« Ray, pas bouger ! » Le boxer s’arrête instantanément sous les protestations de sa nièce, Ella, en pleine bagarre avec l’animal. « Mais laisse-nous jouer Caaaaass’, » qu’elle chouine déjà. Ses lèvres s’étirent en un sourire malin tandis que la gamine s’apprête visiblement à s’en prendre à lui physiquement, sûre d’elle et de son mètre trente-deux. Ella fait l’erreur de se détourner de la bête pour fixer son oncle de ses yeux boudeurs, qui n’en attend pas plus pour siffler. Ray, immédiatement, saute sur la gamine, joie et surexcitation mêlées ensemble pour que les nouvelles protestations se perdent dans les éclats de rire. Ces derniers le suivent jusque dans son bureau. Surplombant la salle de boxe, un coup d’œil vers la large vitre face à son siège lui permet de voir absolument tout ce qui s’y passe, de la porte d’entrée au ring trônant fièrement au centre de la zone d’entrainement. Pourtant, l’arrivée de Lily lui a échappé sans qu’il ne sache comment : c’est en tout cas la question qu’il se pose quand il voit sa femme assise sur son siège. Rien qui le fasse tiquer puisque sa présence, même non attendue, l’apaise autant qu’elle le transforme en formidable boule d’affection. « Salut boss, » qu’il lance, sourire canaille en coin tandis qu’il prend la place du visiteur. « J’voulais vous réitérer ma grande motivation en ce qui concerne cette promotion canapé que vous m’avez proposée. » Confortablement installé dans son fauteuil, Cassidy sort un paquet de clopes de sa poche pour s’en griller une. Le cendrier sur son bureau est définitivement trop rempli : fort heureusement, il sait que Lily ne lui fera aucune remarque, tout comme elle ne lui fera pas non plus le plaisir de le vider pour lui. Pas sa mère, et contrairement à beaucoup, il n’a jamais eu besoin qu’une femme le lui dise. La notion de « mère », si elle était déjà abstraite pour John, l’est d’autant plus pour Cassidy… Qui, selon lui, en a une pour chaque monde. Quant à leur rôle, il est certain qu’il n’a pas été décisif : l’autorité n’a jamais trouvé son bonheur avec lui, ses figures encore moins, sauf lorsqu’il s’agit de l’incarner à son tour. Pas avec Lily. Jamais. Plus que son égale, elle est sa putain d’âme sœur et à ce titre, il est bien incapable de lui imposer quoi que ce soit. Tout comme lui est bien incapable de se laisser imposer quoi que ce soit. Il sait toutefois que sa femme ne lui a pas fait l’honneur de le prévenir de sa venue, et s’il est plus que ravi de la voir devant lui, il n’empêche qu’il se demande ce qu’elle fout là. « T’avais pas rendez-vous avec Parker pour sa lambo ? » Ou autre, il ne sait plus : les voitures, pas son domaine, et il le laisse volontiers à Lily et sa bande de mécaniciennes. Bref, ça pourrait être pour une polo que ça ne changerait pas grand-chose. « Je sais plus, » qu’il continue en se relevant, clope au bec, pour faire signe à Lily de libérer son siège. A peine s’installe-t-il dessus qu’il attrape sa femme par la taille pour l’asseoir sur ses genoux et profiter de la sublime vue que lui offre son décolleté. Un sourcil se hausse alors qu’il s’emploie à l’observation minutieuse de sa poitrine. « Mais. Ils auraient pas un peu grossi ? » Personne, personne ne peut tester Cassidy Valentyne sur l’anatomie de sa femme – peut-être la connait-il mieux qu’elle pour l’avoir parcourue en long, en large et en travers. Ses genoux se haussent et se rabaissent, la soupèsent sans qu’il ne prenne la peine de s’en cacher : « J’dirai même que t’as grossi tout court en fait. T’es plus lourde. » Toujours parfaite, toujours sublime, mais un peu plus lourde. Pas de quoi le déranger lui, qui a toujours préféré les formes, et surtout les siennes. Mais Cassidy ne veut surtout pas se risquer à ce qu’elle le prenne mal, quand bien même le sourire canaille soit toujours là. « Pas beaucoup, et de toute façon tu es parfaite. Tant que tu prends des seins et du cul tout va bien. » Cass' rit tout seul avant de s’étouffer dans sa propre fumée – bien fait. Ses bras entourent la taille de Lily en même temps que ses lèvres trouvent les siennes. « Cette promotion canapé, donc ? » C’est le moment que choisit Ella pour faire irruption dans son bureau, Ray courant comme un forcené derrière elle. « LILYYYY !! » Grosse tarée cette gosse. La voilà qui saute sur elle, et donc sur lui. « Eh ! J’suis pas une mule, ‘tain. Vous descendez, toutes les deux. » Pas de jalouse. « Combien de fois j’t’ai dit de pas gueuler dans ma salle, et encore moins dans mon bureau ? » Merci la crédibilité derrière – quoiqu’il s’en fout : on connait trop Cassidy Valentyne pour savoir que malgré ses airs, mieux vaut ne pas se foutre de lui. Toujours est-il qu’Ella l’a coupé dans un élan interdit aux moins de dix-huit ans. Soupir alors qu’il retrouve enfin l’usage de ses deux jambes. « Il est quatre heures, j’veux mon goûter ! » Ella ne sait pas demander. Comme lui, elle exige, et il ne compte plus le nombre de fois où l’on a regretté qu’elle lui ressemble autant. Lui devine qu’elle sait très bien où son foutu goûter se trouve et que ce qu’elle veut, en réalité, c'est être avec eux. « Tu l’mérites au moins ? J’t’ai plus vue jouer avec Ray que t’entrainer. »

@lily valentyne