Depuis son évasion de l’orphelinat, Indira tentait de vivre une vie ordinaire. Si elle se servait de sa magie de temps en temps, elle faisait surtout en sorte de ne pas faire de vague. La dernière chose dont elle avait besoin était d’attirer l’attention, de se faire repérer. Si elle avait eu vent de la chute de l’établissement de l’établissement de Miss Peregrine, Indira savait pertinemment que cette dernière n’était pas du genre à laisser ce qu’elle considérait comme sa collection privée lui filer entre les doigts de la sorte. Par conséquent, nombre de ses hommes devaient être à la recherche de tous les évadés en ce moment même et Indira devait faire preuve de prudence pour rester en dehors de leur radar. C’est ce qu’elle tentait de faire depuis qu’elle avait quitté Nighon pour Aerendyl, vivant dans un petit hameau en lisière de la forêt. Un véritable trou perdu, mais un trou dans lequel elle était en sécurité. Elle aidait certains des fermiers du coin en l’échange d’un toit et d’un petit salaire et aujourd’hui on l’avait mandaté pour aller acheter des piquets et du fil de fer afin de créer un nouvel enclos pour un des poulaillers. Du matériel qu’elle devait aller chercher à Avlee, la capitale d’Aerendyl où elle évitait de trop mettre les pieds par peur de croiser une tête connue. C’est encapuchonnée d’une large cape grise qu’elle alla en ville. De toutes les capitales qu’Indira avait eu la chance de visiter, Avlee était de loins la moins développé, de par l’aspect de sa création notamment. Là où la modernité de certaines des capitales d’Evermore était certain, Avlee n’était rien de plus qu’un assemblement de petits hameaux. Alors qu’elle se faufilait entre les étales, à la recherche d’un marchand qui disposait des matériaux dont elle avait besoin, Indira sentit comme une ombre derrière. Il n’en fallait pas plus pour que sa paranoïa de fugitive soit mise en alerte, persuadée d’être suivi par un des émissaires des Miss Peregrine, elle accéléra le pas, slalomant entre les rues, tentant de perdre sa filature. Elle parvint toutefois à se glisser dans la pénombre qu’offrait l’un des recoins d’un bâtiment. Se saisissant des deux mains d’un balais qui traînait là, elle attendit que l’homme qui la traquait fasse son apparition pour le frapper de toutes ses forces au niveau des tibias et ainsi, le faire tomber à la renverse. Manche du balais faisant désormais pression sous le menton de l’homme à terre, Indira était prête à canaliser le feu d’une bougie à quelques mètres d’elle pour réduire en cendres l’émissaire de Miss Peregrine lorsqu’elle prit finalement conscience de son identité, Jacob. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-elle agressivement alors qu’elle relâchait finalement l’emprise que le manche de balais avait sur lui. De tous les enfants de Peregrine, s’il y en avait bien un en qui elle savait qu’elle pouvait avoir confiance, c’était bien lui. Il l’avait aidé à s’échapper quelques années plus tôt, il n’y avait donc aucune raison qu’il soit venu ici pour la ramener de force à l’orphelinat. La main qui était prête à le brûler vif quelques secondes plus tôt se transforma en une main amicale qu’elle lui tendit pour l’aider à se relever. « Personne ne t’a suivi ? » demanda-t-elle, inquiète alors qu'elle jetait de nouveaux regards autour d'eux. Le temps de la chaleur des retrouvailles pouvait bien attendre, pour l’instant seule sa sécurité importait à Indira. Voir des années de discrétion réduites en cendres par la maladresse de son ami était le dernier de ses souhaits. « Tu sais qu’on est d’autant plus morts si elle nous retrouve ensemble, pas vrai ? » Et par elle, elle n’entendait pas Miss Peregrine mais plutôt Emma. Emma qui la détestait plus que tout et que Jacob avait fait chanter pour laisser l’évasion d’Indira se faire sans encombre.