Prince James of Nemeree

dustin

On a depuis longtemps oublié sa place dans l’ordre de succession et il est pourtant, à quelques secondes près, celui qui aurait pu devenir roi. Il est en tout cas celui que le coeur de Nemeree aurait choisi s’il avait été un jour question d’un vote populaire plus que d’un ordre de succession. Troisième fils du roi, mais second à pouvoir prétendre au trône, James n’a pourtant jamais ambitionné d’y accéder ; c’est même tout l’inverse. Ce siège était réservé à leur véritable frère ainé, le joyaux d’ Oceria, dont l’assassinat a été revendiqué par des créatures magiques et provoquera bien des émules tant au sein du royaume, plus que jamais révolté contre les magiciens, qu’au sein de la famille qui ne se remettra jamais vraiment de l’outrage. Leur père n’aura de cesse de chercher un coupable et faute d’une exécution, ou au moins d’un nom, finira par passer toute sa colère sur ses autres enfants qu’il jugera indignes de lui, de Nemeree, et de son trône. S’il est peu de choses sur lesquelles le peuple d’ Evermore puisse s’accorder, ils sont pourtant tous unanimes quant au fait que Peter, son frère jumeau, James, et plus tard, John, sont les enfants d’un monstre. Si James subit les violences répétées de son père, il n’est rien de comparable à ce que Peter, né avec des capacités magiques, va endurer, et s’ils tenteront de faire front tous les trois avec John, certaines plaies infligées par leur père ne cicatriseront jamais. Sa vie prendra un tournant inattendu lorsqu’un soir, son père va trop loin et lui coupe la main, puis le largue sur les pavés de Caverly Cove. Un gosse à la merci des pirates. Ceux-là même qui lui apprendront tout, notamment la passion de l’horizon, l’amour de la navigation et lui donneront une identité, étroitement liée à son crochet. Il s’enrôle dans la marine royale de Nemeree, l’unique décision que son père ne viendra pas à contester et y fait ses armes jusqu’à obtenir le rang de capitaine et des honneurs dont il ne veut pas. James, ou plutôt Crochet, est un pirate, pas un marin. C’est un capitaine, plus un prince. Il provoque le mélange des genres et l’indignation totale en installant son quartier général à Caverly Cove et le Jolly Roger, son vaisseau sur ses quais. À cette époque, il n’est rien qu’il puisse craindre, à part peut-être l’ombre de son père qui plane toujours au-dessus de lui, mais il assiste à l’assassinat de ce dernier par son frère et à la montée controversée sur le trône du Roi Pan, premier souverain magique de l’histoire d’ Evermore. Être le frère jumeaux de Pan n’a jamais impliqué qu’il vivait dans son ombre. Il est plutôt une main armée, un semblant de conscience que Pan gardera auprès de lui envers et contre tout, au travers des années, quand bien même leurs opinions viendront souvent à se percuter violemment.


Pan n’était à l’origine qu’un surnom entre deux gamins, puis il s’est répandu dans tout Nemeree a tel point que l’on a oublié qu’il y avait Peter avant Pan. C’est là l’oeuvre de James, qui lui écopera de son surnom de Hook beaucoup plus tard et pour des raisons beaucoup plus lugubres. Depuis toujours, leur relation en est une de loyauté féroce et il ne se trouve personne à Nemeree, Evermore ou au-delà, qui puisse s’immiscer entre eux. D’abord parce qu’ils sont jumeaux et ce lien est, comme on le dit, indéfectible. Ils se ressemblent à peine, ont un air et quelques traits communs, mais ne se ressemblent pas beaucoup plus que s’ils avaient été frères et non jumeaux. La grande différence se trouve dans le fait que Peter est né doué de magie. Qu’il a passé son enfance à traverser les murs, faire disparaitre les objets pour amuser la galerie et James a été le premier, le plus enthousiaste et l’un de ses rares spectateurs au sein d’un royaume où le jugement sur la magie est le plus impitoyable.  Ils endureront ensemble la perte de leur ainé et toutes les conséquences qui s’appliqueront à cet assassinat, mais aussi les grandes conséquences d’être, pour l’un : un magicien, et pour l’autre, d’avoir un frère magicien à protéger coûte que coûte, même contre la hargne de leur propre père. James s’est toujours senti responsable de Pan, ou au moins de sa sécurité, simplement parce qu’il est né avec ce fardeau qui n’en est pas tout à fait un, alors qu’ils auraient pu le porter à deux. James se sent épargné, et sent surtout l’ombre de son frère se perdre dans sa fascination de ses propres capacités. Il est celui qui a toujours eu, et gardera pour toujours la tête sur les épaules pour eux d’eux puisqu’il s’imagine qu’il est simple pour Peter de se perdre entre tant les attaques répétées de leur père intolérant, que dans cette magie grondante, grandissante, facile. Et en plus de Peter, il est aussi responsable de John,  leur petit frère, lui aussi le martyr favori d’un père dont la rage restera insatiable jusqu’à sa mort. Un acte de vengeance gratuite, méritée, de la part de Pan qui prendra de force un trône qui ne lui était pas destiné, à lui, le magicien.  Le Roi Pan fera de ses deux frères son conseil rapproché, quand bien même ce même conseil se gardera bien de lui faire savoir que son règne en est un de démence totale. Pourtant ils ont été confrontés au même père et si Peter a des circonstances atténuantes qu’ils ne peuvent que prendre en compte, Hook et Silver savent pertinemment que ce qui fait perdre les pédales à Peter et qu’ils ne peuvent pas comprendre, c’est sa magie, et toute la rage, la frustration qui l’habite d’avoir été la proie, le paria dans son propre géniteur, et pas uniquement. Pour toujours loyal à son frère et à la famille royale, le seigneur des pirates Hook fait malgré tout une entorse à son propre règlement lorsqu’il provoque sa rencontre avec Wendy, princesse en fuite d’Erendieren. D’abord destinée à être livrée à Pan, en pleine tentative d’alliance avec Nighon, royaume ennemi à Erendieren, Hook s’éprend d’elle et elle, de lui. Ils vivent leur aventure loin de tout, à tel point que Hook se garde bien de la livrer à son propre frère,  préfère vivre cet amour égoïstement, quitte à mettre en péril sa relation avec Pan, sa place à Nemeree, et tout ce qu’il a construit et gagné à Caverly Cove. Tous ces dangers, tout ça pour qu’elle lui tourne le dos à l’annonce de la prise d’Erendieren par Nemeree et Nighon, ça bien malgré qu’il n’ait joué aucun rôle dans cette bataille.

Prince John of Nemeree

Luke

John, dans un monde libre et en dehors du cadre royal trop strict dans lequel il est né, serait un homme parfaitement normal. Aux ambitions raisonnables, aux passions communes, aux plaisirs simples. Il ferait un époux bienveillant, quoi qu’un rien protecteur, un ami loyal et surtout, un écrivain remarquable. Mais puisqu’il est de sang royal et pas un roturier, John est différent de ce qu'il aurait pu et dû être. Il l’est au moins dans sa famille, qu’il perçoit comme un rassemblement brouillon d’âmes brisées, furieuses et revanchardes. Lui, la petite pièce rapportée du lot, est une force calme. John ne frappe pas du poing sur la table, ne haussera pas le ton et ne donnera son opinion que s’il est ouvertement sollicité. Plus érudit des trois, il passe son temps dans les livres et trouve un refuge inespéré tant dans la bibliothèque d’Arynmeren, son antre où personne ne viendra jamais le trouver,  que plus tard à Dryandrya où il entamera de longues études. Parce qu’il est né après la mort de celui qui aurait dû être son frère et donc l’héritier, John n’a jamais connu ses frères et ses parents que comme ils sont devenus après. Leur père, devenu véritable monstre de ressentiment et de colère, et pas franchement un homme de bonne composition à l’origine, se montre violent envers ses enfants faute d’un coupable à exécuter pour la mort de son héritier légitime. Tous trois marqués à vie par les violences de ce père à jamais insatiable dans son besoin de revanche, John s’est toujours planqué derrière ses frères. Une seule fois, il a tenté d’inverser les rôles. Une unique fois, il a voulu se dresser devant son père, le roi-hydre et se donner en offrande à ses violences sous prétexte d’être davantage capable de supporter les sévices lui-même plutôt que de regarder ses frères prendre une énième fois. C’est ce jour qu’un coup d’épée mal négocié lui a couté une partie de sa jambe et lui donnera le surnom de Silver, en raison de sa fausse jambe en argent - d'abord en argent véritable, puis magique.  S’il n’est personne qu’il déteste plus que son père depuis, il partage pourtant bien plus avec lui que n’importe quel autre de ses frères, quand bien même il refusera toujours obstinément de l’admettre. John est, lui aussi, habité par une colère profonde. Parce qu’il ne dit rien et garde tout pour lui, à l’inverse de Pan qui hurle, ou de Hook qui sait relativiser et cherche à apaiser, John est de ces silencieux passifs, sages, qui lorsqu’ils explosent, dévastent tout sur leur passage. Ses études de l’histoire d’Evermore lui apprendra qu’à l’origine de tout se trouvait la magie et au fil du temps, les arguments qu’avaient son père deviendront plutôt judicieux, les comportements justifiables. Il développe une forme d’amertume envers le peuple magique et s’il ne fait rien de cette aversion ô combien grandissante par amour fraternel pour Pan, ce frère qui s’est toujours employé à le défendre, parfois bien au-delà de sa propre sécurité, John n’aime pas la magie. Les magiques ont emporté leur frère ainé, la magie de Pan le ronge plus qu’il ne daignera jamais l’admettre et, par-dessus le marché, gangrène davantage Evermore. John refuse de vivre dans un monde où la magie gouverne, quand bien même c’est là toute l’ambition de Pan, qui deviendra roi en exécutant une revanche tant espérée et hautement méritée auprès de leur père.  En tant que conseiller du roi, il participe à cette révolution magique sur les terres d’ Evermore la boule au ventre et voit la magie, mais surtout la démence de son frère et de son cortège d’opprimés magiques, se répandre dans tous les royaumes,. Le couronnement de Pan confirmera son sentiment que la magie n’a rien de bon et il n’y verra que du mal, tant pour son frère pour qui il se soucie que pour le peuple. Seule lumière au tableau, la montée sur le trône de son frère lui permettra de gagner l’union d’amour qu’il espérait tant avec Lily, maintes fois refusée par son défunt père soucieux de le marier pour le pouvoir.


Souvent relégué sur l’étagère des bibelots royaux, John s’est habitué à n’être que le frère de, le fils de, ou seulement le petit garçon silencieux sur lequel on se retourne uniquement parce qu’il porte une couronne. Pas invisible puisque royal, mais malgré tout à peine perceptible lorsqu’il se tient aux côtés de ses frères, John s’est malgré tout toujours plu à se planquer derrière Pan et Hook. D’abord pour son tempérament pacifiste, impassible, mais aussi parce qu’avec ses silences et sa crainte viscérale du conflit, John n’a pas brillé au cours des grandes crises dont ils ont été les victimes de la part du roi de Nemeree. Sa place de dernier a toujours poussé Pan et Hook à se dresser devant et à prendre pour lui, quand bien même ça ne lui a pas souvent épargné le courroux de son père. Heureusement, au-delà de ses frères pour qui il éprouvera pour toujours un amour et un respect inconditionnel, quand bien même leurs avis peuvent souvent drastiquement différer, John a su s’entourer, et bien. Aureen aura inspiré son coeur alors qu’ils n’étaient qu’enfants et s’il aurait volontiers accepté de se plier à un mariage de convenance avec la princesse d’Erendieren, il n’a jamais rien dit du petit émoi fugace qu’il l’a animé à chaque fois qu’ils se sont retrouvés. Un début d’amour transformé en une profonde amitié qui, plus tard, retrouvera le goût du jour lorsque Erendieren tombera sous la folie de son frère et ses alliances hasardeuses avec les royaumes magiques. Aureen est certainement la seule magicienne pour qui John n’éprouve pas une certaine forme d’animosité et c’est uniquement parce qu’il sait qu’elle n’oeuvre que pour le bien. Il lui offrira une cachette, un refuge, loin de la folie des hommes et des magiciens et c’est certainement là l’un des rares secrets qu’il gardera et nourrira patiemment dans le dos du Roi Pan. Si Aureen est ce qui aurait pu être, il n’est rien de comparable à ce qu’il ressent pour  Sahali, ou plutôt Lily. Mais Lily n’est rien, sinon une fille de rien rencontrée dans les rues de Dryandrya. Il flânait entre les échoppes, un livre à la main, lorsqu’ils se sont percutés et le reste se compose d’histoires, de rires, d’instants volés, pour ce que Sahali n’est rien de plus qu’une esclave à la solde d’un riche seigneur et érudit de Dryandrya. Fou d’amour, John demande sa main d’abord à Lily, puis à son père une bénédiction qu’il sait pertinemment qu’il n’obtiendra jamais ; le bougre n’a après tout jamais rien donné à part des blessures. On lui refuse son union d’amour, sous prétexte qu’il n’y a, dans leur monde de souverains, que les circonstances, le pouvoir, la stratégie. Que l’amour est une fable. Après bien des tumultes, des crises et davantage de coups d’éclats, John profite de la mort de son père et de la monté de son frère sur le trône pour quémander son union que Peter lui autorise, non sans lui préciser la mauvaise impression que sa future épouse lui fait et lui refuser un titre royal officiel. Au cours des négociations avec Nighon, il se lie d’amitié avec Aladdin. Les intérêts de leurs royaumes s’alignent et surtout il trouve en lui à la fois un confident et un allié. Tout comme Pan, Aladdin est un magicien  et même si ses capacités sont beaucoup moins développées que celle de son frère - et surtout pas du même domaine, John voit en lui un moyen d’en apprendre toujours plus à propos de la discipline et surtout un moyen de pouvoir, si pas le contrôler, au moins trouver une faille dont il pourrait se servir si les choses allaient trop loin avec Peter, ou au moins dans le sens qui ne lui convient pas.  Ce dont il ne se doute pas, c’est que Lily n’est qu’un pion dans le jeu du Prince bâtard de Nighon. Qu’elle est une fille qu’il a engagée puis manipulée. Qu’elle s’est laissée prendre au jeu et que son amour, même si aujourd’hui véritable, est d’abord une vaste fumisterie. Aladdin ne lui veut pas du bien, c’est même tout l’inverse. Même si Nighon est un partenaire de Nemeree, l’on apprendra de cette histoire qu’il faut toujours se méfier des complots fomentés par les fils déchus et brisés.

lady sahali of nemeree

aaya

Sahali, déteste son prénom et parviendra à convaincre de simplement l’appeler Lily. Née puis élevée à Nighon d’une famille pauvre, Lily est une débrouillarde, une fouine, une fraudeuse dans son essence. Fille d’un soldat de la garde mort dans les conflits et qu’elle n’a donc pas connu - mais dont elle sait qu’il était une figure emblématique, et d’une mère à qui on ne laissera rien et qui se laissera consumer par le chagrin au point de négliger ses deux filles, Lily doit apprendre à se débrouiller alors qu’elle n’est qu’une enfant. Lassée des grands discours nostalgiques de ceux qui se considèrent comme des amis de feu son père, alors qu’aucun d’eux n’a jamais daigné venir en aide à sa famille, Lily jure qu’elle sortira du caniveau, quitte à employer des moyens drastiques, et qu’elle se construira la vie dorée qu’elle mérite d’elle-même, sans l’aide de personne si ce n’est celle de sa soeur ainée, Jasmine, aussi déterminée qu’elle a goûter à mieux que la crasse de Ravafina. Lily est une opportuniste de classe mondiale, une telle manipulatrice qu’elle parvient à se hisser dans les hautes sphères tout en gardant un pied dans les combines de rues, puisque ça sert toujours. C’est d’abord une histoire de talent qu’on ne soupçonne pas, mais c’est aussi une histoire de physique. Lily est délicieuse sous tous les angles, et elle est prête à donner si ça signifie recevoir autant, quitte à flirter régulièrement avec les règles de la prostitution qui n’a rien de tabou à Evermore. C’est ainsi qu’elle devient une conquête régulière de quelques militaires et qu’elle parvient à mettre la main sur le bâtard du souverain de Nighon, Aladdin, qui fait d’elle une alliée et un pion dans une très vaste entreprise. Pour lui, mais aussi pour sa soeur de qui Aladdin s’amourache, mais surtout pour s’assurer un futur glorieux, elle accepte de participer à quelques missions à travers Evermore, jusqu’à tenter le plus jeune prince de Nemeree. Aujourd’hui son épouse, Lily jouit du confort d’un rôle de Lady, quand bien même elle détonne, se tortille en permanence dans ce carcan trop étroit et en demande toujours plus malgré qu’elle ait déjà tout : un homme qu’elle aime et qui l’aime en retour, et qui a tout mis en oeuvre pour en faire sa femme, cela même s’il ne se doute pas que leur amour, pourtant désormais véritable, repose sur un mensonge, un jeu de sentiments et un rôle qu’elle a joué afin de satisfaire un autre prince supposé être un allié. Partagée entre un rêve enfin concrétisé, l’homme qu’elle aime et la menace qui plane en permanence autour d’eux si son secret venait à être révélé, Lily ne parvient à savourer qu’à moitié ce petit confort de vie qu’elle a pourtant ardemment désiré.


Bien qu’elle soit la plus jeune, Lily est celle qui protège et entraine Jasmine dans ses combines. Pas qu’elle ait eu besoin de beaucoup insister, Jasmine et elle étant du même acabit, mais Lily possède un bagou, une audace et une force de persuasion que Jasmine, d’un charme plus sensible, ne possède pas. Sa soeur est son monde et la réciproque est absolument valable. Elles forment une paire de choc et de charme que personne ne devrait jamais sous-estimer et c’est pourtant systématiquement le cas ; c’est là l’angle qu’elles utilisent. On ne voit en elles que leurs physiques, et évidemment elles sont belles à pleurer, chacune avec un charme différent, et qui pourrait se douter qu’elles sont aussi brillantes que belles ? Pourtant Jasmine, même si elle veut autant que sa soeur, n’est pas prête à tout et certainement pas à sacrifier son amour-propre, son corps, sur l’autel du pouvoir ; ce pourquoi Lily commence ses affaires de son côté. Elle rencontre Aladdin grâce à sa toile finement tissée de relations et de cette rencontre débute une alliance particulière puisqu’elle accepte de jouer de ses charmes et talents pour lui afin de collecter d’abord des informations, puis des objets, jusqu’au coeur d’un prince. Aladdin l’a met sur le chemin du prince John de Nemeree, dont elle a pour mission de, non pas dépouiller de sa fortune, mais de s’immiscer dans sa vie, ses pensées et à terme, son coeur. Elle fait la connaissance d’une prince humble, cultivé et lui offre le portrait d’une jeune femme toute aussi cultivée, intéressée par l’homme plutôt que par son rang. Après des mois d’idylles, le naïf prince John lui demande sa main,et elle manque de la lui refuser en réalisant qu’elle est, à son tour, éprise de lui et que leur amour naissant repose sur un socle de mensonges. Qu’il en aime une autre qu’elle aimerait être plus que tout être, mais n’est pas. Pour la première fois, elle regrette et somme John, lorsque sa tentative de tenir tête à son père quant à cette union entre une roturière et un prince échoue, d’arrêter les frais. Aladdin se rappelle à elle en lui précisant que sa mission n’a pas été accomplie et qu’elle doit l’épouser pour s’immiscer plus profondément dans les affaires de Nemeree, pourtant alliée à Nighon. Que les enjeux sont trop importants et qu’il n’hésitera pas tant à révéler à son prince ses vraies motivations, qu’à s’en prendre à sa soeur qu’il a pourtant épousé à son tour - tous les coups sont permis, et tant qu’ils en sont aux manipulations… Elle profite d’un coup du destin et de l’ascension du Roi Pan, qui accepte le mariage de son frère, pour devenir Lady à Nemeree. Elle sait que Pan ne l’aime pas, ou tout du moins qu’il ne lui fait pas confiance - et il a raison ; et c’est bien pour ça qu’elle n’hérite pas d’un titre de princesse. Même une fois mariée, Lily doit naviguer entre sa relation, pour toujours sous une épée de Damoclès, son pacte avec Aladdin, ce qu’elle croit désirer, désirait, et est capable d’obtenir.